« Wagons de migrants » : Orban compare la réforme de l’asile à la Shoah
Selon le texte proposé, les Etats membres seraient tenus d'accueillir chacun un certain nombre des demandeurs d'asile arrivés dans un pays de l'UE soumis à une pression migratoire
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, critiquant vendredi le projet européen de réforme du système d’asile, s’est demandé s’il allait falloir « contraindre par la force » des demandeurs d’asile présents en Allemagne à « monter dans des wagons » pour la Hongrie.
L’opposition a aussitôt dénoncé un « parallèle honteux avec l’Holocauste ».
Vent debout contre le récent accord prévoyant une solidarité obligatoire entre les Etats membres dans la prise en charge des réfugiés, le dirigeant ultra-nationaliste a dénoncé à la radio « des règles qui donnent à Bruxelles le droit de dire comment répartir les migrants ».
« Vont-ils attraper les migrants en Allemagne qui ne veulent pas venir ici, les rassembler, les transporter dans des wagons et les décharger chez nous ? », a lancé Viktor Orban.
« Tout pays qui ne permet pas aux migrants d’entrer sera contraint de le faire par la force », a-t-il dénoncé dans un entretien hebdomadaire à un média proche du pouvoir.
Le responsable hongrois avait déjà jugé la semaine dernière l’accord « inacceptable », accusant Bruxelles « d’abuser de son pouvoir ».
Selon la réforme proposée, les Etats membres seraient tenus d’accueillir chacun un certain nombre des demandeurs d’asile arrivés dans un pays de l’UE soumis à une pression migratoire (en fonction de leur population et de leur PIB/habitant), ou à défaut d’apporter une contribution financière de 20 000 euros par personne.
Le vote nécessitait l’aval de 15 des 27 pays membres, représentant au moins 65 % de la population de l’UE. La Pologne et la Hongrie ont voté contre.
L’accord trouvé ouvre la voie à des pourparlers avec le Parlement européen, en vue d’une adoption de la réforme avant les élections européennes de juin 2024.
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« Il est juste incapable d’arrêter ses parallèles honteux avec l’Holocauste », a réagi la députée européenne libérale Katalin Cseh, alors que Viktor Orban avait comparé l’UE à l’expansionnisme nazi le mois dernier.
« Charlemagne, Napoléon, Hitler… ils ont tous rêvé de l’unité européenne », avait-il déclaré lors d’un discours. « Et c’est encore le cas aujourd’hui, souveraineté nationale et rêve impérial se font face ».
Sous l’égide de Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, la Hongrie a bâti des clôtures à ses frontières et restreint le dépôt des demandes d’asile aux ambassades à l’étranger, une politique qui lui a valu plusieurs condamnations de la Cour de justice de l’UE.
L’an dernier, seules 18 personnes y ont obtenu le statut de réfugiés, un chiffre dont la faiblesse n’a pas d’équivalent dans d’autres pays de l’Union européenne.