Englman : Les meurtres d’Arabes témoignent de l’échec des gouvernements
Le contrôleur de l'État pointe du doigt le manque de fonds, de taux d'emploi et d'éducation comme l'une des causes de l'explosion des crimes violents
Le contrôleur de l’État Matanyahu Englman a qualifié jeudi d’inadéquate la réponse du gouvernement à la montée de la violence criminelle dans les villes arabes israéliennes, qui a porté le nombre d’homicides dans la communauté à un niveau record cette année.
« La hausse de la criminalité dans la communauté arabe représente un échec retentissant des gouvernements israéliens », a déclaré Englman lors d’une conférence dans la ville de Sakhnin, dans le nord du pays, qualifiant la situation « d’inconcevable ».
« Le Premier ministre, le ministre de la Sécurité nationale et tous les ministres doivent agir pour éradiquer la criminalité dans la société arabe », a-t-il ajouté.
Se référant à un précédent rapport sur la question qu’il a publié il y a deux ans, Englman a noté que les taux de criminalité ont depuis grimpé en flèche, avec plus de membres de la communauté tués au cours du premier semestre de cette année que pendant toute l’année 2019.
Englman a déclaré que son bureau commencerait à rédiger un nouveau rapport sur la question, en se concentrant sur la réponse globale du gouvernement à la criminalité dans les localités arabes, notamment la coopération interministérielle et la mise en œuvre de plans pour traiter la question. Le rapport examinera également les actions du gouvernement contre le crime organisé, « la réponse systémique » aux armes à feu illégales et les efforts déployés pour lutter contre la « criminalité économique ».
Englman a également indiqué que le rapport étudierait les causes de la violence, qu’il a qualifiées de multiples. Il a notamment souligné le fait que plus de 50 000 jeunes Arabes sont désœuvrés et en marge des systèmes d’éducation et d’emploi. Avec 29 % de la classe d’âge, cela représente plus du double de la moyenne de l’OCDE.
Il a fait remarquer que le gouvernement avait déjà consacré quelque 400 millions de shekels à cette question, alors que l’économie perdait potentiellement 5 milliards de shekels en raison du manque relatif de contribution des jeunes Arabes.
Une vague de crimes violents a submergé la communauté arabe ces dernières années. Les autorités ont blâmé l’essor du crime organisé et la prolifération des armes, tandis que d’autres ont pointé du doigt l’incapacité des communautés à coopérer avec les forces de l’ordre pour éradiquer les criminels.
De nombreux dirigeants de la communauté imputent la vague de crimes à la police qui, selon eux, n’a pas réussi à sévir contre les puissantes organisations criminelles et a largement ignoré la violence. Ils pointent également du doigt des décennies de négligence et de discrimination de la part des services gouvernementaux comme étant la cause première du problème.
Selon The Abraham Initiatives, une organisation à but non lucratif qui recense les crimes violents dans la communauté arabe, 174 membres de la communauté arabe d’Israël ont été tués depuis le début de l’année, principalement dans des fusillades, liée en grande partie au crime organisé. Ce chiffre représente plus du double des 77 personnes tuées dans la communauté à la même époque l’année dernière.
En ce qui concerne les décès dus aux accidents de la route, Englman a déclaré : « Ce n’est pas une fatalité que 33 % des personnes tuées dans des accidents entre 2014 et 2022 soient arabes. C’est un pourcentage très élevé. Les Arabes représentent 21 % de la société israélienne. »
« Nous critiquons le ministère des Transports et l’Autorité nationale de sécurité routière, mais nous critiquons aussi les autorités locales, où seulement 10 % des étudiants reçoivent des conseils sur la sécurité routière. »
Sur la question de la violence, Issa Khoury, du Forum économique arabe, a déclaré : « C’est une tragédie. Nous avons affaire à des centaines de morts, de blessés et de handicapés. C’est une chose que nous ne pouvons pas ignorer ni passer sous silence. »
Il a ajouté que la population arabe devait s’unir politiquement pour améliorer sa situation en général, car « nous pouvons constituer une force électorale impressionnante dans le pays ». « Nous devons atteindre 18 sièges à la Knesset, afin d’expliquer à la population arabe l’importance de voter. C’est ainsi que l’on peut changer les choses, que l’on peut écrire l’histoire. »