« Au nom de Dieu, partez », dit l’ex-Premier ministre Ehud Barak à Netanyahu
Au Telegraph, Ehud Barak a expliqué que Netanyahu était le jouet de ses partenaires d'extrême-droite et avait définitivement perdu la confiance de la population israélienne
Dans une interview accordée au journal britannique The Telegraph, l’ex-Premier ministre Ehud Barak a déclaré qu’Israël avait urgemment besoin d’élections pour ne pas « s’enliser dans la boue de Gaza pour des années ».
« Au nom de Dieu, partez », a-t-il supplié Netanyahu dans une interview publiée lundi.
« Israël ne pourra pas se déclarer vainqueur tant qu’il n’aura pas détruit les capacités guerrières et gouvernementales du Hamas. Pour gagner, le Hamas n’a lui qu’à survivre. Même si Israël tuait le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, ils survivraient quand même », a affirmé Barak.
« La seule façon de sortir de là est d’organiser immédiatement des élections », a-t-il ajouté.
L’ex-Premier ministre, qui a également été ministre de la Défense et chef d’État-major de Tsahal, a déclaré qu’Israël souffrait d’« un manque de direction claire », reprochant à Netanyahu d’avoir refusé la « demande explicite du cabinet » d’évoquer et envisager l’après-guerre à Gaza.
« Si Bibi continue de refuser les offres de sortie du conflit, nous allons nous enliser dans la boue de Gaza pour des années », a-t-il prophétisé.
Barak s’en est pris aux partenaires d’extrême droite de la coalition de Netanyahu, en disant : « Pour moi, ils sont comme les Proud Boys en Amérique. Imaginez qu’aux États-Unis, l’un d’eux soit devenu Secrétaire au Trésor et l’autre chargé de la sécurité intérieure. »
« C’est fou, mais en Israël, c’est ce qui s’est passé et Netanyahu dépend d’eux. Il est leur otage », a-t-il assuré.
« Ce n’est pas que Netanyahu soit contre la solution à deux États. Mais il s’est désormais coupé de toute possibilité d’aller de l’avant. Il ne le peut pas parce qu’il perdra ces meshugenah », a-t-il déclaré, en parlant du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir, qui se sont présentés ensemble aux élections nationales de 2022 qui ont ramené Netanyahu au pouvoir.
Barak a souligné que la cote de popularité de Netanyahu s’était effondrée dans les derniers sondages.
« Tous les sondages montrent que 80 % des gens, et même la majorité des membres de son propre parti, le tiennent responsable de cet échec. Environ la moitié d’entre eux voulaient qu’il démissionne dans les jours qui ont suivi le 7 octobre. Ce jour-là, Netanyahu a totalement perdu la confiance de la population », a déclaré Barak au Telegraph.
Barak, qui avait déjà fait partie d’une coalition avec Netanyahu en 2011, est depuis devenu très critique envers le Premier ministre et a joué un rôle important dans les manifestations contre la refonte judiciaire de 2023. Il a appelé à la désobéissance civile à plusieurs reprises, ce qui lui a valu des condamnations enflammées de la part de membres de la coalition.