Annihilation : Portman dans un film d’horreur de science-fiction
L'actrice israélo-américaine joue dans ce poème visuel, sur une chose mystérieuse appelée The Shimmer, conçue pour vous faire réfléchir
NEW YORK – Parfois, vous avez besoin de voir quelque chose pour comprendre que vous aviez besoin de le voir.
Désolé si cela fait un peu Midrash-y, mais « Annihilation » est précisément ce type de film.
Ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas du divertissement. En plus des moments de poésie visuelle complexes à expliquer, il y a une séquence dans laquelle Natalie Portman porte des treillis de combat et fait exploser un crocodile mutant en morceaux.
Lena (Nathalie Portman) fait partie d’une mission exploratoire dans une zone inexpliquée d’un phénomène étrange appelé The Shimmer.

Ce qui se cache à l’intérieur du Shimmer reste inconnu, mais à mesure que cette zone se développe, elle altère (détruit ?) toute vie en son sein. Finalement, le Shimmer va quitter le territoire américain et engloutir le monde entier ! Mais avant que cela puisse être interrompu, le phénomène doit être compris. Chaque groupe qui y entre (aucun signal radio ne fonctionne) n’est plus entendu – c’est-à-dire jusqu’à l’étrange retour du mari de Lena, Kane (Oscar Isaac).
Nous apprenons à travers une série de flashbacks et de flashforwards que Kane travaille avec des forces spéciales et qu’il est parti depuis environ un an. Juste au moment où Lena, une scientifique militaire à la retraite enseignant maintenant la biologie à l’Université John Hopkins, ne veut plus le revoir, il surgit. Mais il n’est pas lui-même. Sa mémoire est floue, puis il commence à cracher du sang.

Puis vous apprenez que Lena et Kane sont dans un site noir. Lena croit (ou se permet de croire) que la seule façon de sauver Kane, défaillant, est d’entrer elle-même dans le Shimmer.
A l’intérieur, la lumière, le son, l’ADN et finalement la pensée sont « réfractés », la conception visuelle est vraiment différente de tout ce que vous avez vu auparavant.
Ce ne sont pas des effets spéciaux. Ce sont des mutations de plantes et d’animaux magnifiques et pourtant terrifiantes. Une fleur peut-elle être effrayante ? Oui, une fleur peut faire peur.

Lena est le nouveau membre de l’équipage d’un groupe de scientifiques joué par Gina Rodriguez, Tessa Thompson, Tuva Novotny et Jennifer Jason Leigh, une psychologue de retour à la base. Toutes des femmes, parce que les missions précédentes étaient principalement militaires.
Je n’ai pas lu le livre, mais les discussions avec ceux qui l’ont lu et mes propres recherches, reprennent l’affirmation du scénariste et réalisateur Alex Garland selon laquelle son film et celui de Jeff VanderMeer sont deux choses très différentes.
Malgré le statut de Lena Greenhorn, son expertise concernant les cellules humaines est la clé pour comprendre les mystères du film au niveau émotionnel. La duplication et l’autodestruction sont des thèmes récurrents, sans trop en dévoiler.
Ce qui est le plus intéressant, c’est à quel point ce film laisse ses personnages prendre des longueurs d’avance sur le public.
Il y a des moments où vous ne savez vraiment pas ce que Lena pense ou fait. C’est une hérésie pour une production hollywoodienne, et c’est en partie la raison pour laquelle le studio (Paramount) a paniqué lors de la sortie du film. Il est sorti en salles aux États-Unis et en Chine seulement. Le reste du monde peut le voir sur Netflix.
C’est un peu un crime artistique, car il s’agit d’un type de film « ambitieux ». Le point culminant du film est clairement une référence à « 2001: L’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick et « Stalker » d’Andrei Tarkovsky (il y a aussi des similitudes visuelles avec le film culte « Carnival of Souls »).
Certains dans le public, ont émis des grognements. Pendant la conclusion du film. Je ne peux pas vraiment expliquer précisément ce qui se passe à chaque instant, mais j’ai une compréhension instinctive basée sur les impressions. (Les deux images les plus compliquées viennent au tout début et à la fin, et toutes les deux font environ cinq secondes.)

Plus important encore, « Annihilation » développe des réflexions et je soupçonne que plusieurs seront sujets à interprétations.
Natalie Portman est extraordinaire dans le rôle principal. Elle est courageuse à certains moments, le cœur brisé à d’autres.
« Annihilation » fait partie de « Southern Reach Trilogy » de VanderMeer, et même si le livre et le film sont très différents, on découvre dans le deuxième livre que le personnage de Lena est asiatique. (Maintenir la distance dramatique fait apparemment partie de la magie de VanderMeer.)
Alex Garland, le réalisateur a prétendu qu’il ne le savait pas lorsqu’il a proposé le rôle à Portman. Je trouve cela très douteux. Même si ce sont des « livres étranges », si le personnage est asiatique, il aurait dû choisir une actrice asiatique. C’est assez symptomatique de la caractérisation « blanche » d’Hollywood. Je ne sais pas si Portman était au courant.
Il y a tellement peu de films d’action, avec des grandes vedettes, de science-fiction/d’horreur, qui vous obligent à réfléchir. Nous devons profiter de celui-ci avant que les studios hollywoodiens ne renoncent définitivement à prendre des risques.
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