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Pendant 150 ans, les juifs d’Alaska ont balisé les voies de « la dernière frontière »

Le musée juif d'Alaska célèbre l'anniversaire de l'acquisition de l'Alaska en mettant l'accent sur l'opération qui a sauvé 40 000 juifs yéménites

Leopold David, premier maire d' Anchorage, Alaska. (Crédit : AJM)
Leopold David, premier maire d' Anchorage, Alaska. (Crédit : AJM)

Cette année, l’Alaska célèbre les 150 ans depuis que William Seward, secrétaire d’État, l’a acheté à la Russie pour plus de 7 millions de dollars en 1896. « L’Achat de l’Alaska » est ensuite devenu le filon de la ruée vers l’or, illuminée par l’aurore boréale.

Actuellement, le musée juif d’Alaska cherche à illuminer également l’histoire juive du pays.

« Nous accueillons de nombreux visiteurs du monde entier », a déclaré la conservatrice Leslie Fried. « Ils sont toujours étonnés d’apprendre qu’il y a une histoire et une culture juive en Alaska. »

Le musée est situé Anchorage, la plus grande ville de cet été, qui héberge la majorité des 6 000 juifs d’Alaska. Le rabbin Loubavitch Yosef Greenberg, qui a fondé le musée en 2013, après 10 ans de travail, a affirmé qu’il s’agit du premier musée juif dans le nord-ouest du Pacifique.

Notre exposition, « Jewish Movers and Shakers in Early Anchorage », littéralement « Les juifs influents aux débuts d’Anchorage » raconte l’histoire de 6 familles que Greenberg qualifie « d’instrumentales » dans la création de la ville. Une seconde exposition « On the Wings of Eagles », littéralement, représente le rôle de la compagnie Alaska Airlines dans le transport des juifs yéménites vers le nouvel État d’Israël, durant l’opération « Tapis volant ».

Fin mai, le musée révèlera une exposition sur les efforts vains pour aider les juifs de l’Allemagne nazie à fuir l’Allemagne nazie pour rejoindre l’Alaska. Le musée juif a également l’intention de prévoir une exposition sur le rôle joué par les juifs dans l’acquisition de l’Alaska.

Inauguration de l'Alaska Jewish Museum. (Crédit : AJM)
Inauguration de l’Alaska Jewish Museum. (Crédit : AJM)

Répondre à l’appel

En 2015, Anchorage a fêté son centenaire. Cent ans plus tôt des juifs s’étaient joint aux pionniers, qui se dirigeaient vers ce qui n’était alors qu’un chemin de fer.

La conservatrice Fried a évoqué la ruée vers l’or et le commerce des fourrures comme étant « les principaux attraits ». Et, dit-elle, « lorsque l’on regarde les histoires des différentes familles, l’aventure y a joué un grand rôle ».

David Abraham Green, fourreur et pionnier en Alaska. (Crédit : AJM)
David Abraham Green, fourreur et pionnier en Alaska. (Crédit : AJM)

Perry Green approuve : son père, David Abraham Green, était l’un des pionniers et est devenu un fourreur très connu en Alaska.

« Mon père était du genre aventurier », raconte Perry Green, âgé de 80 qui vit à Palm Springs, en Californie. « Il ne se contentait pas d’être fourreur. »

David Green vient d’une dynastie de fourreurs, qui remonte à l’Europe du XVIIIe siècle. Sa famille a immigré à New York depuis la Galicie, et il a rejoint la nouvelle génération de fourreurs, à l’époque ou la fourrure était à la mode.

Il a également lu le roman de Jack London, L’Appel de la forêt, à propos de la ruée vers l’or dans le Klondike.

« Ça lui parlait beaucoup », se souvient Perry Grren. « Il avait envie d’aventure, et cette envie l’amènera jusqu’en Alaska. »

D’autres juifs ont répondu à l’appel.

« Je connais une trentaine de personnes influentes qui étaient cruciales dans le développement de l’Alaska », raconte Fried.

L’exposition « Jewish Movers and Shakers in Early Anchorage » parle des familles Bayles, David, Gottstein, Green, Koslosky et Loussac.

 Leopold David, premier maire d' Anchorage, Alaska. (Crédit : AJM)
Leopold David, premier maire d’ Anchorage, Alaska. (Crédit : AJM)

Leopold David, un immigrant allemand est devenu le premier maire d’Anchorage, quand elle a été définie comme ville en 1920.

Quinze ans plus tôt, en tant qu’assistant pharmacien qui combattait la diphtérie chez les natifs d’Alaska, il avait dû amputer plusieurs de ses orteils noircis par le gel.

Isidore « Ike » Bayles, immigrant letton était membre du conseil municipal qui a nommé David a la mairie. Son frère Sam avait emmené le premier rouleau de la Torah en Alaska. Aujourd’hui, les rouleaux de Bayles se trouvent dans une synagogue réformée d’Anchorage, la synagogue Beth Sholom.

