Tunisie : Le parti islamiste Ennahdha dénonce l’accord Israël-Emirats
Le parti dénonce une "violation des droits du peuple palestinien et un appui à l’occupation" ; le président considère toute relation avec Israël comme un acte de "haute trahison"

Le parti islamiste tunisien Ennahda, accusé ce mardi d’avoir « ruiné le pays et noyé l’administration » quand il était au pouvoir, a dénoncé dans un communiqué la semaine dernière la signature de l’accord bilatéral entre Israël et les Emirats arabes unis.
Le parti dénonce ainsi une « violation des droits du peuple palestinien et un appui à l’occupation sioniste », selon le média tunisien francophone Réalités. « Ennahda a, par ailleurs, exprimé sa disposition à coordonner avec les partis politiques et organisations nationales pour condamner la position émiratie et y faire face », est-il ajouté.
Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée des représentants du peuple et dirigeant du parti islamiste Ennahda, a lui aussi vivement condamné en son nom l’accord.
Plusieurs pays arabes, ainsi que l’Iran, ont dénoncé l’accord historique, conclu par l’entremise de l’administration Trump. D’autres, notamment Oman et Bahreïn, l’ont félicité et pourraient prochainement signer un accord similaire avec Israël.
La Tunisie et Israël n’ont pas de relations diplomatiques officielles depuis les années 1950.
Kaïs Saïed, président actuel de la République tunisienne depuis le 23 octobre 2019, considère toute relation avec Israël pour un acte de « haute trahison ». Son militantisme virulent contre Israël lui a valu d’être accusé d’antisémitisme par des observateurs et sur les réseaux sociaux.
L’an dernier, René Trabelsi, Juif et alors ministre tunisien du Tourisme, s’était lui aussi exprimé « contre la normalisation avec Israël ».
En Tunisie, les propos, actes et comportements anti-sionistes et antisémites sont courants. En 2017, le Times of Israël avait publié un reportage sur la situation des Juifs en Tunisie.
« Des facteurs variés, notamment la violence à l’encontre des Juifs tolérée par l’Etat à la suite de la victoire d’Israël contre ses voisins lors de la guerre des Six jours de 1967, ont petit à petit vidé la Tunisie des 110 000 Juifs qui y vivaient avant le début des années 1970 », écrivait alors le journaliste Cnaan Liphshiz de l’agence JTA. « Quelques douzaines de familles sont parties après la révolution de 2011 qui avait brièvement installé au pouvoir un parti islamiste et anti-israélien. »
« En Tunisie, les expressions d’antisémitisme – qui présentent souvent un vernis anti-israélien – continuent », ajoutait-il – des actes touchant régulièrement les
1 700 Juifs restant dans le pays.
La loi tunisienne prône officiellement le boycott de l’État juif.