Ocasio-Cortez dénonce l’AIPAC qui a critiqué son positionnement à l’égard de Gaza
La Démocrate progressiste a déclaré que le groupe pro-israélien était "raciste", "fanatique" et "extrémiste" et l'a accusé de déstabiliser la démocratie américaine
La représentante démocrate de New York Alexandria Ocasio-Cortez a qualifié l’organisation American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) de groupe « extrémiste qui déstabilise la démocratie américaine » dans un post publié sur X (anciennement Twitter) dans la soirée de mardi.
« L’AIPAC a approuvé des dizaines d’insurgés du 6 janvier », a écrit la représentante progressiste, qui représente certains quartiers du Bronx et du Queens. « Cette organisation n’est pas une amie de la démocratie américaine. C’est l’un des PACs les plus racistes et les plus fanatiques au Congrès, qui prend pour cible de manière disproportionnée ses membres de couleur ».
Elle a conclu que l’AIPAC « est une organisation extrémiste qui déstabilise la démocratie américaine ».
La déclaration d’Ocasio-Cortez est venue répondre à un post publié par l’organisation pro-israélienne dans la journée de mardi – une publication qui interpellait la représentante et d’autres qui n’avaient pas soutenu une résolution favorable à l’État juif à la Chambre, la semaine dernière. Étaient aussi cités dans le post les autres membres de la « Squad », le groupe des membres du Congrès issus de l’aile progressiste du Parti démocrate ainsi que le représentant républicain Thomas Massie.
La Chambre avait adopté la résolution, le 25 octobre, avec 412 voix « Pour » – avec les suffrages de 194 Démocrates et de 218 Républicains. Six députés avaient voté contre le texte présenté, tous des Démocrates à l’exception de Massie. La résolution réaffirmait le droit à l’auto-défense d’Israël et condamnait la guerre brutale du Hamas contre Israël.
Elle réaffirmait également l’engagement des États-Unis en faveur de la sécurité d’Israël, le soutien à des réapprovisionnements d’urgence et à certains autres types d’assistance en Israël, exhortant à ce que les sanctions contre l’Iran soient pleinement mises en œuvre pour empêcher le financement des groupes terroristes par le régime de Téhéran.
AIPAC endorsed scores of Jan 6th insurrectionists. They are no friend to American democracy.
They are one of the more racist and bigoted PACs in Congress as well, who disproportionately target members of color.
They are an extremist organization that destabilizes US democracy. https://t.co/I7KeLBHttJ
— Alexandria Ocasio-Cortez (@AOC) November 1, 2023
L’AIPAC, le groupe de lobby et d’action politique pro-Israël le plus important du pays, avait commencé à financer directement des candidats à la fin de l’année 2021. Il avait approuvé 365 candidats en amont des élections 2022, notamment la majorité des Républicains et des Démocrates de la Chambre, mais il avait été critiqué pour avoir apporté son appui à 109 des 147 Républicains qui avaient refusé de ratifier la victoire du président Joe Biden après les élections présidentielles lors d’un vote organisé le 6 janvier 2021. Un porte-parole de l’AIPAC avait expliqué à cette occasion que le groupe, en tant qu’organisation, ne prenait en compte qu’une seule problématique, celle du soutien apporté à Israël par les candidats.
En réponse à Ocasio-Cortez, le groupe a écrit sur X que « l’AIPAC se tient aux côtés des Démocrates et des Républicains pro-israéliens qui défendent l’alliance entre les États-Unis et Israël indépendamment de leur race, de leur sexe et de leurs origines. Et nous nous opposons à ceux qui ne la soutiennent pas, comme c’est votre cas ».
D’autres députés cités dans le post de l’AIPAC ont également partagé des publications critiquant le groupe. Cori Bush, représentant le Missouri, a écrit que « les arnaques financières de l’AIPAC et le soutien anti-démocratique des insurgés sont des tentatives de saper la volonté du peuple ».
