À Jaffa, Bari Weiss, pourfendeuse de la pensée unique, se vante d’être à contre-courant
La journaliste et critique du mouvement anti-Israël dans les médias américains a interviewé l'ex-députée travailliste Einat Wilf, pour laquelle le 7 octobre a révélé le vrai visage des Palestiniens
Bari Weiss, ex-rédactrice en chef du New York Times dont le combat public contre la Dame grise a fait d’elle une héroïne parmi les rangs conservateurs, a parlé de la lutte contre la pensée unique en Israël, dimanche, sur scène, lors d’un entretien avec l’ex-membre de la Knesset Einat Wilf.
Devant un parterre d’une centaine de personnes, à Jaffa, Weiss a comparé ceux qui se battent sur les réseaux sociaux pour défendre Israël contre la vague pro-palestinienne à la figure du refusenik soviétique Natan Sharansky, dont les années de prison ont fait de lui une icône du mouvement de libération des Juifs prisonniers du rideau de fer.
« La voix d’une seule personne peut faire surgir la lumière au milieu des ténèbres et changer le cours de l’histoire », a déclaré Weiss en réponse à une question sur l’activisme sur les réseaux sociaux.
Elle a expliqué que celui qu’elle qualifie de petit Sharansky, qu’elle a interviewé la semaine passée dans le cadre de ces entretiens, est ce « Juif d’1m55 qui a fait tomber l’Union soviétique ».
La venue de Weiss a été organisée par le Salon international de Tel Aviv, ONG éducative à but non lucratif destinée aux jeunes adultes, en coopération avec The Free Press, société de médias créée par Weiss en 2021 après son départ du Times.
Depuis le début de la guerre déclenchée par l’assaut brutal du Hamas, le Free Press a beaucoup publié sur l’antisémitisme de gauche aux États-Unis et régulièrement critiqué les médias grand public pour le crédit donné aux déclarations de l’organisation terroriste palestinienne, un des chevaux de bataille de Weiss.
Âgée de 39 ans, Weiss a quitté le New York Times en juillet 2020. Dans sa lettre de démission, publiée par la suite sur les réseaux sociaux, elle déclarait que ses collègues l’avaient traitée de « raciste » et même de « nazie » parce qu’elle n’approuvait pas ce qu’elle percevait comme un gauchisme excessif et reprochait à son équipe d’accorder davantage de crédit aux réseaux sociaux qu’à l’éthique journalistique, ce qui avait débouché sur un « environnement de travail hostile » pour toute personne en marge de « l’orthodoxie » progressiste.
« Les gens préfèrent être socialement acceptés et être là où il faut plutôt que de faire ce qu’il faut », a déclaré Weiss dimanche. « Mais la vérité et le courage l’emportent toujours. »
Wilf a abondé dans son sens, disant que la « dynamique implacable d’intimidation » à l’œuvre sur les campus américains empêchait de nombreux Juifs d’afficher publiquement leurs sympathies sionistes.
Experte en politique étrangère et ex-députée travailliste, présentée par Weiss comme une « voix de tout premier plan du sionisme », Wilf a parlé de sa déception vis-à-vis de la sincérité des efforts de paix palestiniens après la Seconde Intifada. Son opinion n’a fait que se renforcer dans le sillage du massacre perpétré par l’organisation terroriste du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, a-t-elle ajouté.
Les « désirs les plus profonds » des Palestiniens sont portés par le Hamas, a soutenu Wilf, et l’attaque du 7 octobre est la « preuve empirique » des priorités palestiniennes actuelles. Ils doivent accepter le droit des Juifs à l’autodétermination avant d’envisager la paix, sinon, a-t-elle affirmé, ils donneront la priorité à l’élimination des Juifs et non à leur propre bien-être.
Weiss a qualifié cette déclaration de Wilf de « l’une des plus sombres qu’il lui ait été donné d’entendre ».
Née à Los Angeles, la journaliste a expliqué être en Israël depuis une semaine et s’être rendue dans les kibboutzim du sud les plus durement touchés lors de l’attaque brutale du Hamas contre Israël, le 7 octobre, au cours de laquelle 3 000 terroristes ont envahi le pays et tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, et fait plus de 250 otages de tous âges, en commettant des atrocités et notamment des violences sexuelles à grande échelle.
« Je n’ai jamais vu le pays ainsi », a déclaré Weiss dimanche, notant qu’elle s’était rendue en Israël plus de 15 fois. Elle a affirmé que l’image du pays avait « radicalement changé », qu’elle était « brisée » depuis le 7 octobre, rebattant les cartes des alliances d’Israël, son image de soi en tant que puissance technologique et sa perception de la nature du conflit israélo-palestinien.