Israël en guerre - Jour 495

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335 milans noirs et aigles royaux retrouvés morts empoisonnés dans le Neguev

La disparition soudaine de centaines d’oiseaux près du moshav Patish semble due à un pesticide autorisé ; l’INPA accuse l’État de négligence face aux abus répétés

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Les carcasses de 335 milans noirs, victimes d’un empoisonnement massif, qui aurait été causé par le lessivage d'un pesticide approuvé, accumulé dans les flaques d'eau formées par l'irrigation, près du Moshav Patish, dans le sud d'Israël, le 1er février 2025. (Crédit : Autorité israélienne de la nature et des parcs)
Les carcasses de 335 milans noirs, victimes d’un empoisonnement massif, qui aurait été causé par le lessivage d'un pesticide approuvé, accumulé dans les flaques d'eau formées par l'irrigation, près du Moshav Patish, dans le sud d'Israël, le 1er février 2025. (Crédit : Autorité israélienne de la nature et des parcs)

Les gardes forestiers de l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) ont annoncé dimanche la découverte de centaines d’oiseaux sauvages morts dans le sud d’Israël au cours du week-end, dont de nombreuses espèces rares et menacées, qui auraient succombé après avoir bu de l’eau vraisemblablement contaminée par un pesticide.

Les gardes forestiers ont ainsi récupéré les carcasses de 335 milans noirs, d’un grand aigle tacheté, d’un vanneau et d’une corneille grise. Les dépouilles, retrouvées près du moshav Patish, ont été envoyées pour autopsie. Les résultats sont attendus sous 24 à 48 heures.

D’ici là, il reste impossible de déterminer si l’utilisation du pesticide était autorisée en Israël et, le cas échéant, si elle a été conforme à la réglementation. Les autorités ont toutefois rappelé que l’abus de pesticides, y compris ceux légalement approuvés, constituait un problème récurrent.

Le professeur Dror Hablana, nouveau responsable scientifique de l’INPA, a alerté sur le fait que cette tragédie ne représentait que « la partie émergée de l’iceberg », le produit chimique suspecté étant toxique pour de nombreuses espèces et persistant longtemps dans l’environnement.

Même si son usage s’avérait conforme aux règles, il a dénoncé le laxisme de l’État face aux abus liés aux pesticides, qui résultent de négligence ou d’intention délibérée. Selon lui, sans une coopération entre le ministère de l’Environnement et le service de protection des plantes du ministère de l’Agriculture pour encadrer l’utilisation des toxines agricoles, les efforts de l’Autorité de la nature et des parcs pour protéger la faune israélienne, et en particulier les oiseaux de proie, resteront vains.

L’Autorité investit en effet des ressources considérables dans la préservation et l’élevage des rapaces, notamment le vautour fauve, fréquemment victime d’empoisonnements chimiques. Dans ce contexte, certains agriculteurs empoisonnent des carcasses de vaches afin d’éloigner les loups et autres chiens sauvages de leurs troupeaux, mettant ainsi en péril de nombreuses espèces protégées.

Le grand aigle tacheté retrouvé empoisonné aux côtés de 335 milans noirs, d’un vanneau et d’une corneille grise près de Moshav Patish, dans le sud d’Israël, le 1er février 2025. (Crédit : Autorité israélienne de la nature et des parcs)

Le prédécesseur de Dror Hablana, Yehoshua Shkedy, avait, à maintes reprises, tenté d’alerter sur l’urgence d’une réglementation plus stricte, en vain.

En 2021, il avait plaidé pour une réduction de l’usage des pesticides et des engrais toxiques, ainsi que pour un encadrement plus strict de leur vente. Il appelait également à l’adoption d’une loi permettant l’arrestation des personnes soupçonnées d’avoir empoisonné des animaux sauvages. Actuellement, ces substances restent librement accessibles, et les suspects ne peuvent être poursuivis qu’en cas de flagrant délit.

Bien que les milans noirs soient nombreux à l’échelle mondiale, ils ont disparu de la région depuis le début des années 2000. Toutefois, certains continuent à y hiverner ou à traverser Israël lors de leur migration.

Les aigles royaux, également des visiteurs saisonniers, sont quant à eux classés comme vulnérables à l’échelle mondiale.

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