Un responsable des implantations appelle à faire vacciner les Palestiniens
David Elhayani et un activiste palestinien ont convenu de l'urgence de faire immuniser les résidents de Cisjordanie avec une campagne de vaccination dans l'impasse
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Un responsable du mouvement pro-implantations a appelé Israël à faire vacciner les Palestiniens de Cisjordanie et à faire payer ces vaccinations en déduisant le coût des revenus fiscaux collectés par Jérusalem qui sont transmis à Ramallah.
Cette déclaration de David Elhayani, qui préside l’organisation-cadre du Conseil de Yesha regroupant les maires d’implantation, a suivi une rencontre organisée à son bureau du Conseil régional de la vallée du Jourdain avec Muhammad Arif Masad, activiste anti-Autorité palestinienne à la tête d’un syndicat représentant les travailleurs palestiniens en Israël et dans les implantations.
« En nos deux noms, j’appelle le gouvernement israélien à faire vacciner les Palestiniens. Nous vivons ensemble, en Judée et Samarie comme dans l’État d’Israël et le moment est venu de faire vacciner tout le monde », a dit Elhayani, lundi.
« Je suis venu ici pour établir clairement aux yeux de tous que l’avenir de nos enfants est entre nos mains », a dit Masad à Elhayani, selon un communiqué de presse du conseil de Yesha.

« Soit nous mettrons en place un avenir qui, pour eux, ne verra pas le sang couler, soit ils hériteront de la même destinée que celle que nous avons subie – celle d’animaux prédateurs », a continué Masad.
« Nous sommes là pour préserver notre santé et la santé de notre peuple tout entier. Le vaccin, qui est important pour nous et qui nous permettra de préserver notre santé, sera tout aussi important pour vous, parce que vous allez préserver la vôtre », a-t-il ajouté.
Masad est devenu une personnalité marginalisée parmi les Palestiniens de Cisjordanie en raison de sa volonté de coopérer non seulement avec les Israéliens à l’intérieur de la Ligne verte, mais également avec les responsables d’implantation.
La rencontre qui a eu lieu lundi est survenue alors que les Territoires palestiniens de Cisjordanie ont commencé une semaine de confinement total, dans un contexte « de recrudescence sans précédent des cas de COVID-19 », ont fait savoir les responsables palestiniens.
Jusqu’à lundi et depuis deux semaines, la Cisjordanie était soumise à un couvre-feu nocturne assorti d’un confinement imposé pendant le week-end mais ces mesures semblent avoir été impuissantes à apaiser la vague des infections.
Le nombre de cas actifs de coronavirus avait presque doublé en Cisjordanie au cours des quinze derniers jours, passant de 9 632 à 18 599 cas actifs. Le bilan des décès avait lui aussi augmenté rapidement. Il y a eu 27 morts consécutives à une forme grave de la COVID-19 dans la journée de dimanche, et ce, jusqu’à la matinée de lundi.
Mais avec un dépistage médiocre – seulement environ 5 500 tests avaient été réalisés samedi par l’Autorité palestinienne sur une population qui dépasse les 2,8 millions d’habitants – le nombre de malades pourrait être largement supérieur aux chiffres connus. Environ 30 % des tests de dépistage étaient revenus positifs, samedi, dans toute la Cisjordanie, indiquant que le virus se propage probablement sans être détecté.

Si Israël a été leader mondial dans sa campagne d’immunisation massive, une telle campagne publique n’a pas encore seulement commencé chez les Palestiniens. L’AP a passé des contrats avec plusieurs fournisseurs – notamment AstraZeneca et avec la Russie et la Chine – pour obtenir des doses. Un nombre très modeste de vaccins est arrivé jusqu’à présent.
Les responsables de l’Autorité palestinienne ont fixé des calendriers publics répétés pour l’arrivée des vaccins – sans résultat. Ils devaient être potentiellement mis à disposition fin janvier, début février, mi-février et début mars, mais ces échéances sont restées vaines.

Ramallah affirme se préparer à recevoir deux millions de doses de vaccin AstraZenaca au cours du mois d’avril. Selon la ministre de la Santé de l’Autorité palestinienne, Mai al-Kaila, environ 100 000 vaccins Sinopharm chinois devraient entrer sur le territoire dans les prochaines semaines.
L’AP s’attend également à obtenir environ 37 000 vaccins Pfizer ainsi que 240 000 à 405 600 vaccins AstraZeneca dans le cadre du programme COVAX, un programme mondial de vaccination pour les pays pauvres ou à revenu moyen qui est soutenu par l’Organisation mondiale de la Santé.
Après de nombreux obstacles bureaucratiques, les vaccins Pfizer, qui doivent être administrés aux employés du secteur de la Santé, devraient arriver à Ramallah le 17 mars, a confié une source de l’Organisation mondiale de la Santé au Times of Israël.
Environ 12 000 doses de vaccins ont été livrées à l’AP jusqu’à présent –
2 000 vaccins Moderna, donnés par Israël, et 10 000 doses du vaccin russe Sputnik V. Environ 2 000 doses de ces vaccins ont été envoyées dans la bande de Gaza et environ 200 en Jordanie, a fait savoir le ministère de la Santé palestinien.
Les 9 000 vaccins restants ont été alloués à la Cisjordanie, a ajouté le ministère de la Santé. Mais leur distribution a donné lieu à des accusations de népotisme et de corruption, avec un certain nombre de doses qui ont été administrées à des personnes proches des responsables du gouvernement au détriment des personnels de santé.
Dans un communiqué, Ramallah a reconnu que certaines doses avaient été données à des officiels gouvernementaux, à certains jeunes étudiants et aux membres de l’équipe national de football. Ils ont néanmoins maintenu que 90 % des vaccins avaient été administrés aux personnels qui se trouvent actuellement sur le front de la pandémie.
Aaron Boxerman a contribué à cet article.