Un ex-ministre de l’AP dit avoir démissionné à cause de la corruption à Ramallah
Shawqi al-Issa affirme être resté silencieux par respect pour la vague de violences de 2015, et fustige l’AP qui n’a pas soutenu les attaques au couteau
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
Un ancien ministre de l’Autorité palestinienne (AP) a fustigé dimanche le gouvernement de Ramallah pour sa corruption, et a affirmé que les pratiques douteuses l’avaient poussé à démissionner.
Shawqi al-Issa, qui a été ministre de l’Agriculture et ministre des Affaires sociales du gouvernement d’unité palestinienne formé en juin 2014, a démissionné en octobre 2015. Il n’avait pas expliqué les raisons de sa démission à ce moment.
Dimanche, sur Facebook, Issa a expliqué qu’il avait démissionné à cause du fort niveau de corruption du gouvernement palestinien.
« Il n’était ni possible, ni autorisé de mener une quelconque action utile pour réduire la corruption, ou pour améliorer les services fournis à notre population », a-t-il écrit.
Il a ajouté que « les responsables très qualifiés et non corrompus continuent d’être évincés, alors que ceux qui sont soupçonnés de corruption sont renforcés. »
Au début de son post, Issa fait référence à un scandale de corruption qui s’est produit dans la bande de Gaza en 2014, sans donner plus d’informations.

En octobre 2014, le ministère d’Issa a été pris dans un scandale de détournement de l’aide internationale destinée aux Gazaouis.
Avec son message Facebook, Issa a publié ce qu’il a dit être sa lettre originale de démission adressée à Rami Hamdallah, Premier ministre de l’AP.
« Vous connaissez très bien la quantité de faits de corruption qui ont éclos autour de moi. Je suis resté patient […], je vous ai présenté plus d’une fois les détails de corruption politique et financière. Malheureusement, rien n’a été fait à part ce que j’essayais de faire grâce à la commission anti-corruption », a-t-il écrit.
« Vous avez toujours dit que vous souteniez ce que je faisais, mais malheureusement, cela ne s’est pas reflété dans la réalité », a-t-il ajouté.
Un sondage publié par le Palestinian Center for Policy and Survey Research le 5 juillet a montré que 79 % des Palestiniens pensent que les institutions de l’AP sont corrompues.
L’ancien ministre a expliqué n’avoir rien dit au moment où il avait démissionné parce que « ce n’était pas le bon moment, puisque le soulèvement populaire était à son pic, et le nombre de martyrs augmentaient tous les jours. »
Au moment de la démission d’Issa, une vague persistante d’attaques palestiniennes au couteau, à la voiture bélier et à main armée contre des Israéliens prenaient de l’ampleur.
Sur Facebook, l’ancien ministre a critiqué le gouvernement palestinien pour ne pas avoir soutenu la vague de violences contre Israël à l’époque.
Il a également dit être resté silencieux parce qu’il ne voulait pas permettre que l’on dise qu’il « sabotait » le fragile consensus gouvernemental entre le Fatah et le Hamas.
Il a ajouté qu’il était à présent « clair que la réconciliation et l’unité étaient un rêve naïf. »

Le groupe terroriste du Hamas, qui règne sur la bande de Gaza, et le Fatah, qui domine l’Autorité palestinienne de Cisjordanie, sont à couteaux tirés depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007.
Depuis, de multiples tentatives de réconciliation ont échoué. L’AP a pris une série de mesures sévères visant à prendre le pouvoir au Hamas, notamment en réduisant l’électricité, l’aide médicale et les salaires des fonctionnaires dans la bande de Gaza.
Une source interne au ministère d’Issa avait indiqué au site d’information palestinien Safa après sa démission qu’il avait quitté son poste en raison de son opposition à la manière dont les paiements des aides sociales étaient retenus par le gouvernement.