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(Auto-)Censure, arrestations : le Covid-19 frappe aussi la liberté de la presse

En Chine, toute référence au nouveau coronavirus avait été censurée pendant des semaines avant que le pays reconnaisse l'ampleur de l'épidémie, selon une étude

Micros, magnéto. Illustration pour les médias. (Crédit : freepik)
Micros, magnéto. Illustration pour les médias. (Crédit : freepik)

Le coronavirus frappe aussi l’information: sous prétexte de lutter contre l’épidémie de Covid-19, de nombreux gouvernements à travers le monde empêchent les journalistes de travailler, dénoncent les défenseurs de la liberté de la presse.

En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orban a fait voter des mesures d’urgence promettant jusqu’à cinq ans de prison pour la diffusion de « fausses nouvelles » sur l’épidémie ou les mesures du gouvernement. Alors que ce sont les rares médias indépendants du pays qui font régulièrement l’objet de telles accusations.

Une journaliste britannique, qui travaillait pour le journal The Guardian en Egypte, a été forcée de quitter le pays après avoir été sanctionnée en raison d’un article sur le nouveau coronavirus jugé « de mauvaise foi ».

En Turquie, dix journalistes soupçonnés de « semer la panique et la peur » ont été interpellés ou convoqués par la police, selon Reporters sans frontières.

Au Turkménistan, le mot « coronavirus » a tout simplement été banni du vocabulaire des médias d’Etat, un « déni qui met en danger les Turkmènes les plus fragiles » et « renforce le régime autoritaire », accuse l’ONG.

RSF a mis en place un « Observatoire 19 » de la presse aux temps du coronavirus, pointant ces violences et menaces.

Le Comité pour la protection des journalistes a appelé de son côté à la libération de l’ensemble des journalistes emprisonnés dans le monde, pour qui la liberté est désormais « une question de vie ou de mort ».

« Quelques uns des foyers les plus vifs du Covid-19, comme la Chine ou l’Iran, sont des pays où les médias n’ont pu remplir leur fonction d’information des citoyens », souligne Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. « Il y a peut-être des gouvernements qui surréagissent. C’est légitime de vouloir éradiquer les rumeurs. Mais d’autres veulent bâillonner des médias qui diffusent des informations justes. Et le choc est tel, en ce moment, que ces mesures peuvent passer ».

Dans ce contexte d’urgence, censurer l’épidémie au niveau local peut priver d’autres pays d’informations vitales et d’un temps précieux.

En Chine, premier épicentre de l’épidémie, toute référence au nouveau coronavirus a été censurée pendant des semaines avant que le pays reconnaisse l’ampleur de l’épidémie, selon une étude canadienne. Des termes généraux tels que « pneumonie inconnue de Wuhan » ont été tabou sur plusieurs applications.

Et les attaques s’étendent au gré de la progression de l’épidémie.

Au Bélarus, le journaliste Sergueï Satsouk a été arrêté le 25 mars, trois jours après la publication d’un édito sur le coronavirus et quatre jours après que le président Loukachenko eut demandé aux services de renseignements de poursuivre les auteurs d’infox sur le coronavirus. Le journaliste risque sept ans de prison pour « corruption », mais n’a pas encore été inculpé.

En République démocratique du Congo, un reporter d’une chaîne de TV a été pourchassé puis renversé de sa moto par des policiers, alors qu’il tournait un reportage sur le confinement, selon RSF, qui cite d’autres cas au Sénégal et en Ouganda.

Le Premier ministre indien Narendra Modi intervient lors d’une conférence de presse conjointe avec le président américain Donald Trump au Rose Garden à la Maison Blanche le 26 juin 2017 (Crédit : AFP Photo / Nicholas Kamm)

En Inde, le gouvernement a demandé à valider en amont toute publication qui parlerait de coronavirus. La mesure a été censurée par la Cour suprême, mais le Premier ministre Narendra Modi a par ailleurs demandé aux journalistes qu’ils « luttent contre le pessimisme, la négativité, et les rumeurs », selon son site internet.

La situation est d’autant plus compliquée que les mesures de confinement compliquent le travail des journalistes. Et que la crise risque de mettre à genoux économiquement de nombreux médias, menaçant leur indépendance.

Par ailleurs, dans un flux d’informations anxiogènes, certains médias pourraient être tentés par l’autocensure, pour ne pas inquiéter leur public face à la prolifération d’informations plus ou moins vérifiées sur les réseaux sociaux et ne pas noircir le tableau.

« La seule chose qui rassure le citoyen libre, c’est qu’on lui dise la vérité », a rétorqué l’avocat français François Sureau mercredi sur France Inter. « Nous n’avons pas besoin d’être rassurés, nous avons besoin que le gouvernement se voie poser des questions, et que nous puissions juger nous-mêmes, en tant que citoyens, de la validité des réponses qu’il donne ».

Cette crise pourrait être au contraire « une occasion historique pour les gouvernements », selon Christophe Deloire de RSF, « de prendre des dispositions garantissant le pluralisme et la fiabilité de l’information (…) On savait que le chaos informationnel pouvait mettre en danger la démocratie. On sait maintenant qu’il peut mettre notre santé en danger ».

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