TikTok : plus de 70 000 publications à caractère nazi découvertes en deux jours
Deux journalistes de Sky News ont enquêté sur le contenu néo-nazi sur la plateforme chinoise
La chaîne de télévision britannique Sky News a découvert plus de 70 000 publications utilisant des extraits de discours et de marches nazis au terme de seulement deux jours d’enquête sur TikTok.
Les journalistes Sam Doak et Tom Cheshire ont relevé pas moins de 72 534 publications faisant l’apologie du nazisme entre le 2 et le 3 septembre dernier.
Au total, elles ont été likées plus de 21 millions de fois. Les vidéos les plus populaires, et comprenant des discours de Hitler, ont été likées près de 2,5 millions de fois.
Une publication en particulier, qui montre une image d’un rassemblement de Nuremberg accompagné d’un discours d’Hitler, a été likée par plus de 56 700 utilisateurs.
Dans l’espace de commentaires visible sous la vidéo, un utilisateur déclare que « la société moderne a absolument besoin de lui [Hitler] ». Un autre dit : « Tu nous manques ». Le commentaire a été liké 1 695 fois.
Interpellée par Sky News, l’équipe de TikTok explique : « Ce contenu a été immédiatement supprimé parce qu’il enfreignait nos politiques strictes de lutte contre les discours haineux. Nous formons régulièrement nos professionnels de la sécurité et mettons à jour nos mesures de protection afin de détecter en permanence les comportements haineux. Nous supprimons 91 % de ce type de contenu avant qu’il ne nous soit signalé. »
Les 9 % restants passent sous les radars de la modération, parce qu’ils contiennent des bandes-son qui sont plus difficiles à contrôler.
En effet, des extraits de discours d’Adolf Hitler sont transformés en bandes-son qui peuvent ensuite être intégrées par les utilisateurs du réseau social dans n’importe quelle vidéo.
Ces sons sont ensuite mélangés à un nouveau genre musical, le Drift Phonk, qui se caractérise notamment par l’utilisation de sons distordus qui rendent les paroles des « samples » souvent méconnaissables. Les artistes et producteurs de ces musiques ne sont jamais tenus au courant de l’utilisation de leurs œuvres dans de telles vidéos.
Or, si ce type de contenu se diffuse aussi largement, c’est parce que « les plateformes ne modèrent pas suffisamment la haine et les contenus extrémistes », estime Hannah Rose, spécialiste de la haine et de l’extrémisme à l’Institut pour le dialogue stratégique.