En tant que maire, David avait lutté contre la contrebande, la prostitution et les jeux d’argent. Deux de ses trois premiers chefs de la police ont été tués. C’est au jeune âge de 40 ans, après avoir quitté ses fonctions, qu’il a succombé à une crise cardiaque, en 1927.

Isidore ‘Ike’ Bayles, membre du conseil municipal d'Anchorage et frère de Sam Bayles, qui a amené le premier rouleau de Torah en Alaska. (Crédit : AJM)
Isidore ‘Ike’ Bayles, membre du conseil municipal d’Anchorage et frère de Sam Bayles, qui a amené le premier rouleau de Torah en Alaska. (Crédit : AJM)

Ses congénères ont aidé Anchorage à traverser la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale. Avant la guerre, David Green avait fabriqué des couteaux et des parkas pour les services américains qui surveillaient l’activité japonaise sur les îles Aléoutiennes. Et quand des centaines de juifs sont arrivés à Anchorage, en tant que militaires ou civils, la communauté juive les a accueillis.

Anchorage a également vécu un éveil économique après la guerre. À cette époque, le second maire juif, Zachariah « Zack » Loussac. (L’actuel maire de la ville Ethan Berkowitz est également juif.) Loussac avait, dans sa jeunesse, fui la Russie et l’exil en Sibérie.

« Quand il a pris sa retraite, il a donné la moitié de sa richesse pour ouvrir une fondation », a déclaré Fried, en ajoutant que c’est ce qui a permis l’ouverture de la première bibliothèque d’Anchorage.

Fried raconte au sujet des pionniers juifs, qu’ils « ne venaient pas en se disant ‘Oh, je pense que je vais ouvrir une boutique et vendre de la fourrure.’ Ils étaient réellement impliqués dans les organisations sociales, la communauté, la politique, la philanthropie ».

La famille Green, un dynastie de fourreurs depuis l'Europe, ici à New York. (Crédit : AJM)
La famille Green, un dynastie de fourreurs depuis l’Europe, ici à New York. (Crédit : AJM)

L’aile et la prière

En 1948, l’American Jewish Joint Distribution Committee a demandé l’aide d’Alaska Airlines pour transporter des réfugiés juifs yéménites en Israël.

La compagnie aérienne a effectué plus de 80 missions dans le pont aérien de Berlin et sauvé des réfugiés juifs à Shanghai.

Fried raconte que pour l’Opération « Tapis volant», « les États-Unis ne voulaient certainement pas envoyer [d’avions] en Israël, donc ils faisaient soritr des avions des États-Unis par Panama. »

Des enfants du sauvetage de l'opération Tapis volant, transportés par un avion de l'Alaska Airlines. (Crédit : AJM)
Des enfants du sauvetage de l’opération Tapis volant, transportés par un avion de l’Alaska Airlines. (Crédit : AJM)

Les avions se sont arrêtés en Tchécoslovaquie, ont récupéré des armes pour Israël, puis se sont rendus à Asmara, dans l’Erythrée d’aujourd’hui. De là, les pilotes ont piloté leurs DC-4 et C-46 à deux moteurs à Aden, où la communauté juive yéménite bimillénaire attendait.

« Il y avait une prophétie dans la Torah qu’ils reviendraient sur les ailes des aigles. Ils ont estimé que c’était cette prophétie. »

« Ils n’avaient jamais été dans une voiture, et encore moins dans un avion », raconte Fried.

« Il y avait une prophétie dans la Torah qu’ils reviendraient sur les ailes des aigles. Ils ont estimé que c’était cette prophétie. »

Les réfugiés se sont entassés dans les avions, 150 personnes dans un C-46 conçu pour en transporter 60.

« L’un des principaux gars du Joint a expliqué qu’entre le Yémen et Israël, il n’y avait pas un seul pays ami », a souligné le rabbin Greenberg. « Si vous atterrissiez dans un pays arabe, vous auriez épargné parce que vous êtes Américain, mais les enfants auraient été tués. »

Le vol a duré 10 heures, mais les réservoirs de l’avion ne contenaient que neuf heures de vol en carburant. L’avion a transporté des réservoirs d’huile pour l’heure supplémentaire.

Au cours de l’opération, qui a duré un an, le pilote en chef Robert Maguire Jr. a manqué de carburant et a dû faire un atterrissage d’urgence à Port Saïd, en Égypte. Entouré par l’armée ennemie et contraint de réfléchir sur le moment, il demanda aux Égyptiens une assistance médicale immédiate.

L'opération Tapis volant (Crédit : JDC)
L’opération Tapis volant (Crédit : JDC)

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi, il a dit que ses passagers avaient la variole. Les soldats l’ont laissé faire le plein et repartir.

Maguire a été honoré par le Centre Simon Wiesenthal un an avant sa mort, à l’âge de 94 ans en 2005.

Le Conseil de l’aéronautique civile aux États-Unis a fini par retirer le programme de vol international d’Alaska Airlines, mettant en péril la mission.

