Affaire 4 000 : La Cour refuse d’ôter les exemples d’ingérence présumée dans les médias
Benjamin Netanyahu est accusé d'avoir accepté un pot-de-vin sous la forme d'une couverture médiatique plus favorable bien que d'une façon générale, Walla a été hostile au Premier ministre
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
La Cour de Jérusalem a rejeté le jeudi une demande des avocats de la défense du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à supprimer de l’acte d’accusation des dizaines d’exemples d’ingérence présumée dans la couverture médiatique.
Cette demande a été formulée après que Me Amit Hadad, avocat de Netanyahu, a remis en question, lors de la déposition du Premier ministre en décembre, 141 exemples sur 315 énumérés dans l’acte d’accusation concernant une intervention ou une tentative d’intervention de Netanyahu ou de ses associés et des membres de sa famille dans la couverture du Premier ministre et de sa famille par le site web d’information Walla.
Selon l’accusation, cela faisait partie d’un accord illégal de contrepartie avec le propriétaire de Walla, Shaul Elovitch, en échange de l’approbation par Netanyahu de mesures réglementaires qui profitaient aux autres intérêts commerciaux d’Elovitch.
Le Premier ministre est accusé d’avoir accepté un pot-de-vin sous la forme d’une couverture médiatique plus favorable.
Me Hadad a souligné que dans les 141 exemples en question, l’acte d’accusation n’allègue pas que Netanyahu lui-même était impliqué dans la demande d’une meilleure couverture, ni même qu’il était au courant qu’une demande avait été faite en ce sens.
La Cour de Jérusalem a toutefois décidé d’accepter l’affirmation du procureur selon laquelle Netanyahu avait une connaissance générale et une conscience d’un cadre plus large dans lequel des demandes d’amélioration de la couverture étaient faites par des membres de sa famille et des associés à des cadres supérieurs de Walla et à Elovitch ou à son épouse.
Le tribunal a déclaré que les procureurs « n’allèguent pas une connaissance active de chaque exemple [d’intervention présumée dans la couverture médiatique] » et a ajouté que les réponses données par Netanyahu à l’acte d’accusation montraient clairement qu’il comprenait que l’accusation alléguait une connaissance générale de l’accord présumé avec Elovitch, et non une connaissance de chaque demande individuelle.
Lors du témoignage de Netanyahu, ce dernier et Me Hadad ont passé beaucoup de temps à passer en revue chacun des exemples énumérés et à soutenir que Walla n’avait pas modifié sa couverture à la suite d’une demande, ou que si une telle demande avait été faite, ce n’était que de manière très mineure, et qu’en général la couverture de Walla était très hostile au Premier ministre au cours de la période concernée.
Netanyahu est jugé dans le cadre de trois affaires de corruption. Il est accusé de fraude et d’abus de confiance dans les Affaires 1 000 et 2 000 et de corruption, de fraude et d’abus de confiance dans l’Affaire 4 000.
L’Affaire 4 000, qui est également connue sous le nom d’Affaire Bezeq-Walla, est la plus grave des dossiers touchant le Premier ministre. Ce dernier y est en effet accusé d’avoir autorisé des réglementations qui avaient bénéficié financièrement à Shaul Elovitch, actionnaire principal du géant des télécommunications Bezeq, qui avait ainsi engrangé des centaines de millions de shekels. En retour, Netanyahu avait profité, semble-t-il, d’une couverture favorable sur le site d’information Walla, dont Elovitch était également propriétaire.
Netanyahu ne cesse de clamer son innocence et d’affirmer que ces accusations ont été créées de toutes pièces dans le cadre d’un coup d’État politique mené par la police et des responsables judiciaires israéliens.