Olmert : « Ce qu’Israël fait actuellement à Gaza frôle le crime de guerre »
Les critiques formulées par l'ex-Premier ministre sur la BBC ont suscité une vive réaction de politiciens de droite, qui l'accusent de "poignarder les soldats dans le dos"

L’ancien Premier ministre Ehud Olmert a affirmé mardi au micro de la BBC que les actions actuelles d’Israël à Gaza « s’apparentent fortement à un crime de guerre ». Ces allégations ont été formulées quelques heures après les propos d’un ancien général et haut responsable politique qui ont déclenché une tempête médiatique en accusant le pays de tuer des bébés « pour s’amuser ».
Olmert, qui a souvent critiqué avec virulence le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et sa gestion de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, a été critiqué pour ses propos par des politiciens de droite, dont plusieurs ministres du gouvernement.
Ses propos coïncident avec la reprise, cette semaine, de l’acheminement de l’aide humanitaire vers l’enclave, après plus de deux mois de blocage, et avec l’annonce par l’armée israélienne d’une intensification de son offensive contre le Hamas.
Les responsables affirment que Tsahal poursuit son projet visant à déplacer environ 2 millions de civils de la bande de Gaza, à raser le territoire et à en prendre le contrôle, afin de faire pression sur le groupe terroriste palestinien pour qu’il libère les 58 otages toujours détenus à Gaza et renonce au pouvoir.
Olmert, qui a occupé le poste de Premier ministre de 2006 à 2009, a qualifié le conflit actuel de « guerre sans objectif », une guerre qui « n’a aucune chance d’aboutir à quoi que ce soit qui puisse sauver la vie des otages ».
La guerre à Gaza a éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle. Israël a déclaré poursuivre un double objectif : renverser le Hamas et obtenir la libération des otages. Cependant, certains membres du gouvernement affirment qu’Israël cherchera également à faire émigrer la population palestinienne vers d’autres pays.

Israël a fermement rejeté les accusations de crimes de guerre et de « génocide » portées à La Haye, qualifiant également les mandats d’arrêt délivrés contre Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant par la Cour pénale internationale (CPI) d’antisémites.
Lundi, Netanyahu a semblé admettre que la famine dans la bande de Gaza était considérée comme proche du seuil critique, défendant sa décision d’autoriser une aide « limitée » dans la bande de Gaza. Israël a bloqué l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza début mars, affirmant vouloir empêcher que celle-ci ne soit détournée par le Hamas.
Olmert a également affirmé au micro de la BBC que « la réalité évidente » des combats à Gaza était que des milliers de civils palestiniens et de nombreux soldats israéliens trouvaient la mort.
« De tous points de vue, c’est odieux et scandaleux », a-t-il déclaré.

Plus de 53 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ne font pas de distinction entre civils et terroristes.
Israël affirme avoir tué 20 000 terroristes au combat, et 1 600 autres terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre 2023.
L’armée israélienne assure prendre « de nombreuses mesures » pour minimiser les atteintes aux civils et souligne que le groupe terroriste viole systématiquement le droit international et exploite brutalement les institutions civiles et la population comme bouclier humain pour ses activités de terrorisme, en combattant depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
À ce jour, 420 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l’incursion terrestre à Gaza menée contre le Hamas et lors des opérations menées le long de la frontière de Gaza.

« Nous combattons les assassins du Hamas, nous ne combattons pas des civils innocents », a-t-il poursuivi.
« Et cela doit être clair. »
Ses déclarations à la BBC font largement écho à celles qu’il avait faites lors d’une interview accordée le 14 mai à la chaîne britannique, dans laquelle il qualifiait le blocage de l’aide humanitaire de « totalement intolérable, inacceptable, insupportable et impardonnable ».
« Aux yeux de la communauté internationale, nous sommes peut-être déjà considérés comme coupables de crimes de guerre », avait-il alors déclaré.
“It’s totally intolerable, unacceptable, unbearable and unforgivable. It should be stopped right away.”
@Sarah_Montague asks Ehud Olmert, former Prime Minister of Israel, his thoughts on his country’s blockade of aid to Gaza.
#BBCWato— The World at One (@BBCWorldatOne) May 14, 2025
Ces nouvelles critiques ont immédiatement suscité une vive réaction de la part de la droite israélienne, beaucoup associant les propos d’Olmert à ceux du chef du parti Les Démocrates, Yaïr Golan, qui a déclaré mardi à la chaîne publique israélienne Kan : « Un pays sensé ne combat pas des civils, ne tue pas des bébés pour s’amuser et ne se fixe pas pour objectif d’expulser des populations. »
Dans une déclaration publiée sur le réseau social X, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a accusé Olmert et Golan de « prendre une part active à une campagne diplomatique, à une guerre de propagande et à une guerre juridique contre l’État d’Israël et Tsahal ».
Le ministre de l’Éducation Yoav Kisch (Likud), faisant référence à Olmert en soulignant sa condamnation pour corruption, a accusé ce dernier et Golan d’avoir rejoint un « chœur radical de gauche diffamant Israël sur la scène internationale ».
« Alors que les soldats de l’armée israélienne risquent leur vie contre des terroristes meurtriers qui cherchent à nous anéantir, il décide de les inciter à la violence et de leur planter un couteau dans le dos », a-t-il déclaré.

Le ministre David Amsalem (Likud) a sévèrement critiqué ces deux hommes ainsi que d’autres détracteurs notoires du gouvernement, notamment l’ancien Premier ministre Ehud Barak et l’ancien président de la Cour suprême Aharon Barak, qu’il a qualifiés de « destructeurs et de ravageurs issus de votre propre peuple », en citant le livre d’Isaïe.
La ministre de l’Égalité, May Golan (Likud), a quant à elle accusé Olmert d’avoir « craché au visage des soldats de Tsahal ».
« Pour être exact, il y a des innocents à Gaza : 58 d’entre eux », a-t-elle déclaré.