Israël en guerre - Jour 344

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1945 : le voyage dans l’horreur d’un photographe à la recherche de sa mère

Eric Schwab s'était évadé d'une prison après la débâcle de l'armée française pour entrer dans la Résistance

  • Cette photo prise le 1er mai 1945 montre un juif russe non identifié de 18 ans, prisonnier de camp, souffrant de dysenterie, à la libération du camp de concentration nazi de Dachau, près de Munich. (Crédit : Eric Schwab / AFP)
    Cette photo prise le 1er mai 1945 montre un juif russe non identifié de 18 ans, prisonnier de camp, souffrant de dysenterie, à la libération du camp de concentration nazi de Dachau, près de Munich. (Crédit : Eric Schwab / AFP)
  • Sur cette photo prise le 1er mai 1945, des soldats américains regardent un tas de corps de prisonniers dans un train près du camp de concentration de Dachau, après que le camp a été libéré par l'armée américaine le 29 avril 1945. (Crédit : Eric Schwab / AFP)
    Sur cette photo prise le 1er mai 1945, des soldats américains regardent un tas de corps de prisonniers dans un train près du camp de concentration de Dachau, après que le camp a été libéré par l'armée américaine le 29 avril 1945. (Crédit : Eric Schwab / AFP)
  • Sur cette photographie prise le 29 avril 1945, des prisonniers français observent une minute de silence, lors de la libération du camp de concentration nazi de Dachau, près de Munich, par les troupes alliées. (Crédit : Eric Schwab / AFP)
    Sur cette photographie prise le 29 avril 1945, des prisonniers français observent une minute de silence, lors de la libération du camp de concentration nazi de Dachau, près de Munich, par les troupes alliées. (Crédit : Eric Schwab / AFP)
  • Sur cette photo prise le 29 avril 1945, un soldat américain regarde un panneau devant la porte d'une chambre à gaz du camp de concentration nazi de Dachau, lors de la libération du camp par les troupes alliées. (Crédit : ERIC SCHWAB / AFP)
    Sur cette photo prise le 29 avril 1945, un soldat américain regarde un panneau devant la porte d'une chambre à gaz du camp de concentration nazi de Dachau, lors de la libération du camp par les troupes alliées. (Crédit : ERIC SCHWAB / AFP)
  • Sur cette photographie prise en avril 1945, des survivants du camp de concentration nazi de Buchenwald sont assis sur une latrine, après la libération du camp par les troupes alliées. (Crédit : Eric Schwab/AFP)
    Sur cette photographie prise en avril 1945, des survivants du camp de concentration nazi de Buchenwald sont assis sur une latrine, après la libération du camp par les troupes alliées. (Crédit : Eric Schwab/AFP)

Des visages émaciés, des regards apeurés, des empilements de cadavres, les portes d’un four crématoire : au printemps 1945, un photographe de l’AFP documente l’horreur des camps d’extermination nazis.

Ancien photographe de mode, prisonnier évadé après la débâcle de l’armée française et entré dans la Résistance, Eric Schwab est l’un des premiers photographes travaillant pour l’AFP après la refondation de l’agence, en août 1944, aux côtés de Meyer Lewin de la Jewish Telegraphic Agency (JTA).

Correspondant de guerre, il suit la progression des troupes alliées, devenant le témoin des horreurs découvertes au fur et à mesure de la libération des camps de la mort en Allemagne.

Avec une quête obsédante : retrouver sa mère Elsbeth, Juive allemande, dont il n’a pas de nouvelles depuis qu’elle a été déportée en 1943.

Heinrich Himmler en 1939 (AFP)

Une de ses premières photos publiées représente le portail du camp de Buchenwald, frappé d’une terrible inscription « Jedem das Seine » (A chacun ce qu’il mérite).

Quelques jours auparavant, Heinrich Himmler a donné l’ordre de liquider le camp. Les brasiers sont encore fumants et le site est parsemé de prisonniers décharnés exécutés d’une balle dans la tête.

A Dachau, Schwab réalise des portraits qui disent toute la souffrance des déportés. Un prisonnier tend son bras, montrant le matricule gravé dans sa chair. Un homme en veste rayée parle à travers une palissade trouée avec une femme détenue au bordel du camp.

L’espoir est aussi présent, comme sur les visages de ce groupe de Français assistant au lever du drapeau tricolore, arborant la croix de Lorraine. Ou ces prêtres polonais, allemands et français, détenus dans le camp, qui célèbrent une messe dans la chapelle.

Train de la mort à Dachau (Crédit : Eric Schwab)

Ce n’est qu’à Theresienstadt (aujourd’hui Terezin, en République tchèque), dans une région en plein chaos où la population s’enfuit devant l’avancée des troupes soviétiques pour passer en zone contrôlée par les Américains, qu’Eric Schwab réalise le rêve fou qu’il poursuivait : il y découvre en mai 1945 une femme frêle, aux cheveux blancs, portant un bonnet d’infirmière.

C’est sa mère, alors âgée de 56 ans, qui a échappé à la mort et s’occupe des enfants survivants. Des retrouvailles d’une telle émotion que, par pudeur, il ne les a pas photographiées. Ou, s’il l’a fait, les clichés n’ont pas été publiés. Il s’installera avec elle à New York après la guerre.

Les témoignages visuels sur l’horreur concentrationnaire ont été largement diffusés dès 1945. Mais Eric Schwab n’a pas connu immédiatement la notoriété d’autres photographes qui ont documenté la libération des camps : comme souvent pour un photographe d’agence, ses photos étaient reproduites dans la presse, mais pas signées.

Il faudra attendre plusieurs années pour que soient reconnu son talent, notamment la qualité de ses cadrages, la force de ses portraits. Ses photos deviennent alors des icônes d’une terrible période de l’humanité. Une grande partie d’entre elles se trouve aux archives de la Bibliothèque Nationale.

Sa fille, Corinne, a été l’assistante personnelle du chanteur David Bowie.

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