Amsterdam : Des diplômés de l’UvA rendent leur diplôme après la rupture avec l’Université hébraïque
D’anciens étudiants, dont un politicien et un ancien juge accusent l’université d'Amsterdam d'avoir cédé aux militants anti-Israël après l’occupation violente des campus

AMSTERDAM – Plus de cinquante anciens étudiants de l’Université d’Amsterdam (UvA) rendront leurs diplômes vendredi, en signe de protestation contre la décision de leur alma mater de rompre unilatéralement ses liens avec l’Université hébraïque de Jérusalem.
Le conseil d’administration de l’UvA a décidé la semaine dernière de mettre fin au programme d’échange d’étudiants avec l’université israélienne, invoquant des « préoccupations relatives à la liberté académique » et le risque que la coopération universitaire ne profite à l’armée israélienne.
Cette décision a suscité de vives critiques, y compris de la part d’un nombre croissant de politiciens néerlandais, qui accusent l’université de céder à la pression de militants anti-sionistes radicaux. En mai dernier, ceux-ci avaient occupé deux campus de l’UvA à Amsterdam. Les actes de vandalisme et les violents affrontements entre la police et les émeutiers masqués ont causé plus de 4 millions d’euros de dégâts matériels.
À l’époque, le recteur de l’UvA, Peter-Paul Verbeek, avait été fortement critiqué pour avoir accepté de négocier avec des manifestants masqués et pour ne pas avoir rejeté leur exigence de couper tous les liens avec les institutions israéliennes. L’université avait alors mis en place une commission chargée de réévaluer ses partenariats académiques internationaux.
Ce mois-ci, l’UvA a annoncé avoir accepté les recommandations de cette commission, décidant de mettre fin à sa coopération avec l’Université hébraïque, ainsi qu’avec certaines institutions hongroises. Dans le même temps, elle a choisi de maintenir sa collaboration avec le Chinese Scholarship Council, malgré les inquiétudes concernant l’obligation faite à certains doctorants chinois de partager des données sensibles avec Pékin ou de prêter allégeance au gouvernement chinois.
Des critiques ont dénoncé une politique de « deux poids, deux mesures » à l’encontre de l’État juif. Dans une déclaration annonçant leur action, les anciens étudiants ont exprimé leur « honte » face à l’attitude de leur ancienne université.

« L’UvA aurait dû prendre des mesures pour garantir la sécurité des étudiants juifs qui se sentent menacés par le caractère explicitement antisioniste des manifestations organisées à l’université », peut-on lire dans le communiqué.
« Nos diplômes ne sont plus une source de fierté », ajoutent-ils.
La restitution des diplômes aura lieu vendredi sur le campus Roeterseiland, l’un des sites évacués par la police anti-émeute l’année dernière. Les anciens étudiants remettront symboliquement leurs diplômes à la présidente du conseil d’administration, la professeure Edith Hooge.
Parmi les participants figurent des personnalités néerlandaises notables, telles que Uri Rosenthal, ancien ministre des Affaires étrangères et initiateur de la campagne, Ernst Numann, ancien vice-président de la Cour suprême des Pays-Bas, et Ronny Naftaniel, fondateur du Centre d’information et de documentation sur Israël (CIDI).

Un autre participant notoire est Keyvan Shahbazi, écrivain iranien réfugié aux Pays-Bas en 1983 après avoir été torturé par le régime islamiste de Téhéran.
Rosenthal, aujourd’hui président du Iran Free Committee, est classé comme terroriste par les autorités iraniennes en raison de son engagement. Il est fréquent de voir des Néerlandais d’origine iranienne participer aux manifestations pro-israéliennes dans le pays.
« La qualité des universités se dégrade lorsqu’elles se laissent lâchement dicter leurs politiques par des activistes professionnels souvent étrangers aux établissements eux-mêmes », conclut la déclaration des anciens étudiants.