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Shin Bet : Israël a contrecarré 17 attaques suicides cette année

L'agence de sécurité révèle une augmentation croissante du terrorisme cisjordanien, terrorisme qui prend de nouvelles formes

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

La famille de Malachi Rosenfeld pleure lors de ses funérailles à Kochav Hashachar en Cisjordanie le 1er juillet 2015 (Crédit photo : Yonatan Sindel / Flash90)
La famille de Malachi Rosenfeld pleure lors de ses funérailles à Kochav Hashachar en Cisjordanie le 1er juillet 2015 (Crédit photo : Yonatan Sindel / Flash90)

Le terrorisme palestinien de 2015 est très différent de celui auquel Israël a fait face pendant les premières années de la seconde Intifada.

Les armes sont improvisées, il n’y a plus d’ « hommes recherchés » qu’Israël traque pour avoir orchestré les attaques ; en effet, il n’y a souvent pas de soutien organisationnel. Mais l’effort pour perpétrer des attaques terroristes contre des cibles israéliennes s’intensifie.

Selon les statistiques du Shin Bet, les forces de sécurité israéliennes ont empêché 17 attaques suicides jusqu’à présent cette année – ce qui signifie 17 attaques en seulement sept mois. Ce chiffre ne comprend pas les attaques empêchées par l’Autorité palestinienne, qui a démantelé plusieurs cellules qui projetaient des attaques.

Cinq des 17 attaques contrées par Israël avaient été planifiées par des membres du Hamas, cinq étaient prévues par d’autres groupes, et les sept autres restantes n’étaient associées à aucune organisation.

En d’autres termes, les cellules terroristes sont maintenant souvent établies sans affiliation à un groupe palestinien, mais plutôt sur la base des présentations entre amis, étudiants à l’université et / ou les liens établis par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Ces cellules sont exceptionnellement difficiles pour les services de sécurité à pénétrer.

Cette forme de terrorisme est censée être un type de terrorisme « amateur ».

Mais jusqu’à présent cette année, Israël a également empêché huit enlèvements planifiés par ces amateurs – et, là encore, ce chiffre ne comprend pas les enlèvements empêchés par l’Autorité palestinienne. Parmi ces huit tentatives, quatre ont été planifiées par des membres du Hamas et le reste par le Jihad islamique et d’autres groupes.

En tout, au cours des sept premiers mois de 2015, l’establishment de la défense et de la sécurité d’Israël a empêché 111 tentatives d’attaques terroristes, y compris les attaques avec des armes et des attentats à la bombe ainsi que les enlèvements et les attentats suicides.

Danny Gonen, 25 ans, de Lod a été assassiné le 19 juin 2015 par un Palestinien près de l'implantation de Dolev (Photo: Facebook)
Danny Gonen, 25 ans, de Lod a été assassiné le 19 juin 2015 par un Palestinien près de l’implantation de Dolev (Photo: Facebook)

Le Hamas est le premier contrevenant, révèle les chiffres du Shin Bet, qui est responsable de plus de la moitié de ces tentatives (62, pour être précis, soit 55 %).

Mais même le Hamas n’utilise plus les mêmes méthodes que celles qu’il employait entre 2000 et 2006 en Cisjordanie.

Ses membres opèrent la plupart du temps sur une base locale – les membre du Hamas qui se connaissent depuis l’enfance, sont voisins dans la même ville palestinienne ou viennent du même village. Une telle cellule est connue pour avoir existé à Beit Lakiya, pas à Modiin, sans aucune aide extérieure et sans financement de Gaza ou de l’étranger.

Ces cellules se reposent souvent à l’improvisation pour leur choix d’armes et leurs plans pour les utiliser. Étonnamment, la Kalachnikov n’est plus à la mode ; sa place a été prise par les armes fabriquées localement.

Ceux-ci incluent le « Carlo », nommé d’après le fusil sans recul Carl Gustav, dont la version palestinienne est fabriquée en Cisjordanie et a été utilisée par quelques terroristes. Un « Carlo » coûte seulement environ 700 dinars jordaniens (près de 1 000 dollars). Une Kalachnikov ou un M-16 coûte beaucoup plus chers.

Les terroristes eux-mêmes sont également différents.

En Cisjordanie, être un terroriste recherché n’est plus à la mode. Les terroristes d’aujourd’hui n’ont aucun désir pour un mode de vie en cavale ; ils veulent commettre l’attentat et ne pas être puni pour – et revenir à leurs emplois, leurs vies ordinaires.

Dans presque tous les cas d’attaques déjouées, les cibles étaient dans les Territoires, pas en Israël. Aucun des attentats suicides évités n’a été prévu pour des cibles à l’intérieur de la Ligne verte, apparemment en raison du risque et de la complexité.

