Manifestations : Margaret Atwood favorable aux références faites à « La Servante écarlate »
Margaret Atwood a tweeté une vidéo dans laquelle des femmes, en Israël, vêtues de robes rouges et de capelines blanches, manifestent contre la réforme judiciaire
Margaret Atwood, l’auteure canadienne du roman dystopique adapté sous forme de série « La Servante écarlate », a approuvé sur Twitter la référence faite à son livre par des femmes lors des manifestations anti-gouvernementales de grande ampleur qui se déroulent dans tout Israël.
Ces 12 dernières semaines, de nombreuses manifestations ont été émaillées de la présence silencieuse de dizaines de femmes marchant, tête baissée et mains jointes, vêtues des robes rouges et des capelines blanches qui ont été rendues célèbres par la série.
Les manifestantes cherchent par là à faire comprendre que le projet de réforme judiciaire aura pour conséquence de priver les minorités et les femmes de toute protection, allusion ouverte au roman dystopique dans lequel des femmes sont forcées de porter des enfants pour les tenants masculins d’une société patriarcale.
« Je n’ai jamais vu un tel défilé de manifestantes ‘Servante écarlate’, sauf peut-être dans la série @HandmaidsOnHulu! » a tweeté Atwood dimanche, en réaction à ses abonnés qui l’avaient informée de ce qui se passait.
Deux jours plus tôt, Atwood avait publié une vidéo dans laquelle des centaines de femmes vêtues de manière identique défilaient à Tel Aviv, assortie du commentaire : « Surprenant ».
L’auteure, aujourd’hui âgée de 83 ans, a également retweeté à ses deux millions d’abonnés de nombreux messages de soutien aux manifestants en Israël ainsi que des critiques des projets du gouvernement.
I have never seen so many “Handmaids” protesters marching like this except in the @HandmaidsOnHulu tv series! https://t.co/y5do2H4uls
— Margaret E Atwood (@MargaretAtwood) March 18, 2023
Un des messages retweetés par Atwood, rédigé par l’un de ses abonnés, estime qu’Atwood devrait être « étonnée et fière de la façon dont son chef-d’œuvre littéraire éclaire jeunes et moins jeunes, en des temps particulièrement difficiles ».
En Israël, les femmes qui prennent part à des manifestations de type « Servante écarlate » disent vouloir faire prendre conscience des conséquences des changements profonds dans la gouvernance du pays.
« Cela représente tout ce que nous redoutons », explique Moran Zer Katzenstein, fondatrice de l’organisation de défense des droits des femmes Bonot Alternativa – « Nous construisons une alternative » -, à la manœuvre derrière les manifestations de type « Servante écarlate ».
« Les femmes seront les premières victimes » de la réforme, déplore-t-elle.
Avant une manifestation, le mois dernier, un groupe de femmes avait pris le train de Tel Aviv à Jérusalem en costume, en une scène digne de la série Hulu.
En une autre occasion, elles ont formé un cercle autour d’une fontaine située au centre de la métropole balnéaire de Tel Aviv, où l’on voit généralement beaucoup d’enfants dans leur poussette et de chiens tenus en laisse.
Elles ont également bloqué des carrefours, dans un parfait silence digne des personnages d’Atwood.
Le roman d’Atwood, publié en 1985, parle d’une société patriarcale futuriste dans laquelle des servantes en uniforme sont forcées de porter les enfants des dirigeants.
Il a refait surface ces dernières années et s’est imposé comme une référence culturelle majeure grâce au succès de la série.
Son thème central – la domination des femmes par les hommes – trouve un fort écho auprès des femmes d’aujourd’hui, qui voient leurs droits menacés, comme c’est le cas pour l’avortement, ou dans le cas d’Israël, qui redoutent les mesures d’un gouvernement conservateur et religieux.
Ce gouvernement, le plus à droite de toute l’histoire d’Israël, est aussi très majoritairement masculin. Sur les 64 parlementaires que compte la coalition de Netanyahu, seuls neuf sont des femmes.
Les partis ultra-orthodoxes, qui sont des éléments clés de la coalition, refusent à titre absolu la présence de femmes dans leurs rangs.
Le costume, qui en est venu à incarner les menaces que fait peser le patriarcat sur les femmes, a été utilisé lors de manifestations en bien d’autres occasions.
Ainsi, les femmes américaines opposées aux candidats conservateurs à la Cour suprême, soutenus et promus par l’ex-président américain Donald Trump, avaient elles aussi revêtu le costume, à l’instar des femmes iraniennes manifestant depuis la Grande-Bretagne leur soutien aux soulèvements en Iran ou encore des femmes polonaises réclamant le maintien du droit à l’avortement.