Allemagne: enquête après des propos jugés antisémites à la Berlinale
"Il est inacceptable que l'attaque terroriste du Hamas du 7 octobre n'ait pas été mentionnée", a déclaré lundi une porte-parole du gouvernement allemand
Les autorités allemandes vont ouvrir une enquête afin de déterminer comment des lauréats du festival du film de Berlin ont pu tenir des propos « inacceptables » contre Israël dans le contexte de sa guerre contre le Hamas, a déclaré lundi une porte-parole du gouvernement.
Depuis dimanche, la Berlinale est accusée de propager l’antisémitisme après des attaques de metteurs en scène contre Israël, qui ont dénoncé notamment un « génocide » dans la bande de Gaza.
Parmi eux, l’auteur de documentaires palestinien Basel Adra, qui s’est vu décerner un prix pour un film sur les expulsions de Palestiniens en Cisjordanie, a accusé Israël de « massacrer » la population palestinienne, sous les applaudissements du public.
Ils ont toutefois omis de mentionner que l’offensive israélienne avait été déclenchée par une attaque sans précédent menée en Israël le 7 octobre dernier par le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas, qui a entraîné la mort d’au moins 1 160 personnes, en majorité des civils.
« Il est inacceptable que l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre n’ait pas été mentionnée », a déclaré lundi une porte-parole du gouvernement, Christiane Hoffmann, lors d’une conférence de presse régulière.
Le chancelier Olaf Scholz estime « qu’une telle position unilatérale ne peut être tolérée, et que dans tout débat sur ce sujet, il est important de garder à l’esprit l’événement qui a déclenché cette nouvelle escalade du conflit au Moyen-Orient », a-t-elle insisté.
La ministre de la culture écologiste Claudia Roth a annoncé lundi qu’elle se pencherait sur « les incidents survenus » lors de la cérémonie, en collaboration avec le maire conservateur de Berlin Kai Wegner, tous deux se partageant la responsabilité de la Berlinale.
Interrogée sur une éventuelle remise en cause du financement public de plusieurs millions au festival, Mme Hoffmann a répondu que l’objectif actuel était de veiller à ce que de tels événements ne se reproduisent pas.
Parler de génocide signifierait que « l’armée israélienne attaque pour tuer des Palestiniens pour la simple raison qu’ils sont palestiniens », a déclaré Felix Klein, coordinateur du gouvernement chargé de la lutte contre l’antisémitisme. Or Israël se défend après l’attaque terroriste du Hamas, a-t-il ajouté au groupe de médias Funke.
Des voix se sont élevées lundi pour réviser le financement public accordé au festival.
« J’attends des responsables politiques qu’ils se positionnent clairement et qu’ils tirent les conséquences en ce qui concerne la promotion de la culture », a ainsi déclaré le président du Conseil central des juifs d’Allemagne Josef Schuster au journal populaire Bild.
« L’incitation à la haine contre Israël et les juifs lors d’événements culturels allemands est devenue d’une régularité effrayante », a-t-il ajouté.
Un scandale autour de contenus jugés antisémites avait notamment éclaté l’an passé lors de l’exposition allemande Documenta, l’un des plus grands rendez-vous internationaux d’art contemporain. Sa directrice avait fini par démissionner en juillet.
Dans le cas de la Berlinale, aucune conséquence de ce style à attendre puisque Mariette Rissenbeek et Carlo Chatrian, qui dirigeaient en duo le festival depuis 2020, vont laisser la place pour la prochaine édition à l’Américaine Tricia Tuttle.
L’Allemagne, traumatisée par les horreurs de l’Holocauste quand les nazis ont massacré 6 millions de Juifs, a été l’un des principaux soutiens d’Israël et de son droit à l’autodéfense à la suite des attentats du 7 octobre.
La Berlinale avait déclaré dimanche que les remarques des lauréats étaient « des opinions indépendantes et individuelles » qui ne reflétaient en aucun cas la position du festival, ajoutant « comprendre l’indignation » suscitée par les propos « ressentis comme trop partiaux » tenus lors de la remise des prix.