L’ONU achète un navire pour éviter une catastrophe pétrolière au large du Yémen
L'opération pour éviter une marée noire qui décimerait les communautés côtières et la vie marine en mer Rouge résulte de l’accord avec les Houthis et d’un crowdfunding
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Les Nations unies ont annoncé qu’elles achetaient un navire pour extraire plus d’un million de barils de pétrole d’un superpétrolier qui est en train de se désintégrer dans la mer Rouge, permettant ainsi de conjurer un déversement de pétrole potentiellement catastrophique.
Le FSO Safer a été décrit comme une bombe à retardement, dû aux risques d’explosion, de désintégration ou de fuite, qui auraient des effets dévastateurs sur les communautés côtières, la faune et la flore marines ainsi que sur les routes maritimes internationales.
Ce navire de 45 ans, utilisé comme plate-forme de stockage flottante, contient plus de quatre fois la quantité de pétrole déversée lors de la catastrophe de l’Exxon Valdez en 1989, l’une des pires catastrophes écologiques au monde.
Le navire végète au large des côtes du Yémen depuis que la guerre a éclaté en 2015 entre les forces gouvernementales soutenues par l’Arabie saoudite et les rebelles Houthis soutenus par l’Iran.
Les Houthis ont été accusés de garder le navire en otage comme outil de négociation. Jusqu’à l’année dernière, ils avaient refusé que des experts en sauvetage montent à bord du navire.
Ils ont accepté que le pétrole soit déchargé à condition de garder les droits sur le pétrole.
Jeudi, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a annoncé avoir passé un accord avec la compagnie maritime Euronav pour l’achat d’un navire qui enlèvera le pétrole du pétrolier en mauvais état.
Cet accord marque le point culminant d’une longue campagne au cours de laquelle les Nations unies ont cherché des donateurs pour financer l’opération, lançant même une campagne de crowdfunding pour un montant de 5 millions de dollars.
We signed an agreement to purchase a vessel as part of the @UN-coordinated operation to remove over 1 million barrels of oil from the decaying #FSOSafer tanker off #Yemen's coast, which threatens a humanitarian & environmental disaster.
More via @BBCNews. https://t.co/T1HS4HGqsm
— UN Development (@UNDP) March 10, 2023
David Gressly, coordinateur résident et humanitaire des Nations unies au Yémen, a prévenu l’été dernier que si le pétrole se déversait dans la mer, cela pourrait constituer le cinquième plus grand déversement de pétrole de l’histoire, provenant d’un pétrolier, avec des coûts en assainissement s’élevant à eux seuls à 20 milliards de dollars.
L’administrateur du programme de développement, Achim Steiner, a déclaré la semaine dernière que l’achat du nouveau navire marquait « le début de la phase opérationnelle du plan coordonné par les Nations unies pour retirer le pétrole en toute sécurité », dans ce qui serait « une opération très difficile et complexe ».
Le navire de substitution est en train d’être transformé en cale sèche et devrait arriver au FSO Safer au début du mois de mai.
Le PNUD a passé un contrat avec une société de sauvetage maritime, la SMIT, pour retirer le pétrole et préparer le FSO Safer à être remorqué vers un chantier de récupération.
Le professeur Maoz Fine, de l’université Bar-Ilan et de l’Institut interuniversitaire des sciences de la mer (IUI) d’Eilat, spécialiste des coraux de la mer Rouge, s’est dit « très heureux de voir que des progrès ont été accomplis en ce qui concerne l’une des menaces les plus graves et les plus immédiates pour les précieux récifs coralliens de la mer Rouge ».
« Plus nous attendons, plus les risques liés au déversement d’hydrocarbures s’accroissent », a-t-il ajouté. « Cette opération est d’une importance mondiale pour l’humanité tout entière ».