Un ministre de l’AP accuse Israël de fomenter la protestation sociale actuelle
Le Premier ministre de l'AP a ordonné une enquête après que l'ancien chef de cabinet d'Abbas a accusé Israël d'être derrière les manifestations à Hébron contre une réforme sociale
Le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Rami Hamdallah a ordonné une enquête au sujet d’une étrange déclaration d’un responsable palestinien dans laquelle il semble accuser Israël d’être à l’origine des manifestations actuelles contre une réforme du système de sécurité sociale, a indiqué un porte-parole du Premier ministre dimanche.
Le ministre du Gouvernement local de l’AP, Hussein al-Araj, a déclaré la semaine dernière que les manifestations à Hébron contre un nouveau système de sécurité sociale décidé par l’AP étaient chapeautés par quelqu’un résidant dans une implantation en Cisjordanie.
Des responsables palestiniens et une branche locale du Fatah avaient condamné ces propos.
« Le Premier ministre a immédiatement décidé de monter une commission d’enquête ministérielle pour vérifier ces déclarations et les réponses qu’elle reçoit, a déclaré le porte-parole d’Hamdallah. « Le gouvernement adressera ses recommandations au président Mahmoud Abbas. »
Des Palestiniens travaillant dans le secteur privé défilent dans la rue depuis plusieurs mois pour signifier leur opposition à une nouvelle institution de sécurité sociale créée par l’AP et qui doit être financée par une hausse des impôts.
Les manifestants disent ne pas faire confiance à l’institution de l’AP pour gérer leur argent.
La loi établissant cette nouvelle structure implique des versements immédiats des Palestiniens du secteur privé et d’autres ultérieurs. En contrepartie, la loi stipule que l’entité leur versera les pensions de traite et d’autres allocations.
Les plus grandes manifestations ont eu lieu à Hébron, la ville la plus peuplée de Cisjordanie. Des mouvements de protestation ont également été organisés à Ramallah et ailleurs.
D’après l’ancien chef de cabinet d’Abbas, l’individu à l’origine des manifestations à Hébron habiterait dans l’implantation de Kiryat Arba voisine.
Il n’a pas mentionné son nom ni spécifié s’il s’agissait d’un Israélien ou d’un Palestinien dans son discours tenu devant des dizaines de personnes à l’occasion d’un événement en Cisjordanie.
Ses propos ont suscité la furie des Palestiniens d’Hébron qui les ont interprétés comme une tentative de dénigrement des manifestations populaires, comme l’a fait savoir par téléphone Mahzouz Shlalda, un pseudo-militant israélien de la ville.
« En gros, il a voulu dire que les gens d’Hébron étaient la proie d’un projet israélien, » a-t-il expliqué. « Ce qu’il a dit est désobligeant et dénigrant. »
Après l’apparition d’un extrait vidéo de ses propos sur Twitter et Facebook vendredi, plusieurs représentants palestiniens les ont condamnés.
« Nous réfutons toute personne qui insulte Hébron et ses habitants, » a déclaré le maire de la ville Tayseer Abu Sneinah dans un communiqué.
La branche du Fatah à Hébron a également fustigé ces accusations, les jugeant « inacceptables » et appelant Hamdallah à renvoyer le ministre en cause.
Dimanche, Araj, également ancien gouverneur de l’AP à Hébron, fait savoir qu’il faisait référence à une « personne en particulier » qui avait insulté et menacé le gouvernement de l’AP, et pas le peuple d’Hébron, ajoutant qu’il s’excusait si ces propos ont été compris différemment.
Lundi, Ahmad Shami, un autre porte-parole de l’AP, a indiqué au Times of Israel que la commission d’enquête se pencherait sur les déclarations d’Araj à son retour de Beyrouth, où il se trouve pour une réunion de la Ligue arabe.
Il n’a pas précisé quand celle-ci rendrait ses conclusions.