Nouveau projet de l’Israel Science Foundation pour soutenir les médecins-chercheurs
MAVRI, un programme de 100 M de $, financé par le gouvernement et des philanthropes, créera des postes pour les médecins qui souhaitent également travailler en laboratoire
Un programme de 100 millions de dollars sur cinq années, afin d’augmenter le nombre de médecins-chercheurs en Israël a été lancé ce mois-ci dans le cadre d’un partenariat financier entre Yad Hanadiv, la Klarman Family Foundation, et la commission de planification et de budgétisation du Conseil de l’enseignement supérieur.
L’initiative, appelée MAVRI (« celui qui soigne » en hébreu), attribuera des subventions de recherche à un large spectre et soutiendra la formation à la recherche pendant la résidence médicale et la formation post-doctorale des médecins. Le programme créera également des opportunités pour les médecins-chercheurs dans les hôpitaux, ainsi que des doubles nominations pour les médecins-chercheurs dans les universités et les hôpitaux.
L’objectif est de créer un corps de médecins-chercheurs de premier plan, pour appliquer la recherche fondamentale à la recherche clinique, puis à la pratique clinique afin d’améliorer les résultats pour les patients.
L’Israel Medical Association et 8400 – The Health Network, une organisation à but non lucratif qui aide à coordonner l’écosystème des technologies de la santé en Israël, participeront également à MAVRI. Le programme sera géré par l’ Israel Science Foundation (ISF), l’organisme national le plus important qui soutient les avancées en matière de science fondamentale, en octroyant entre autres des subventions à la recherche de pointe sur la santé et les maladies humaines.
Les médecins israéliens capables et intéressés par la recherche ne manquent pas, cependant la scène locale est très différente de celle des États-Unis, où les hôpitaux universitaires autorisent habituellement les médecins à mener des recherches cliniques ou en laboratoire.
« Aux États-Unis, vous avez une titularisation ou une formation spécialisée (post-residency) et vous disposez de deux jours par semaine en clinique et de trois jours pour faire de la recherche. Cela n’existe pratiquement pas en Israël », a déclaré le professeur Gabi Barabash, ancien directeur général de l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv et ancien directeur général du ministère de la Santé.
« C’est parce qu’en Israël, les hôpitaux sont tellement sollicités, tellement débordés… Il y a une telle inadéquation entre les besoins et la main d’œuvre. Quiconque veut faire de la recherche est tiraillé entre ses tâches cliniques et ses recherches », a expliqué Barabash au Times of Israel lors du lancement de MAVRI à Jérusalem le 14 juin.
MAVRI s’appuie sur le succès du Partenariat israélien pour la médecine de précision (IPMP), un projet antérieur soutenu par les mêmes partenaires financiers. MAVRI débutera cet automne, et l’IPMP s’achèvera en 2026.
L’IPMP a soutenu la recherche multidisciplinaire et ascendante sur la biologie humaine ayant une pertinence médicale, en mettant l’accent sur la génomique, les variations interindividuelles et les données médicales. Il a encouragé les collaborations entre les chercheurs, les cliniciens et les mutuelles de santé, l’accès responsable aux données médicales et aux échantillons biologiques, ainsi que le partage rapide et ouvert des données.
Jusqu’à présent, sur quatre cycles de subventions de 2019 à 2022, l’IPMP a reçu 360 demandes d’équipes totalisant 1 046 chercheurs – 563 provenant d’universités et 447 d’hôpitaux. Parmi les projets proposés, 50 (14 %) ont été financés, avec une subvention moyenne d’un million de dollars. L’âge médian du bénéficiaire de la subvention était de 52 ans, dont 29 % étaient des femmes.
Les collaborations ont donné lieu à plus de 120 publications dans des revues à comité de lecture, à 58 nouvelles collaborations et à 58 subventions prestigieuses supplémentaires reçues à la suite des projets IPMP. Les projets ont impliqué 240 étudiants en maîtrise, en doctorat et en post-doctorat, et ont abouti à la création de sept entreprises et à la délivrance de dix brevets.
Si les intervenants de la cérémonie de lancement du MAVRI ont salué les succès du programme IPMP, ils ont noté que le MAVRI a été conçu pour relever certains des défis qui ont été identifiés, dont la nécessité d’élargir le champ des problèmes biomédicaux à étudier au-delà de la génomique et de l’information médicale, et de soutenir les jeunes chercheurs. MAVRI souhaite également inclure davantage de femmes.
« Être médecin-chercheur en Israël exige une période de formation supplémentaire qui se déroule souvent à l’étranger. Or, on sait que c’est toujours plus difficile pour les femmes de le faire. Le programme MAVRI prévoit un soutien pour ce type de formation en Israël, dans les meilleurs laboratoires de recherche », a déclaré la Dr Ayelet Zamir, directrice scientifique de l’IPMP et du MAVRI.
Il existe également un désir de voir les médecins jouer un rôle plus important dans les projets de recherche. Dans de nombreux cas, les projets de l’IPMP ont été menés par des scientifiques universitaires, auxquels les médecins se sont joints.
Lors du lancement de MAVRI, le professeur Yossi Mekori, président de la commission de la Planification et du budget du Conseil israélien de l’enseignement supérieur, a déclaré que les hôpitaux et les universités aménageraient des espaces de laboratoire pour les médecins-chercheurs au sein des hôpitaux. Le MAVRI contribuera à financer l’équipement nécessaire.
Selon le professeur Benny Geiger, directeur du MAVRI, et ancien président de l’Israel Science Foundation (ISF), un certain nombre de médecins participants pourront consacrer 50 % de leur temps à la recherche dans leur hôpital, sans que cela n’ait d’incidence sur leur salaire. D’autres partageront leur temps entre leur hôpital et une université, laquelle prendra en charge une partie de leur salaire.
Un comité consultatif international choisira les 30 projets de recherche par an qui recevront entre 500 000 et 1 million de dollars. Les médecins-chercheurs participants ne recevront pas de financement supplémentaire, mais ils ne subiront pas non plus de réduction de salaire pour le temps pris sur le travail clinique avec les patients.
Le professeur Daniel Zajfman, président du conseil académique de l’ISF, a déclaré que MAVRI était un élément important du « développement d’une communauté de médecins-chercheurs avec un parcours de carrière défini et soutenu dans le système médical israélien. »
« MAVRI permettra d’extraire ce niveau de médecins qui, aujourd’hui, en raison des exigences du système ou de leur souhait d’être des cliniciens, n’exploitent pas leurs talents et leurs capacités », a déclaré Barabash.
« Ces nouvelles subventions sont conçues pour garantir un niveau très important et brillant de médecins-chercheurs qui leur permettra de progresser et de faire plus de recherche au profit de la science médicale », a-t-il ajouté.
Divulgation complète : Seth Klarman, de la Fondation Klarman, est le co-fondateur et le partenaire en capital du Times of Israel.