Après l’assaut du Hamas, Trump se moque d’Israël et traite Gallant de « connard »
L’ancien chef américain a aussi attaqué Netanyahu : "Je n'oublierai jamais que Bibi nous a laissé tomber", accusant Israël de s'être désisté de l'opération visant Soleimani
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
L’ancien président américain Donald Trump s’est moqué d’Israël pour avoir échoué à anticiper l’assaut du Hamas ce week-end et pour ne pas avoir lancé d’offensive contre le Hezbollah alors que plusieurs affrontements meurtriers ont eu lieu le long de sa frontière nord.
Il s’est également livré à des attaques personnelles contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qu’il a accusé de l’avoir « laissé tomber », et contre le ministre de la Défense Yoav Gallant, qu’il a qualifié de « connard ».
Ses commentaires contrastent fortement avec le soutien inconditionnel à Israël exprimé par le président américain en exercice, Joe Biden, et ses collaborateurs, qui ont fait part de leur soutien indéfectible au pays, secoué par les massacres brutaux perpétrés par des terroristes palestiniens dans les communautés frontalières de Gaza au cours du week-end dernier.
« Si nous parlons des services de renseignement ou de ce qui a mal tourné la semaine dernière, ils doivent absolument rectifier le tir parce qu’ils se battent contre une force potentiellement très importante. Ils pourraient être en train de combattre l’Iran », a déclaré le républicain lors d’un rassemblement de campagne à West Palm Beach.
L’Iran est depuis longtemps le principal soutien du Hamas, tant en termes de financement que de fourniture d’armes, mais les responsables israéliens et américains ont déclaré qu’ils n’avaient pas encore trouvé de preuve que l’Iran était directement impliqué dans la planification ou l’entraînement de l’assaut dévastateur du Hamas samedi.
« Quand on voit des gens qui disent des choses qu’ils ne devraient pas dire, tout ce qu’ils disent est absorbé par ces gens, parce qu’ils sont vicieux et intelligents. Et ils sont vicieux, car personne n’a jamais vu le genre de scène que nous avons vue », a déclaré Trump.
« Ils ne peuvent pas jouer à des jeux », a-t-il poursuivi. « Ils doivent être plus forts. »
Whoa. Trump just attacked Israel and said that he'll "never forget" that they didn't participate in the Soleimani operation. He said Israel "let us down" and needs to "straighten it out" and called them weak, saying they should "strengthen themselves up." pic.twitter.com/pMrWLt8ojz
— MeidasTouch (@MeidasTouch) October 12, 2023
Samedi matin, des terroristes palestiniens se sont déchaînés dans le sud d’Israël, ont massacré quelque 1 300 personnes, dont une grande majorité de civils, et ont emmené au moins 100 captifs à Gaza. Quelque 3 000 personnes ont été blessées.
Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré que 1 300 personnes avaient été tuées dans l’enclave palestinienne lors des frappes de représailles israéliennes. Israël a déclaré qu’il visait les infrastructures terroristes et toutes les zones où le Hamas opère ou se cache, et que les forces israéliennes avaient tué quelque 1 500 terroristes du Hamas qui s’étaient infiltrés sur son territoire depuis samedi.
L’ancien dirigeant américain a également salué le groupe terroriste Hezbollah, qu’il a qualifié de « très intelligent », tout en qualifiant Gallant de « connard ».
« Il y a deux nuits, j’ai lu les propos de tous les responsables de la sécurité de Joe Biden qui disaient : ‘J’espère que le Hezbollah n’attaquera pas [Israël] par le nord, parce que c’est l’endroit le plus vulnérable' », a ajouté le candidat du Parti républicain à la présidence américaine.
« Je leur ai dit : ‘Une minute, le Hezbollah est très intelligent, ils sont tous très intelligents. – La presse n’aime pas que je dise cela. J’ai dit que le président Xi de la Chine – 1,4 milliard d’habitants contrôle le pays d’une main de fer. – J’ai dit ‘C’est un homme très intelligent’. Ils m’ont tué le lendemain ».
Parlant de Gallant en Israël, Trump a déclaré qu’un « ministre de la Défense nationale ou quelqu’un d’autre a dit : ‘J’espère que le Hezbollah ne nous attaquera pas par le nord’, et le lendemain matin ils ont attaqué …. Si qui que ce soit écoute ce que ce connard dit, il lancera une attaque sur le nord parce qu’il a dit que c’était notre point faible ».
