Smotrich : Ben Gvir et la police « ont échoué » à juguler la criminalité chez les Arabes
"Nous devons être unis et ne pas nous laisser entraîner dans des attaques personnelles", a répondu le ministre de la Sécurité nationale à son allié, le ministres des Finances

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a appelé son ancien allié électoral, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, à s’abstenir de toute attaque personnelle, dimanche, après que son collègue d’extrême droite l’a accusé de ne pas avoir réussi à endiguer la violence au sein de la communauté arabe israélienne.
Lors d’une conférence co-parrainée par le journal Makor Rishon et le Jerusalem College of Technology, Smotrich a affirmé que l’Iran tentait de déstabiliser Israël en déversant des « centaines de milliers d’armes illégales » dans les communautés arabes et que les autorités étaient « loin de faire ce qu’il faut pour neutraliser ce risque à l’avance ».
« Dans cette affaire, la police et celui qui en est responsable ont complètement échoué », a-t-il affirmé, faisant valoir que la question « n’est pas résolue par l’attribution d’armes aux escadrons de sécurité » supervisés par le gouvernement, ce qui est la principale mesure politique de Ben Gvir.
Les escouades civiles de sécurité sont composées de volontaires et assurent généralement une meilleure sécurité dans les petites villes et les communautés des villes frontalières et des implantations de Cisjordanie, où la présence de la police est plus limitée. Israël a créé des centaines d’escouades de sécurité civile supplémentaires dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre.
Ben Gvir, chef du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, a annoncé trois jours après l’assaut du Hamas que son ministère avait acheté 10 000 fusils d’assaut pour les distribuer à ces escouades afin de renforcer la sécurité publique face à la menace terroriste accrue, notamment de la part du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
« Lorsque tous nos enfants sont unis au front, nous devons être unis et ne pas nous laisser entraîner dans des attaques personnelles », a répondu Ben Gvir à Smotrich dans un communiqué. « La gauche se frotte les mains de joie à cause des propos du ministre des Finances. »

« Malgré les attaques de la gauche et, malheureusement, de nos partenaires, nous poursuivrons le projet des escadrons de sécurité » et la distribution d’armes aux civils, a-t-il déclaré, faisant référence à l’approbation de plus de 100 000 permis de port d’armes depuis le 7 octobre.
Les alliés se brouillent
Les partis Otzma Yehudit de Ben Gvir et HaTzionout HaDatit de Smotrich se sont présentés ensemble aux élections de la Knesset de 2022 après que le chef de l’opposition de l’époque, Benjamin Netanyahu, a négocié un accord d’alliance entre les deux partis.
La faction unifiée d’extrême droite s’est subdivisée en ses partis constitutifs à la suite des élections, HaTzionout HaDatit détenant sept sièges parlementaires et Otzma Yehudit six.
Des sondages récents montrent que Ben Gvir reste populaire et pourrait remporter jusqu’à huit sièges si les élections avaient lieu aujourd’hui, tandis que HaTzionout HaDatit risque de ne pas atteindre le seuil minimum de voix nécessaire pour rester à la Knesset.
Criminalité arabe

La criminalité au sein de la communauté arabe est montée en flèche ces dernières années, avec plus d’Arabes tués dans des homicides en 2023 qu’au cours de n’importe quelle année précédente, selon un rapport dAbraham Initiatives, une organisation à but non-lucratif qui suit les statistiques de la criminalité.
De nombreux dirigeants de la communauté arabe israélienne imputent la vague de crimes à la police qui, selon eux, n’a pas réussi à sévir contre les puissantes organisations criminelles et a largement ignoré la violence – notamment les querelles familiales, les guerres de territoire entre mafias et la violence à l’égard des femmes. Les communautés ont également souffert d’années de négligence de la part des autorités de l’État.
Ils pointent également du doigt des décennies de négligence et de discrimination de la part des services gouvernementaux comme étant la cause première du problème.
Abraham Initiatives attribue la responsabilité de la forte hausse des homicides à Ben Gvir, dont le ministère est responsable du maintien de l’ordre et qui a été élu sur la base d’un programme visant à améliorer la sécurité des personnes.
La grande majorité des homicides – environ 88 % – ont été commis par balle, ce qui souligne le problème de la prolifération des armes à feu illégales dans la société arabe, a déclaré l’organisation, ajoutant que la police n’a résolu que 23 des affaires de meurtre, soit environ 10,5 %, contre 21 % en 2022 et 19 % en 2021.
En septembre dernier, le contrôleur de l’État Matanyahu Englman a qualifié d’inadéquate la réponse du gouvernement à la montée de la violence criminelle dans les villes arabes israéliennes, qualifiant cette augmentation « d’échec retentissant des gouvernements israéliens ».
« Le Premier ministre, le ministre de la Sécurité nationale et tous les ministres doivent agir pour éradiquer la criminalité dans la société arabe », avait-il déclaré à l’époque.
Non à un État palestinien

Outre les critiques adressées à Ben Gvir, Smotrich a également défendu la décision du gouvernement de légaliser plusieurs avant-postes en Cisjordanie et d’imposer une série de sanctions à l’Autorité palestinienne (AP), affirmant qu’il agissait pour empêcher la création d’un État palestinien, qui représenterait « un danger existentiel immédiat pour l’État d’Israël ».
« Le régime iranien a un plan méthodique pour la destruction conventionnelle de l’État d’Israël », a-t-il déclaré, affirmant qu’un État palestinien en Cisjordanie « multiplierait Gaza par vingt et la placerait dans une zone qui domine topographiquement et géographiquement l’ensemble de l’État d’Israël ».
« Et malheureusement et de façon absurde, même aujourd’hui, après le 7 octobre et après que le plan iranien est connu, il y a ceux qui luttent pour ce suicide collectif de toutes leurs forces », a-t-il poursuivi, se plaignant des critiques de la gauche et des médias sur la décision du cabinet de prendre des mesures contre Ramallah.
« Les Arabes de Cisjordanie peuvent, à Dieu ne plaise, transformer Kfar Saba en Kfar Aza, Raanana en Beeri, Netanya en Nahal Oz et Tel Aviv en Sderot en l’espace de quelques heures », a ajouté Smotrich, critiquant des politiciens comme Benny Gantz et Gadi Eisenkot qui, selon lui, font pression pour le retour de l’AP dans la bande de Gaza.
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