« Le président de la compagnie aérienne [James Wooten] s’était tellement impliqué émotionnellement pour faire sortir les gens du Yémen qu’il a changé le nom de la compagnie aérienne », a déclaré Fried.

Une compagnie fictive, « Near East Air Transport », a été créée, et la mission a pu se poursuivre.

Un juif yéménite embarque avec un rouleau de la Torah durant l'opération Tapis volant. (Crédit : JDC)
Un juif yéménite embarque avec un rouleau de la Torah durant l’opération Tapis volant. (Crédit : JDC)

Cependant, « l’enregistrement de la nouvelle ligne aérienne a pris beaucoup de temps et compagnie les vols vers Aden ont été retardés », a écrit Esther Meir-Glitzenstein, professeur à l’Université Ben Gurion du Negev, dans son livre paru en 2014 The ‘Magic Carpet’ Exodus of Yemenite Jewry: An Israeli Formative Myth.

Dans son évaluation critique de l’opération « Tapis volant », Meir-Glitzenstein a relevé d’autres défis auxquels l’Alaska Airlines a été confrontée.

« Nous recevons des Juifs yéménites israéliens qui viennent au musée, ils sont choqués – ils n’en savaient rien. »

« [Il] est rapidement devenu clair que l’Alaska Airlines avait du mal à maintenir sa part de la négociation et que trop peu d’avions atteignaient Aden », a-t-elle écrit. « Au cours de la première semaine d’août [1949], aucun vol n’a pu avoir lieu, parce qu’un avion C-46 était hors service ».

De telles difficultés ont engendré des tensions avec le Joint. Mais l’Alaska Airlines a finalement rempli sa mission, apportant plus de 40 000 réfugiés du Yémen en Israël de 1948 à 1950, sans perte de vie à bord.

« « Nous recevons des Juifs yéménites israéliens qui viennent au musée, ils sont choqués – ils n’en savaient rien », raconte Fried.

Elle a dit qu’un visiteur d’Israël a été particulièrement choqué de reconnaître sa sœur dans une photo.

En travaillant sur l’exposition, Fried a découvert que son défunt père, Norman Moonitz, né à Tel-Aviv, était à bord de quelques-uns de ces vols.

« Il était l’un des pilotes du Mahal en 1948 », a-t-elle dit. « Il s’est porté volontaire pour aider à former l’armée de l’air israélienne. Il n’a jamais mentionné qu’il avait fait certains de ces vols. »

« Nous avons interviewé quelques-uns des pilotes, [Warren] Metzger, un non-juif, qui a rencontré sa femme de 65 ans sur un vol du Yémen vers Israël », a déclaré Greenberg. « Elle était une hôtesse de l’air. »

« Cette histoire est parfaite pour notre mission », a déclaré Greenberg. « Comment, dans les années 1940, une époque où le monde était plein de persécution et d’antisémitisme, des Américains non-juifs en Alaska, le bout du monde par rapport à Israël, [ont fait] 500 vols d’Aden à Israël ».

Nouvelles frontières

Les dates officielles du 150ème anniversaire de l’achat de l’Alaska approchent : le secrétaire Seward a acheté le territoire le 30 mars 1867. La cérémonie de transfert a eu lieu le 18 octobre de cette année, « La Journée de l’Alaska ».

Le Esformes Jewish Campus d'Alaska à Anchorage, qui accueille le Chabad Lubavitch Jewish Center, une école juive, et l'Alaska Jewish Museum. (Autorisation)
Le Esformes Jewish Campus d’Alaska à Anchorage, qui accueille le Chabad Lubavitch Jewish Center, une école juive, et l’Alaska Jewish Museum. (Autorisation)

Entre ces dates, le musée prévoit de dévoiler « The Failure of the Alaska Resettlement Plan », l’exposition sur l’échec du plan de réinstallation en Alaska, sur les efforts qui visaient à ramener les Juifs de l’Allemagne nazie en Alaska dans les années 1930 et au début des années 1940.

Le plan de réinstallation a inspiré le roman de Michael Chabon L’Union des policiers yiddish sur ce qui aurait pu se produire s’il avait réussi. Au lieu de cela, ce plan a échoué durant une commission au Sénat.

« Il y avait un Sénat antisémite », a déclaré Greenberg. « L’Alaska elle-même a réagi de façon mitigée. Nous essayons de le rendre équilibré. »

Une autre exposition présentera le rôle des Juifs dans l’achat de l’Alaska – y compris des fourreurs juifs de San Francisco.

« Ils étaient proches du sénateur [californien Cornelius] Cole », a ajouté Greenberg. « Il était à l’école avec William Seward. Ils ont fait pression sur Cole, et il a fait pression sur William Seward pour qu’il se lance. »

Greenberg décrit l’achat de l’Alaska comme « l’une des choses les plus intelligentes que l’Amérique a fait » et « l’un des plus beaux cadeaux que les Juifs pouvaient offrir à l’Amérique. Les gens bien font des choses bien pour de bonnes raisons ».

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