Macron ne se rendra pas à la marche contre l’antisémitisme dimanche – média
De nombreux représentants des cultes seront présents, mais peu de musulmans, plusieurs organes regrettant que la marche se tienne "sans un mot sur l'islamophobie"

Le chef de l’Etat français ne participera pas à la marche contre l’antisémitisme dimanche, a appris Le Monde vendredi soir. « S’en prendre à un juif », « c’est toujours chercher à atteindre la République », a par ailleurs déclaré Emmanuel Macron qui doit s’adresser aux Français d’ici dimanche sur le sujet.
« Le président de la République combat sans relâche toutes les formes d’antisémitisme depuis le premier jour. Que des rassemblements viennent, partout en France, relayer ce combat est un motif d’espérance. Voilà pourquoi le président salue avec respect celles et ceux qui, dimanche, marcheront pour la République, contre l’antisémitisme et pour la libération des otages », a indiqué l’Elysée.
Une « grande marche civique » dimanche à Paris doit sonner la mobilisation générale face à la recrudescence des actes antisémites en France, plaident ses initiateurs, un message terni par la discorde autour de la participation décriée du RN (parti d’extrême droite) et du boycott de La France insoumise (gauche radicale).
La marche reliera le Palais-Bourbon et le Palais du Luxembourg, à partir de 15 heures, au départ de l’esplanade des Invalides.
D’autres rassemblements sont prévus dans plusieurs villes de France.
« Pour la République, contre l’antisémitisme » : c’est derrière cette banderole que les présidents de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher mèneront le cortège.

Un important dispositif de sécurité sera déployé avec « plus de 3 000 policiers et gendarmes » ainsi que « des unités d’élite mobilisées », a indiqué vendredi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Cette marche, sans prise de parole ni estrade prévue, se veut « un cri des consciences pour déclarer à la face du monde que la République française ne laisse pas, et jamais ne laissera, prospérer » l’antisémitisme, ont écrit Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher dans leur appel, lancé mardi.
« Ce n’est pas un rassemblement politique, ça n’est pas un meeting », a souligné la présidente de l’Assemblée. Le cortège de tête réunira ainsi des personnalités « incarnant » la République, mais « pas de chefs de parti », a précisé son entourage.
Près de 1 250 actes antisémites ont été recensés dans le pays selon les autorités depuis le début de la guerre déclenchée par les massacres du Hamas en Israël, le 7 octobre.
La présence à la marche parisienne de la Première ministre Elisabeth Borne, dont le père juif a été déporté, a été confirmée.

Les ex-présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, ainsi que d’anciens Premiers ministres défileront aussi.
De nombreux représentants des cultes seront présents, mais peu de musulmans, plusieurs organes regrettant que la marche se tienne « sans un mot sur l’islamophobie ».
Depuis les premiers instants qui ont suivi son annonce, la marche parisienne suscite la controverse politique.
La présence annoncée de Marine Le Pen et du Rassemblement national, héritier d’un Front national à l’histoire marquée par l’antisémitisme, est fustigée par la gauche et embarrasse le camp présidentiel.
Les partis socialiste, communiste et écologiste y participeront bien, mais en mettant en place « un cordon républicain » pour ne pas se mêler à l’extrême droite dont des membres, comme Eric Zemmour et Marion Maréchal (Reconquête!), ont aussi annoncé leur présence.
« A mon sens, le RN n’a pas sa place dans cette manifestation », mais « c’est une manifestation publique à laquelle chacun est libre, en conscience, de participer », a estimé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.
« Notre travail, dimanche, ce n’est pas de lutter contre le RN, ça c’est le travail tous les jours quand on fait de la politique, notre travail c’est de lutter contre l’antisémitisme », a ajouté M. Darmanin.

« Nous serons au milieu des Français, le reste c’est dérisoire », a répondu sur LCI le vice-président du RN Sébastien Chenu.
L’avocat et historien de la déportation Serge Klarsfeld, a estimé que ce parti a « abandonn[é] l’antisémitisme ».
Un avis que ne partage pas le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi, tout en jugeant que le RN a « le droit d’être présent ».
Cette présence décriée du parti est la principale raison avancée par La France Insoumise (LFI) pour ne pas participer à cette marche, la formation politique jugeant qu’on « ne lutte pas contre l’antisémitisme et le racisme dans la confusion ».
Dans un message incendiaire sur X (anciennement Twitter) et dénoncé par le reste de la gauche, Jean-Luc Mélenchon a, lui, tancé un « rendez-vous » des « amis du soutien inconditionnel au massacre », en référence à Gaza.
LFI s’est en revanche rendue jeudi soir à un rassemblement en mémoire des victimes de la Nuit de Cristal nazie. Et, à défaut de marche commune, de nombreux Insoumis se rangeront derrière plusieurs autres initiatives dimanche pour rendre audible leur rejet de l’antisémitisme.
« Les polémiques inutiles doivent cesser », ont demandé Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher jeudi, mettant en avant « une démarche individuelle, apartisane et citoyenne ».