Les terroristes palestiniens de Cisjordanie en 2015 trouvent qu’il est beaucoup plus facile de se livrer à des fusillades ou de poser des bombes en bordure de route de l’usine dans les Territoires, avec les résidents d’implantation et les soldats comme cibles.

Les partisans palestiniens du Hamas participant à un rassemblement avant les élections du conseil étudiant à l'Université de Birzeit, à la périphérie de la ville de Ramallah, le mardi 6 mai 2014 (Crédit : Abbas Momani / AFP)
Les partisans palestiniens du Hamas participant à un rassemblement avant les élections du conseil étudiant à l’Université de Birzeit, à la périphérie de la ville de Ramallah, le mardi 6 mai 2014 (Crédit : Abbas Momani / AFP)

Il y a aussi des groupes qui sont mieux organisés, via des hiérarchies régionales en Cisjordanie. Mais ces groupes sont moins dangereux, car ils sont plus vulnérables à la fois aux efforts du Shin Bet et des renseignements de l’Autorité palestinienne.

Ils rappellent les hiérarchies terroristes du « Hamas classique », qui mobilisaient le soutien via une gamme de services sociaux, connu comme Dawa, à partir de laquelle ils ont appris à recruter des terroristes. Ils ont une présence impressionnante, par exemple, dans les syndicats d’étudiants du Hamas, y compris notamment ceux de l’Université An-Najah à Naplouse et à Bir Zeit au nord de Ramallah.

Le Hamas s’en sort extraordinairement bien dans les élections syndicales des étudiants de ces universités en raison de son activité sociale généralisée pour les étudiants.

Il y a aussi les infrastructures terroristes du Hamas en Cisjordanie qui sont dirigées par un « un centre de commande de Cisjordanie » depuis la bande de Gaza.

Un groupe de terroristes qui a été libéré lors de l’échange de prisonniers Gilad Shalit de 2011 et expulsé vers la bande de Gaza a créé, au sein de l’aile militaire du Hamas, une structure de commandement pour diriger les attaques terroristes en Cisjordanie.

Chaque membre de ce groupe est responsable d’une cellule, habituellement basée dans la région où il a l’habitude de vivre, et de superviser le recrutement.

Ce centre de commandement de Gaza est dirigé par un groupe de terroristes originaires de Hébron, dominé par Abd a-Rahman Ghanimat.

À l’occasion, ils transfèrent des fonds à leur peuple en Cisjordanie, mais leurs succès ont jusqu’à présent été assez limités. En dépit de leur fonctionnement au sein de l’aile militaire dans la bande de Gaza, il y a un degré de séparation sociale et même culturelle. Les membres du « centre de commandement en Cisjordanie » ne sont pas considérés comme étant particulièrement précieux, et sont considérés comme un peu étroit d’esprit et pédant.

Saleh al-Aruri (Crédit : YouTube)
Saleh al-Aruri (Crédit : YouTube)

Enfin, il y a des cellules du Hamas en Cisjordanie qui prennent les commandes du leadership à l’étranger. Le plus connu des chefs de la terreur à l’étranger est Saleh al-Arouri, qui aurait, selon Israël, orchestré en juin 2014 l’enlèvement et le meurtre des trois adolescents israéliens – l’acte terroriste qui a finalement déclenché la guerre de 50 jours de l’été dernier.

Selon un reportage de la Dixième chaîne, il a récemment quitté la Turquie et vit maintenant à Doha, au Qatar, aux côtés de la direction politique de son organisation.

Al-Arouri est considéré comme « le commandant militaire de la Cisjordanie », un opérateur capable, charismatique, soupçonneux, et fin, avec d’excellentes connexions à l’étranger et chez les Palestiniens. Dans le passé, il avait l’habitude de nous parler à nous les journalistes israéliens comme si c’était une routine pour lui.

Contrairement aux autres groupes terroristes et leurs dirigeants, al-Arouri se concentre en grande partie sur le long terme – la mise en place des cellules dormantes, la contrebande d’armes de haute qualité.

Ahmed a-Nagar, qui a passé du temps en Jordanie et coordonné la fusillade fatale du mois de juin en Csjordanie de Malachie Rosenfeld, est l’un des plusieurs autres exilés du Hamas qui travaillent en parallèle avec lui.

Al-Arouri préfère garder un profil bas dans l’ensemble et toutes les attaques ne sont pas coordonnées par lui.

Son principal objectif est de reconstruire les infrastructures du Hamas en Cisjordanie, qui a été lourdement endommagé au cours de la dernière décennie. Si le terrorisme palestinien d’aujourd’hui est marqué par l’absence d’un soutien organisationnel efficace, Al-Arouri est à l’avant-garde des efforts visant à changer cela.

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