Dans les semaines qui ont suivi l’assaut barbare perpétré par le Hamas en Israël, le 7 octobre – une attaque qui a fait 1 400 morts du côté israélien, les terroristes enlevant également plus de 240 personnes qui sont depuis retenues en captivité dans la bande de Gaza, et qui a amené Israël a déclarer la guerre au groupe terroriste –, Ocasio-Cortez a exprimé de manière répétée son soutien à un cessez-le-feu tout en dénonçant l’antisémitisme.
« Deux millions de personnes. La moitié sont des enfants. Affamées. Bombardées. Coupées de toute communication », a-t-elle écrit sur X le 28 octobre, évoquant la situation à Gaza. « Certains peuvent estimer que demander un cessez-le-feu est naïf ou pire. Mais qui a un plan pour ce qu’il y aura après ces destructions ? Comment qualifier ce qui est en train de se passer ? »
(Israël a expliqué que son offensive vise à détruire toutes les infrastructures du Hamas et a promis de démanteler le groupe terroriste qui est à la tête de Gaza dans son intégralité. L’État juif affirme prendre pour cible tous les sites d’opérations du Hamas tout en cherchant à réduire autant que possible le nombre de victimes civiles. Le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, a déclaré que, depuis le début des combats, plus de 8 700 personnes avaient perdu la vie dans la bande. Ces chiffres ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante. Un nombre significatif de morts seraient des terroristes du Hamas, déclarent les autorités israéliennes, et un grand nombre des personnes tuées auraient été victimes des centaines de roquettes tirées en direction d’Israël et qui, manquant leur trajectoire, seraient retombées dans la bande de Gaza.)
Lundi, suite à des informations qui ont fait état d’une recrudescence de l’antisémitisme à New York et dans tout le pays, Ocasio-Cortez a écrit sur Twitter que « l’antisémitisme est dégoûtant et inacceptable. Nous avons la responsabilité de défendre nos frères, nos sœurs juifs face à la haine. Aucun mouvement d’intégrité ne saurait tolérer cela. Jamais. »
Ocasio-Cortez a aussi condamné le rassemblement pro-palestinien qui avait été organisé à Times Square, le 8 octobre, disant qu’il avait été « inacceptable et préjudiciable ».
Par ailleurs, mercredi soir, la chambre américaine a rejeté une initiative visant à sanctionner une autre membre de la « Squad », Rashida Tlaib, qui représente le Michigan, mettant un terme à une tentative des Républicains de condamner la seule membre américano-palestinienne du Congrès en raison de la rhétorique qu’elle a adoptée dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas.
Une initiative visant à avancer une motion de censure à l’encontre de Tlaib – ce type de motion est la dernière mesure susceptible de précéder une expulsion de la chambre – a été rejetée avec un fort soutien bipartisan, les deux parties en lice évoquant leur inquiétude face à une possible violation du Premier amendement.
Un effort livré par les Démocrates pour faire avancer une même motion à l’encontre de la Représentante républicaine de Georgie Marjorie Taylor Greene, qui avait parrainé la résolution de Tlaib, a été annulé en réponse.
Les votes prévus ont été les premiers, à la chambre, après la paralysie de presque un mois qui avait été causée par le renvoi du poste de speaker du Républicain Kevin McCarthy, représentant de Californie.
Greene avait présenté, la semaine dernière, une motion de censure contre Tlaib, l’une des deux musulmanes siégeant au Congrès. Le texte accusait Tlaib « d’activités antisémites » après que cette dernière a fait part de son inquiétude face à la livraison continue, par les États-Unis, d’armements à l’État juif.
Greene a aussi, de façon mensongère, accusé Tlaib d’avoir « pris la tête d’une insurrection » au Capitole lorsqu’elle avait participé à un rassemblement anti-israélien organisé par des groupes juifs, le mois dernier.
Tlaib avait dénoncé une motion de censure « délirante », estimant qu’elle était « profondément islamophobe » et qu’elle s’en prenait « à des groupes juifs pacifistes qui s’opposent à la guerre ».