Israël en guerre - Jour 339

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Les Israéliens se rendent au Caire malgré les désaccords sur le corridor Philadelphi

Les pourparlers menacés par l'insistance du maintien de Tsahal le long de la frontière entre l'Égypte et Gaza, où selon le cabinet de Netanyahu, Israël n’envisage pas le déploiement d’une force internationale

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le chef du Mossad, David Barnea, lors d'un toast du Nouvel An, au siège de l’agence de renseignement, le 14 septembre 2023. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) et le chef du Mossad, David Barnea, lors d'un toast du Nouvel An, au siège de l’agence de renseignement, le 14 septembre 2023. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

L’équipe de négociation d’Israël s’est envolée pour Le Caire jeudi pour des discussions sur un accord de « trêve contre libération d’otages », a déclaré un responsable israélien au Times of Israel, alors que les chances d’une percée immédiate semblaient de plus en plus minces.

L’équipe est conduite par le chef de l’agence de renseignement du Mossad, David Barnea, et comprend le général de division Eliezer Toledano, chef du Directorat de la Stratégie et du Troisième Cercle de l’état-major de l’armée israélienne.

Le chef de la CIA, William Burns, principal négociateur américain sur la question des otages, dirige l’équipe américaine, selon un reportage de CNN.

Les pourparlers du Caire se sont déroulés dans un contexte où l’on s’attend de moins en moins à ce que des progrès significatifs soient réalisés dans un avenir proche en vue d’un accord qui verrait la libération des otages israéliens enlevés et détenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas en échange d’une pause prolongée dans les combats à Gaza et de la libération de nombreux prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité pour avoir assassiné des Israéliens.

L’un des principaux points d’achoppement des pourparlers est la question de savoir si l’armée israélienne continuera à contrôler la zone frontalière entre la bande de Gaza et l’Égypte en cas de conclusion d’un accord. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu insiste sur le fait qu’une présence israélienne dans le corridor dit de « Philadelphi » est essentielle pour empêcher le Hamas de se réarmer, tandis que le groupe terroriste palestinien affirme que les troupes israéliennes doivent se retirer intégralement.

Les désaccords sur la future présence militaire d’Israël à Gaza et sur la libération des prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël font obstacle à l’accord de « trêve contre otages », ont déclaré à Reuters dix sources au fait du cycle de pourparlers sous médiation américaine qui s’est achevé la semaine dernière.

Des soldats égyptiens patrouillant sur une route parallèle au corridor Philadelphie, une zone tampon qui sépare l’Égypte d’Israël et de la bande de Gaza palestinienne, le 19 mars 2007. (Crédit : Cris Bouroncle/AFP)

Toutes les sources ont indiqué que le Hamas était particulièrement réticent à la dernière demande de maintien des troupes déployées le long du corridor de Netzarim, une bande est-ouest qu’Israël a dégagée au cours de la guerre actuelle et qui empêche les Palestiniens de circuler librement entre le nord et le sud de la bande de Gaza, ainsi que dans l’étroite bande frontalière entre la bande de Gaza et l’Égypte.

Le Hamas considère qu’Israël a modifié ses conditions et ses paramètres « à la dernière minute », et estime que toute concession qu’il ferait ne se traduise par de nouvelles exigences, a déclaré à Reuters l’une des sources proches des pourparlers.

Selon la Douzième chaîne, Netanyahu a envoyé aux négociateurs israéliens au Caire des cartes actualisées montrant un déploiement réduit de Tsahal le long du corridor Philadelphi.

La question est maintenant de savoir si la dernière position de Netanyahu sera suffisante pour que l’Égypte fasse pression sur le Hamas pour qu’il accepte de conclure un accord, selon le reportage. S’il y a une possibilité de percée, une réunion de suivi pourrait avoir lieu dimanche.

Les familles des soldates de surveillance israéliens qui ont été enlevées par des terroristes du Hamas de la base de Nahal Oz le 7 octobre et leurs partisans manifestant pour un accord de « trêve contre otages », devant le ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 21 août 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Dans un autre reportage, la Douzième chaîne a cité des sources égyptiennes selon lesquelles le Hamas est prêt à envisager un arrangement en vertu duquel des forces internationales seraient déployées à la fois dans le corridor Philadelphi et dans le corridor Netzarim, qui sépare le sud de la bande de Gaza du nord.

L’Égypte est prête à prendre davantage de mesures de sécurité dans le corridor Philadelphi, mais rejette la présence de troupes israéliennes à cet endroit, ont déclaré à Reuters des sources de sécurité égyptiennes.

Selon le journal qatari Al-Araby Al-Jadeed, la délégation israélienne s’est rendue au Caire avec une nouvelle proposition qui prévoit le déploiement permanent d’une mission de surveillance des Nations unies à un certain nombre de points fixes le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte. Selon ce plan, l’Union européenne (UE) disposerait d’une mission au poste-frontière de Rafah, ainsi que l’Autorité palestinienne (AP). Les troupes de Tsahal se retireraient progressivement de la frontière, selon l’article.

Le bureau du Premier ministre a publié un communiqué jeudi pour démentir ces informations selon lesquelles il accepterait la présence d’une force internationale dans le corridor Philadelphi.

