3 Israéliens exigent une politique US semblable à celle contre l’apartheid en Afrique du Sud
Ces ex-responsables disent que Netanyahu "doit tirer les conséquences" des clivages actuels et demandent à l'administration Biden de soutenir l'opposition à la refonte judiciaire

Dans une lettre ouverte rédigée en anglais et publiée aux États-Unis, trois Israéliens demandent à l’administration Biden d’intervenir pour soutenir l’opposition contre la réforme judiciaire, sur le modèle de ce qui a été fait vis-à-vis de l’Afrique du Sud, du temps de l’apartheid.
Vendredi dernier, dans les colonnes de The Hill, Ami Ayalon, Gilead Sher et Orni Petruschka ont expliqué que suite à l’adoption en Israël de la première loi d’une réforme pour le moins controversée, les États-Unis – pour ne parler que d’eux – devaient « faire preuve de fermeté » pour contraindre Israël à conserver ses institutions démocratiques.
« Les Israéliens – et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en particulier – doivent tirer les conséquences de cette nouvelle orientation, qui diverge radicalement des valeurs que nous partageons avec les États-Unis. L’administration Biden devrait le dire clairement. Il devrait en être de même des membres du Congrès. Avoir une relation spéciale fondée sur des valeurs partagées suppose de réellement partager des valeurs », ont-ils écrit.
Le texte ne précise pas quelles mesures Biden pourrait utilement prendre, si ce n’est de s’abstenir de rencontrer Netanyahu. Il fait en revanche très clairement référence à la pression américaine exercée sur l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid.
« Nous nous souvenons d’une rencontre avec FW de Klerk, l’ex-dirigeant sud-africain, qui expliquait ce qui l’avait amené à en finir avec l’apartheid il y a de cela une trentaine d’années, à savoir un mélange de pressions internationales et d’insurrection interne », peut-on lire sous la plume des Israéliens.
« En dépit des différences qui existent entre les deux situations, nous craignons que cela n’arrive aussi en Israël ».
En 1986, les États-Unis ont imposé d’importantes sanctions à l’Afrique du Sud, comme l’interdiction du commerce et des nouveaux investissements. Les vols directs ont également été supprimés, ce qui a contribué encore davantage à l’isolement du pays. De Klerk mettait fin à la domination blanche en 1991.

« Les amis d’Israël doivent comprendre que Netanyahu ment aux médias étrangers en disant que sa réforme se fera par le consensus ; la réalité, ici, en Israël est que le coup d’État judiciaire avance à grands pas, comme l’illustre le vote de cette semaine ».
Ayalon a été chef de la Marine israélienne et plus tard de l’agence de sécurité du Shin Bet, et Sher, négociateur pour l’ex-Premier ministre Ehud Barak. Petruschka est un ex-pilote de l’armée de l’air israélienne doublé d’un entrepreneur. Tous trois sont affiliés au mouvement de protestation anti-gouvernemental.
En dépit des manifestations de masse répétées, de l’opposition véhémente de hauts responsables du monde de la justice, de la sécurité, de l’économie et des pouvoirs publics, des mises en garde des alliés, au premier rang desquels les États-Unis et des milliers de réservistes menaçant de ne plus répondre à l’appel, les députés ont adopté la semaine dernière, par 64 voix pour – celles de la coalition -, la loi privant le pouvoir judiciaire de la faculté d’invalider les décisions du pouvoir exécutif jugées « déraisonnables ». L’ensemble de l’opposition, forte de 56 membres, a boycotté le scrutin.
L’administration Biden a exprimé à plusieurs reprises son opposition à ces mesures, appelant le gouvernement à ne pas voter avant d’être parvenu à une forme de consensus.
Netanyahu a répondu aux critiques dans une interview, dimanche, à Fox News, comme il l’a fait ces derniers jours avec nombre de médias étrangers alors qu’il boycotte la presse israélienne grand public.
Il y a notamment déclaré qu’au cours des 16 années au pouvoir : « Je n’ai jamais commenté ce qui se passait chez les autres », ajoutant « Tout le monde a une opinion sur Israël ».
Il a ajouté qu’il ne se laisserait pas influencer par les pressions internationales.
« Nous prendrons nos propres décisions. Dans les États souverains, les démocraties souveraines, les élus du peuple prennent les décisions et c’est ainsi que cela se passera en Israël ».
Il a par ailleurs de nouveau affirmé que la réforme aurait pour effet de renforcer la démocratie israélienne en rétablissant un équilibre entre les différents pouvoirs.