Washington a tiré plus de 40 millions de dollars de la saisie de pétrole iranien
Le département du Trésor américain a en outre annoncé de nouvelles sanctions contre onze entités liées à la vente et à l'achat de produits pétrochimiques iraniens
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi avoir gagné plus de 40 millions de dollars de la revente de pétrole iranien saisi sur quatre tankers qui se dirigeaient vers le Venezuela.
Washington avait annoncé en août la confiscation de 1,1 million de barils de pétrole, destinés à être vendu au Venezuela pour le compte des Gardiens de la Révolution, que Washington considère comme une organisation terroriste.
« Nous pouvons désormais annoncer que les Etats-Unis ont vendu et livré ce pétrole » à un tiers, a déclaré le ministre adjoint de la Justice John Demers lors d’une conférence de presse téléphonique.
« Nous avons l’intention de transmettre les sommes issues de cette vente au fonds des victimes américaines de terrorisme d’Etat », a-t-il ajouté.
« Nous estimons à plus de 40 millions les sommes récupérées », a précisé le procureur en charge du dossier Michael Sherwin, selon lequel il s’agit de la plus importante saisie de pétrole iranien jamais réalisée par les Etats-Unis.
L’argent « sera désormais bien mieux utilisé que les deux régimes, l’Iran et le Venezuela, n’auraient pu l’imaginer, car il permettra de venir en aide aux victimes du terrorisme plutôt qu’aux auteurs de tels actes », a déclaré Elliott Abrams, représentant spécial du département d’État pour l’Iran et le Venezuela.
« C’est donc une justice à la fois poétique et tangible », a-t-il ajouté.
Une autre plainte de confiscation du ministère de la Justice porte sur des missiles iraniens saisis sur des navires sans pavillon en novembre et février. Les fonctionnaires affirment que la cargaison était destinée à des groupes militants au Yémen.

Le Venezuela possède les plus grandes réserves de pétrole du monde mais sa production s’est effondrée et le pays manque de carburant. Les sanctions américaines contre le régime du président Nicolas Maduro l’ont obligé à se tourner vers des alliés comme l’Iran.
En août, Téhéran avait toutefois démenti être propriétaire des navires interceptés et juré « n’avoir rien à voir » avec cette livraison.
Par ailleurs, le gouvernement américain a annoncé jeudi une nouvelle série de sanctions contre 11 entités et 5 personnes liées à la vente et à l’achat de produits pétrochimiques iraniens.
Les entreprises sanctionnées – basées en Iran, en Chine et à Singapour – sont accusées d’avoir facilité les transactions de la société Triliance Petrochemical Co. Ltd, qui a été sanctionnée par le département du Trésor au début de l’année.
« Le régime iranien bénéficie d’un réseau mondial d’entités facilitant le secteur pétrochimique iranien », a déclaré le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin dans un communiqué. « Les États-Unis restent déterminés à cibler toute source de revenus que le régime iranien utilise pour financer les groupes terroristes et opprimer le peuple iranien. »
Selon le département du Trésor, Triliance a fourni des fonds et un soutien à la force du Corps des gardiens de la révolution islamique, désignée par les États-Unis comme un groupe terroriste. Les ventes de produits pétrochimiques sont une source majeure de revenus pour l’Iran, et les États-Unis affirment que Téhéran utilise les fonds de ce secteur pour financer un « programme déstabilisateur » au Moyen-Orient et au Venezuela.
Les dernières sanctions surviennent trois jours après que des peines similaires ont été infligées au secteur pétrolier iranien et que la Maison Blanche semble déterminée à intensifier sa campagne de « pression maximale » contre la République islamique à moins d’une semaine des élections. Le président américain Donald Trump a déclaré que cette stratégie amènerait l’Iran à la table des négociations s’il gagne le 3 novembre.
Dans le cadre des nouvelles mesures annoncées lundi, l’administration a déclaré qu’elle désignait la National Iranian Oil Company, le ministère iranien du pétrole et la National Iranian Tanker Company sous une autorité antiterroriste, ce qui signifie que toute future administration devra prendre des mesures légales pour inverser la conclusion.
Le département du Trésor a émis les sanctions en liant les trois entités à la force d’élite des gardiens de la révolution, dont le commandant, Qassem Soleimani, a été tué lors d’une attaque américaine à l’aéroport de Bagdad en janvier.
Depuis qu’il s’est retiré en 2018 de l’accord international censé empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire, le président américain a rétabli puis durci toutes les sanctions des Etats-Unis, notamment l’embargo sur le pétrole iranien.
Joe Biden, qui est en tête des sondages en vue de l’élection de mardi prochain, soutient la diplomatie avec l’Iran et a appuyé un accord négocié sous l’ancien président Barack Obama, en vertu duquel Téhéran a fortement réduit ses activités nucléaires en échange de promesses d’allégement des sanctions.