Outre l’assaut dans le sud, plusieurs affrontements meurtriers ont eu lieu à la frontière nord ces derniers jours, certains revendiqués par des groupes terroristes palestiniens opérant depuis le sud du Liban contrôlé par le Hezbollah, d’autres par le Hezbollah lui-même.
« Qui a déjà entendu un responsable dire à la télévision qu’il espérait que l’ennemi n’attaquerait pas dans une certaine zone, à moins qu’il ne s’agisse d’un piège. Mais si c’est un piège, vous vous tenez prêt… mais ils n’étaient pas prêts. Ils n’étaient pas prêts », a déclaré Trump.
« Dites ce que vous voulez, Israël n’était pas prêt. C’était une grande surprise. C’est une chose terrible qui s’est produite. Ils n’étaient pas prêts. Par contre si votre intention était qu’ils attaquent parce que ils ont un million de personnes armées et que vous comptez les faire exploser, alors vous faites exactement ça… mais ils ne l’ont pas fait », a-t-il ajouté.
Le bureau de Gallant a déclaré dans un communiqué que les propos de Trump étaient des « spéculations tirées par les cheveux » et que le ministre était confiant dans la capacité de l’armée à « frapper tous nos ennemis, comme elle le fait aujourd’hui contre le Hamas à Gaza ».
התרגשתם מנאום ביידן? אז קבלו את גרסת המתמודד מולו – דונלד טראמפ. בנאום הלילה.
• יש לישראל בעיית מודיעין קשה. "הם צריכים להתאפס על עצמם"
• לא אשכח איך ביבי אכזב אותי כשסירב לקחת חלק בחיסול סולימאני
• "חיזבאללה חכם מאוד".
• טראמפ קורא לשר הביטחון גלנט "הטיפש הזה" על כך… pic.twitter.com/lR3S5dfwZg
— Amichai Stein (@AmichaiStein1) October 12, 2023
Trump a tenu ces propos tout en rappelant l’assassinat en 2020 par son administration de Qassem Soleimani, chef de la Force Al-Qods, l’armée d’élite du Corps des gardiens de la révolution islamique.
Trump a réitéré son allégation selon laquelle Netanyahu s’est désisté à la dernière minute de participer activement à l’assassinat.
« Je n’oublierai jamais que Bibi Netanyahu nous a laissé tomber. C’était une chose terrible. Nous avons été très déçus, mais nous avons fait le travail nous-mêmes, et c’était d’une précision absolue, un travail magnifique », a-t-il déclaré. « Bibi a ensuite essayé de s’en attribuer le mérite. Cela ne m’a pas fait plaisir. Mais ce n’est pas grave. »
Les responsables israéliens ont nié que leur pays était supposé être impliqué dans l’assassinat, hormis dans le cadre du renseignement.
Quelques jours plus tôt, Biden avait dénoncé l’assaut du Hamas, comme étant « le mal a l’état pur », en décrivant dans un discours les détails explicites et en établissant des parallèles avec la Shoah.
« Des parents ont été massacrés, utilisant leur corps pour tenter de protéger leurs enfants ; des bébés ont été tués, des familles entières ont été massacrées ; des jeunes gens ont été massacrés alors qu’ils assistaient à une rave … des femmes ont été violées, agressées, exhibées comme des trophées », a-t-il raconté avec horreur.
« Tant de familles attendent encore de connaître le sort de leurs proches. Elles ignorent s’ils sont vivants ou morts, ou s’ils ont été pris en otage. Des bébés dans les bras de leur mère, des grands-parents en fauteuil roulant, des survivants de la Shoah enlevés et retenus en otage. »
Biden a averti les adversaires d’Israël qui tenteraient de profiter de la situation et s’impliquer dans le conflit de s’en abstenir : « Ne le faites pas », un message clair à l’Iran, ennemi de longue date, qui soutient le Hamas et le Hezbollah libanais.
Des signes de soutien des États-Unis à Israël ont été observés dans l’ensemble de l’administration : le secrétaire d’État Antony Blinken a visité Israël pour participer à des réunions jeudi, Biden a dénoncé l’antisémitisme en Amérique et l’armée américaine a envoyé un deuxième porte-avions en Méditerranée dans le cadre des efforts visant à empêcher que la guerre ne dégénère en un conflit régional plus dangereux.
Il rejoint le USS Gerald R. Ford, le porte-avions le plus avancé de la marine, et son groupe d’attaque qui sont déjà arrivés en Méditerranée orientale.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.