L’ex-gouverneur de la Banque du Liban accusé de détournement de 44 millions de dollars
Le premier juge d'instruction de Beyrouth a rendu "une décision préliminaire" sur l'affaire et accusé Riad Salamé notamment de "vol et détournement de fonds publics" et "enrichissement illicite"

La justice libanaise a accusé mardi l’ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, d’avoir « détourné » 44 millions de dollars de la BdL, a indiqué une source judiciaire à l’AFP, sept mois après son arrestation.
L’ex-gouverneur de la Banque centrale avait été arrêté en septembre et accusé de détournement massif de fonds publics dans le pays qui a connu un effondrement économique sans précédent.
Mardi, le premier juge d’instruction de Beyrouth, Bilal Halawé, a rendu « une décision préliminaire » sur l’affaire et accusé Riad Salamé notamment de « vol et détournement de fonds publics » et d' »enrichissement illicite », a précisé cette source qui a requis l’anonymat.
Le juge l’accuse d’avoir « détourné 44 millions de dollars des fonds de la Banque du Liban », a précisé la même source.
Le magistrat a en outre rejeté la révocation de deux mandats d’arrêt par contumace à l’égard de deux avocats proches de M. Salamé.
Il a renvoyé les trois accusés devant la Cour pénale de Beyrouth pour qu’ils soient jugés, selon la même source.
L’ancien gouverneur de la BdL, 74 ans, qui était étroitement lié à la classe politique, est la première personnalité de premier plan arrêtée depuis le début de l’effondrement économique du Liban il y a près de cinq ans.
Gouverneur de la Banque centrale de 1993 à juillet 2023, il est accusé par ses détracteurs d’être l’un des principaux responsables de l’effondrement financier du Liban.
L’ancien banquier d’affaires franco-libanais était placé en détention provisoire depuis son arrestation le 3 septembre.
M. Salamé est en outre suspecté de s’être constitué un riche patrimoine immobilier et financier. Il n’a pas répondu à une convocation d’un juge français en mai 2023, et fait depuis l’objet d’un mandat d’arrêt international. Le Liban refuse néanmoins d’extrader ses ressortissants.
Les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions économiques pour corruption contre M. Salamé, Washington estimant que ses « actions corrompues et illégales ont contribué à l’effondrement de l’Etat de droit au Liban ».
Le nouveau gouverneur de la BdL, Karim Souaid, nommé le 27 mars, s’est engagé à la transparence et à lutter contre « le blanchiment d’argent » et le « financement du terrorisme ».