Annonçant la fin de « l’ère Netanyahu » Ehud Barak forme un nouveau parti
L'ancien Premier ministre a déploré le manque de passion au sein de Kakhol lavan et affirme que c'est la taille du bloc, et non pas du parti, qui permet de déterminer le vainqueur
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Déclarant que la carrière politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu est terminée, son prédécesseur et ancien partenaire de coalition Ehud Barak, a annoncé mercredi la création d’un nouveau parti qui se présentera aux législatives du 17 septembre afin de « mettre fin au pouvoir de Netanyahu ».
« Nous sommes ici aujourd’hui pour annoncer la création d’un nouveau parti qui oeuvrera pour réformer le pays et la société… ce n’est pas le moment de rester assis sur le bas-côté », a déclaré Barak, lors d’une conférence de presse à Tel Aviv aux côtés de ses partenaires, l’ancien chef d’état-major adjoint Yair Golan, la professeur de droit Yifat Biton et l’entrepreneur Kobi Richter.
« Netanyahu a atteint la fin [de sa carrière] », a déclaré Barak, affirmant que même les partenaires du Premier ministre en étaient conscients.
« Je te connais depuis 50 ans…c’est la fin de la route pour toi », a déclaré M. Barak s’adressant directement au Premier ministre qu’il a commandé dans les années 70 au sein d’une unité d’élite de l’armée.
« Bibi, c’est ta dernière chance de rentrer chez toi », a-t-il poursuivi, implorant le Premier ministre à ne pas faire sombrer le pays dans le « chaos » afin de « te sauver de la prison ».

Dénonçant les pratiques « corrompues » de Netanyahu, Ehud Barak a affirmé qu’Israël n’avait « jamais connu de jours aussi sombres ».
Benjamin Netanyahu, 69 ans dont 13 années au pouvoir, doit être entendu par le procureur de l’Etat pour répondre d’accusations de « corruption », « fraude » et « abus de confiance » dans trois affaires.
Barak a affirmé que Netanyahu avait appelé à des élections anticipées en avril dernier afin « de perturber les poursuites juridiques [contre lui] et de contourner la Cour suprême et les lois accordant l’immunité mais qu’il a échoué ».
Le Likud de Netanyahu a rejeté le nouveau parti d’Ehud Barak, dont le nom de cette formation sera révélée dans « deux semaines » lors de son lancement officiel, selon lui.
« Nous ne nous mêlons pas de la façon dont la gauche divise ses sièges entre Ehud Barak et [Kakhol lavan de Yaïr] Lapid et [Benny] Gantz », a déclaré le parti de droite, réagissant quasiment de la même façon à l’annonce de l’entrée de Gantz en politique.
Ancien chef d’état-major de l’armée israélienne, au mandat le plus long de l’histoire d’Israël et soldat le plus décoré du pays, Barak est devenu Premier ministre en 1999, remportant les élections face à Netanyahu.
Après sa défaite en 2001 face à Ariel Sharon, Barak a pris congé de la vie politique avant de revenir au parti travailliste en 2005. Puis Barak a été ministre de la Défense au sein du gouvernement de Netanyahu entre 2007 et 2013.

En 2011, il s’est séparé du parti travailliste et son parti, Atzmaout, a intégré la coalition de Netanyahu, malgré l’objection du parti travailliste. le parti été dissous quand Barak s’est retiré de la vie politique pour la seconde fois, en 2013.
Barak avait déjà évoqué l’idée d’un retour en politique lors de la dernière campagne électoral, mais avait finalement renoncé à cette idée après la formation du parti Kakhol lavan.
La Douzième chaîne a rapporté mercredi soir que Barak et Gantz avaient discuté d’une possible collaboration avant les dernières élections, mais Gantz avait coupé cours à ces pourparlers.
L’ancien Premier ministre a déclaré mercredi que la liste de Benny Gantz manquait de la « passion » nécessaire pour convaincre les électeurs et avait affirmait qu’il n’était pas prêt à se battre suffisamment pour vaincre Netanyahu.
« Il ne devrait pas y avoir de « quand ils tombent, nous grimpons ». Il suffit de faire ce qui est nécessaire, dans le respect de la loi, afin de gagner », a affirmé Barak.
Il a ensuite critiqué une phrase que Kakhol lavan a inlassablement répétée lors des dernières élections, à savoir que c’est le parti avec le plus grand nombre de sièges qui sera chargé de former une coalition.
« Ce n’est pas la taille du parti qui compte, mais la taille des blocs », a affirmé Barak, soulignant que le Likud et Kakhol lavan avaient tous deux obtenu 35 sièges, mais que Netanyahu a facilement réussi à obtenir le droit à former une coalition, à l’inverse de Gantz.
Yair Golan a critiqué la « campagne de délégitimation » dont est victime la gauche israélienne et a averti que face à la dissension de la société israélienne, le pays pourrait en arriver au stade où ses citoyens refusent de s’enrôler dans l’armée et se demander « pourquoi devrais-je servir un [gouvernement] corrompu ».

Richter a déclaré que le nouveau groupe s’adresserait à toutes les composantes de la société israélienne, y compris le secteur ultra-orthodoxe, insinuant que son parti éviterait d’attaquer les haredim, comme l’ont fait Yisrael Beytenu et Kakhol lavan ces derniers temps.
Biton, l’unique femme présente à cette conférence de presse, a déclaré que le parti produirait une liste paritaire.
Barak a précisé que d’ici deux ou trois semaines, le parti introduirait un programme plus détaillé et sa liste de candidats.
L’AFP a contribué à cet article.