A Bruxelles, on paie les conséquences du retour d’un djihadiste syrien
Si les premiers rapports concernant l'endoctrinement syrien de Mehdi Nemmouche sont corrects, les meurtres du Musée juif sont « un signe du futur »
L’arrestation de Mehdi Nemmouche vendredi, qui aurait assassiné trois personnes et laissé une autre en état de mort cérébrale au Musée juif de Bruxelles, marque une première.
En effet, c’est la première fois qu’un ancien combattant du djihad syrien revient dans un pays occidental et met en œuvre l’idéologie extrémiste de cette lutte.
Mais selon un ancien officier du renseignement israélien qui a beaucoup écrit sur les répercussions l’influence du djihad dans la guerre en Syrie, ce ne sera pas la dernière fois.
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« En supposant que les rapports initiaux sont corrects, ce n’est pas une surprise », a déclaré le colonel (res.) Reuven Erlich, le directeur du Centre d’informations sur les Renseignements et le Terrorisme Meir Amit. « Je vois cela comme un signe du futur. C’est un phénomène qui va continuer et augmenter ».
Nemmouche, soupçonné d’avoir tué deux Israéliens et une française au musée et blessé mortellement un employé du musée qui est toujours hospitalisé, a été arrêté vendredi par les douanes françaises lorsqu’il descendait d’un car avec lequel il a voyagé de Bruxelles à Marseille via Amsterdam.
Il avait sur lui un fusil d’assaut Kalachnikov similaire à celui utilisé lors des meurtres de Bruxelles et une caméra vidéo GoPro comme celle portée par le tireur.
Les fonctionnaires des États-Unis, d’Europe et d’ailleurs ont tiré la sonnette d’alarme sur les risques possibles posés par le retour des combattants djihadistes, renforçant les efforts d’application de la loi pour sévir contre les djihadistes éventuels.
Plus tôt cette année, Erlich a publié un rapport avertissant que « les combattants étrangers de retour dans leur pays sont une bombe à retardement, qui ne peut être désamorcée que par la coopération internationale et des systèmes communs pour neutraliser leur potentiel de terroriste subversif ».
La ministre belge de l’Intérieur Joëlle Milquet, a été citée dans le rapport comme ayant participé à une réunion en décembre 2013 avec les ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, de France, de Hollande, de Suède, d’Espagne, d’Australie, du Canada et des États-Unis afin de discuter de « leur influence sur leur pays d’origine à leur retour ».
Erlich et les autres chercheurs du centre, tous des vétérans de la communauté du renseignement en Israël, a estimé qu’il y avait jusqu’à 2 100 combattants occidentaux au nom du djihad en Syrie.
La Grande-Bretagne, la France et la Belgique fournissant chacun des centaines de combattants islamistes. « Les combattants étrangers dans les rangs au Front d’Al-Nosra et de l’Etat islamique [de l’Irak et la Grande Syrie] sont une menace potentielle pour la sécurité internationale », indique le rapport.
Certains vont rentrer à la maison et « poursuivre leurs activités terroristes et subversives » de leur propre initiative ; certains « peuvent être manipulés par Al-Qaïda… en exploitant les relations personnelles formées en Syrie » ; et certains, comme les anciens combattants d’Afghanistan peuvent semer la terreur à l’échelle internationale en voyageant avec un passeport occidental qui pose moins de problème.
Erlich a déclaré dans un entretien téléphonique que si les 5 000 combattants des pays arabes constituent le cœur des groupes affiliés à Al-Qaïda en Syrie, les combattants d’origine occidentale, souvent issus des deuxième et troisième générations d’immigrants de pays musulmans, sont rapidement intégrés dans les combats brutaux de la guerre civile.
Beaucoup ont moins d’un mois de formation et combattent à peu près un an et demi avant de retourner dans leurs foyers.
Les combattants européens reviennent chez eux remplis de l’idéologie islamiste, intimement familiers avec la mort et les armes de guerre, et, explique-t-il, un réseau potentiel construit autour d’autres combattants revenus dans un même pays européen.
Nemmouche, 29 ans, est de Roubaix, où le Gang de Roubaix influencé par Al-Qaïda a été créé au milieu des années 1990, a noté le chercheur principal de l’IDC Herzliya Ely Karmon.
Ce groupe terroriste a été formé par un Français converti à l’islam, Christophe Caze, un étudiant en médecine qui a voyagé en Bosnie, s’est radicalisé, et est revenu en France avec l’intention de commettre des meurtres.
Au lendemain des attaques du 24 mai à Bruxelles, Karmon a déclaré au Times of Israel qu’il avait tendance à douter que le Hezbollah soit impliqué car il était peu probable que l’Iran autorise une attaque terroriste en Europe alors que les pourparlers nucléaires avec le groupe P5+1 sont passés à la vitesse supérieure.
Il en doutait aussi parce que si le Hezbollah devait être impliqué dans coup de si grande envergure, il courait le risque d’avoir non seulement son aile militaire interdite en Europe – comme cela s’est produit à la suite de l’attaque de 2012 à Burgas – mais aussi l’ensemble de son organisation.
« Il y a en Belgique et en France, qui sont seulement à trois heures de route de l’un et l’autre, suffisamment d’éléments salafistes », a-t-il expliqué au moment des faits.
Ne voulant cependant pas se prononcer complètement contre l’implication du Hezbollah, il a déclaré dimanche que « le fait que l’homme arrêté combattait en Syrie en 2013 pourrait conduire à la possibilité qu’il ait été recruté sous un faux pavillon par le Hezbollah ».
Comme c’était le cas lors d’une opération en 2011 dans laquelle le Hezbollah aurait tenté de sous-traiter l’assassinat de l’ambassadeur saoudien aux États-Unis à un cartel de la drogue mexicain.
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