Warren suggère que Trump a éliminé Soleimani pour distraire de sa destitution
La candidate estime que le moment de la frappe et les justifications de la Maison Blanche éveillent des soupçons au vu des efforts du Congrès pour évincer le président

La candidate démocrate à la présidence des États-Unis, Elizabeth Warren, a laissé entendre dimanche que le président américain Donald Trump avait ordonné l’élimination du général iranien Qassem Soleimani afin de détourner l’attention de la procédure de destitution engagée par Washington.
Warren a déclaré que le timing de la frappe et les explications de la Maison Blanche à ce sujet étaient suspects à la lumière des déboires juridiques de Trump. Elle a suggéré que Trump avait créé des distractions similaires au cours de l’été lorsque son appel téléphonique controversé avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait la Une des journaux pour la première fois.
Dans une interview à la chaîne NBC, Warren a été interrogée sur l’affirmation du secrétaire d’État américain Mike Pompeo selon laquelle il était dangereux de ne pas agir contre Soleimani.
« Nous ne sommes pas plus en sécurité parce que Donald Trump a fait tuer Soleimani. Nous sommes beaucoup plus près d’une guerre. La question est pourquoi maintenant ? Pourquoi pas il y a un mois, pourquoi pas dans un mois ? Et l’administration ne peut tout simplement pas maintenir son histoire claire. Elle va dans tous les sens », a dit Warren, lors d’une pause dans la campagne électorale dans l’Iowa, plusieurs semaines avant la tenue du premier caucus démocrate de l’État.
Warren était considérée comme favorite pour l’investiture démocrate, mais elle a perdu du terrain par rapport aux autres candidats au cours des dernières semaines.

Après que l’appel à l’Ukraine a été rendu public, « l’administration a fait la même chose. Ils pointent dans toutes les directions et donnent un tas de réponses différentes. Et bien sûr, il s’est avéré que Donald Trump fait ce que Donald Trump fait, c’est-à-dire qu’il fait passer ses propres intérêts politiques en premier », a-t-elle dit.
« Je pense que les gens commencent à se demander pourquoi il a fait cela maintenant, pourquoi il n’a pas attendu… et pourquoi celui-ci est si dangereux au point de nous amener vraiment au bord de la guerre et c’est quelque chose qui nous met en danger, qui met en danger le Moyen-Orient, qui met en danger le monde entier », a dit Warren. « C’est le travail du président de garantir notre sécurité et ce n’est pas ce que fait Donald Trump. »
Dans un autre entretien avec CNN, Warren a déclaré que Trump était « profondément bouleversé » par la procédure de destitution engagée contre lui. « Je pense que les gens se demandent raisonnablement pourquoi maintenant ? Pourquoi choisit-il maintenant de prendre cette mesure incendiaire et très dangereuse qui nous rapproche de la guerre ? Nous sommes en guerre depuis 20 ans au Moyen-Orient, nous devons arrêter cette guerre au Moyen-Orient, et non l’étendre », a-t-elle dit.
Elizabeth Warren on the Qasem Soleimani strike: "I think that the question that we ought to focus on is why now? Why not a month ago and why not a month from now? And the answer from the administration seems to be that they can't keep their story straight on this." #CNNSOTU pic.twitter.com/bEcDAEf5Bi
— CNN (@CNN) January 5, 2020
« Je pense que les gens s’interrogent raisonnablement sur le timing et sur la raison pour laquelle l’administration semble avoir toutes sortes de réponses différentes. »
Elle a déclaré que la Maison Blanche avait d’abord dit que l’élimination de Soleimani avait empêché une attaque imminente, puis avait prétendu que cela avait empêché une attaque future, puis le vice-président Mike Pence l’a lié aux attentats au 11 septembre, puis des rapports de presse ont dit que la menace était probablement exagérée.
Warren a déclaré que l’administration Obama avait cherché à désamorcer les tensions avec l’Iran, malgré la belligérance persistante de ce pays, mais que Trump avait rapidement fait remonter la tension. À la suite de l’élimination de Soleimani, Téhéran a déclaré dimanche qu’il se retirait complètement de l’accord nucléaire négocié avec les puissances mondiales sous la direction du gouvernement Obama et qu’il n’observerait plus de restrictions sur son enrichissement d’uranium, ses stocks ou sa recherche et développement.
Vendredi matin, une salve de missiles a frappé l’aéroport international de Bagdad, touchant un convoi appartenant au groupe Hachd al-Chaabi, une coalition paramilitaire irakienne ayant des liens étroits avec l’Iran. Quelques heures plus tard, le Corps des Gardiens de la Révolution a annoncé que Soleimani « a été martyrisé dans une attaque de l’Amérique sur l’aéroport de Bagdad ce matin ».

Les dirigeants iraniens et les représentants chiites du pays, y compris le groupe terroriste libanais du Hezbollah, ont juré de se venger des États-Unis et d’Israël pour ce meurtre.
Des roquettes ont été tirées à plusieurs reprises sur la zone verte de Bagdad, qui abrite l’ambassade américaine, ces dernières semaines, y compris dimanche. Le groupe anti-américain Kataeb Hezbollah avait averti les forces de sécurité irakiennes de « s’éloigner » des troupes américaines dans les bases communes à travers l’Irak avant 17 heures dimanche, laissant entrevoir de nouvelles attaques.
Le Parlement irakien a voté dimanche l’expulsion des troupes américaines du pays en réponse à l’élimination de Soleimani, ce qui entravera probablement les efforts en cours pour combattre le groupe terroriste Etat islamique.
Les Etats-Unis ont déclaré envoyer quelque 3 500 soldats au Moyen-Orient pour servir de renforts face à la montée en flèche des tensions.