Ryad s’engage à soumettre ses activités nucléaires à une inspection complète de l’AIEA
Le ministre de l'Energie a assuré que le royaume est prêt à passer de l'actuel protocole de surveillance des petites quantités à l'accord de garanties généralisées
L’Arabie saoudite a déclaré lundi qu’elle accepterait une inspection complète de ses activités nucléaires par l’agence de l’énergie atomique de l’ONU (AIEA), en remplacement du système de contrôle actuel, qui a été édulcoré.
Ryad a exigé l’enrichissement de l’uranium sur le sol saoudien dans le cadre d’un éventuel accord de normalisation avec Israël parrainé par les États-Unis.
L’Arabie saoudite n’a pas encore activé son premier réacteur nucléaire et l’AIEA ne le surveille donc que dans le cadre de son protocole relatif aux petites quantités (Small Quantities Protocol ou SQP), un accord qui exige des rapports et des examens plus souples. L’introduction de matières nucléaires dans le réacteur annulerait le SQP et l’immunité de ce dernier contre les garanties habituelles en matière de prolifération.
Le ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdulaziz ben Salmane, a déclaré lors d’une réunion de la conférence générale annuelle de l’AIEA à Vienne que son pays était prêt à adopter l’accord de garanties généralisées, qui prévoit des inspections et une surveillance plus strictes.
« Le royaume a récemment pris la décision d’annuler son protocole relatif aux petites quantités et de passer à la mise en œuvre d’un accord de garanties généralisées à part entière », a déclaré ben Salmane, selon Reuters.
Il n’a pas précisé si les Saoudiens accepteraient également le protocole additionnel de l’AIEA, qui permet des contrôles encore plus stricts et intrusifs que l’accord de garanties généralisées, y compris des inspections rapides, selon le rapport.
Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a déclaré que le SQP, qui est appliqué dans des dizaines d’États, constituait une « faiblesse » pour la non-prolifération mondiale. L’AIEA négocie depuis des années avec l’Arabie saoudite pour qu’elle adhère à un pacte CSA.
Le soutien des États-Unis à un programme nucléaire civil saoudien est une exigence clé de Ryad pour un accord de normalisation avec Israël, bien que les responsables de la sécurité tant en Israël qu’aux États-Unis aient exprimé leur inquiétude face à la perspective d’un enrichissement sur le sol saoudien.
Bien qu’un programme civil puisse être mené sans enrichissement d’uranium sur le sol saoudien, le royaume exigerait que l’enrichissement ait lieu localement.
Le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a démenti samedi une information selon laquelle il exercerait de fortes pressions sur les membres de la commission israélienne de l’Énergie atomique pour qu’ils ne s’opposent pas à l’enrichissement de l’uranium en Arabie saoudite.
Dans le cadre de l’accord nucléaire historique conclu en 2015 avec les puissances mondiales, l’Iran a accepté le protocole additionnel, mais a abandonné bon nombre de ses engagements après le retrait des États-Unis du pacte en 2018. L’accord nucléaire, anciennement connu sous le nom de Plan global d’action conjoint, n’a cessé de s’effilocher depuis lors et les efforts déployés pour négocier sa reprise ont jusqu’à présent échoué.
L’Iran assure que ses activités nucléaires sont pacifiques, mais, depuis le retrait des États-Unis du JCPOA, il a enrichi de l’uranium à des niveaux qui, selon les puissances occidentales, ne peuvent être utilisés à des fins civiles.
Le dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, le prince héritier Mohammed ben Salmane, affirme depuis des années que son pays développera des armes nucléaires si son rival régional, l’Iran, le fait.