Des soldats de l’armée israélienne opérant dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, le 13 août 2024. (Crédit : Armée israélienne)

« Le Premier ministre Netanyahu insiste sur le principe selon lequel Israël contrôlera la route Philadelphi, afin d’empêcher le réarmement du Hamas, qui lui donnerait la possibilité de répéter les atrocités du 7 octobre », a déclaré le cabinet du Premier ministre.

La Douzième chaîne a également déclaré que le Hamas est prêt à laisser Israël opposer son veto à un maximum de 50 des centaines de prisonniers de sécurité palestiniens qu’il veut libérer, tandis qu’Israël veut avoir le droit d’opposer son veto à 65 des libérations potentielles les plus dangereuses. Le reportage indique également que le Hamas est prêt à permettre à Israël d’envoyer en exil un plus grand nombre de prisonniers qu’auparavant ; Israël veut avoir le droit d’en exiler 150.

En outre, selon le reportage, les cartes d’Israël montrant le déploiement des troupes et le calendrier des retraits de Tsahal ne sont pas tout à fait claires pour le Hamas.

Un responsable israélien a souligné jeudi au Times of Israel que « le Premier ministre maintient le principe selon lequel Israël contrôlera le corridor Philadelphi ».

Des soldats de l’armée égyptienne gardant leur côté du point de passage de Rafah, fermé depuis le 7 mai, le 4 juillet 2024. (Crédit : Giuseppe Cacace/AFP)

Selon le fonctionnaire, « il y a une raison si nous avons accepté » la proposition de liaison américaine présentée à Doha la semaine dernière, et elle répond aux exigences d’Israël en matière de sécurité.

Mais la propre équipe de négociation de Netanyahu – le chef du Mossad David Barnea, le chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet Ronen Bar et le responsable de Tsahal Nitzan Alon – serait en désaccord avec leur patron sur ses exigences.

Ces derniers jours, Netanyahu a déclaré à des « politiciens » que l’équipe de négociation d’Israël était faible et cherchait constamment à faire des compromis dans les pourparlers d’un accord de « trêve contre libération d’otages », alors qu’il était « tout seul » à œuvrer pour protéger les besoins sécuritaires d’Israël, selon un reportage de la Douzième chaîne.

Selon de nombreuses informations, Netanyahu a réprimandé les négociateurs à maintes reprises pour leur faiblesse manifeste. Mais selon le reportage télévisé diffusé jeudi soir, il a partagé ces critiques avec ses interlocuteurs politiques.

Ronen Bar, chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, assistant à une cérémonie de Yom HaShoah, au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem, le 5 mai 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Le reportage a noté qu’il est surprenant que Netanyahu critique ses chefs de la sécurité auprès de politiciens, alors qu’il dépend de l’establishment de la Sécurité pour obtenir une « victoire totale » à Gaza et pour gérer une escalade régionale potentielle s’il n’y a pas d’accord.

« Je suis seul, face à l’ensemble de l’establishment de la Sécurité et aux chefs des négociations », a déclaré Netanyahu selon le reportage télévisé. « Ils font preuve de faiblesse et cherchent à capituler, alors que j’insiste sur les intérêts de l’État d’Israël et que je ne suis pas prêt à céder à des exigences qui nuiraient à la sécurité. »

Les négociateurs, précise le reportage, ne considèrent pas l’insistance du Premier ministre sur une présence israélienne dans le corridor Philadelphi comme essentielle, mais plutôt comme un « bâton dans les roues » des pourparlers. Tsahal ne s’est emparé du corridor Philadelphi qu’en mai, huit mois après le début de la guerre, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël.

Le reportage indique que le corridor Philadelphi était une « question centrale » lors de l’entretien téléphonique de la veille entre Netanyahu, le président américain Joe Biden et la vice-présidente américaine Kamala Harris, et que Netanyahu a déclaré lors de l’appel qu’il ferait preuve de souplesse.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu tenant une réunion du cabinet de sécurité pour discuter de la réaction d’Israël à l’attaque meurtrière du Hezbollah sur le plateau du Golan la veille, le 28 juillet 2024. (Crédit : Haïm Zach/GPO)

Le responsable a insisté sur le fait qu’Israël continuera à se battre pour atteindre ses objectifs de guerre, qu’un accord soit conclu ou non : « Nous combattons le Hamas comme s’il n’y avait pas de négociations, et nous négocions comme s’il n’y avait pas de guerre. »

« La position du Premier ministre est que nous devons exercer une pression militaire et diplomatique sur le Hamas pour qu’il parvienne à un accord », a poursuivi le responsable.

« La pression militaire se poursuit, parallèlement à la pression diplomatique exercée par les pays médiateurs. »

Mais un accord ne signifie pas que la guerre est terminée, a souligné le fonctionnaire.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu en communication avec le président américain Joe Biden depuis les quartiers généraux de l’armée de la Kirya, à Tel Aviv, le 14 avril 2024. (Crédit : Bureau du Premier ministre)

« Tant que le Hamas n’acceptera pas d’accord, nous continuerons à nous battre », a déclaré le responsable.

« Même s’il le fait, la guerre se poursuivra », a-t-il poursuivi.

« Naturellement, si un accord est conclu, il y aura une accalmie dans les combats au cours de la première phase. Mais nous continuerons à nous battre jusqu’à ce que nous ayons atteint tous nos objectifs de guerre. »

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