Israël en guerre - Jour 345

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Autour des maisons saccagées des suspects, l’incrédulité au sujet des meurtres

Les membres de la famille des deux ravisseurs présumés ont du mal à accepter les conclusions israéliennes

Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

  • Une voiture détruite à cause des pierres de la maison qui sont tombées à l'extérieur (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
    Une voiture détruite à cause des pierres de la maison qui sont tombées à l'extérieur (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
  • Le niveau supérieur d'une maison après démolition par l'armée israélienne. Illustration. (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israël)
    Le niveau supérieur d'une maison après démolition par l'armée israélienne. Illustration. (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israël)
  • Le drapeau du Hamas qui flotte au-dessus d'une maison (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
    Le drapeau du Hamas qui flotte au-dessus d'une maison (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
  • La cuisine (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
    La cuisine (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)

Hébron – Un drapeau vert du Hamas flotte dans le vent au-dessus du toit de la maison d’Amer Abou Eisheh à Hébron mardi après-midi. Il a été placé juste au-dessus d’un trou noir béant laissé par l’explosion de l’appartement du deuxième étage, mise en place par l’armée israélienne.

Amer, 32 ans, est soupçonné par Israël de l’enlèvement et du meurtre de trois adolescents israéliens le 12 juin.

L’intérieur de la maison était complètement dévasté. Un salon avec des canapés renversés. Une salle de bain jonchée de céramique brisée. Une chambre avec des vêtements épars et des armoires aux portes fracturées. Les soldats israéliens ont tout détruit en utilisant des marteaux et leurs armes personnelles, explique la famille.

Muhammad Abou Eisheh, l’oncle d’Amer, était assis pendant son repas de fin de jeûne [du Ramadan] vers 20 heures quand il a entendu à la radio que les corps de « trois soldats » avaient été découverts. L’armée israélienne était déjà en chemin vers les maisons d’Amer Abou Eisheh et de Marouane Kawasmeh, cela était annoncé. Au moment où il est arrivé à la maison de son beau-frère, l’armée israélienne l’avait déjà encerclée, empêchant les habitants de s’approcher.

« Ils ont mis 24 personnes dans une chambre en bas et ont commencé à tout casser » a-t-il expliqué. « Nous avons entendu la destruction, le bruit de verre brisé ». Plus de cent soldats sont arrivés sur les lieux, a-t-il ajouté, certains entrant dans le bâtiment et d’autres surveillant le périmètre.

Quelques heures plus tard, l’armée israélienne a fait exploser l’appartement d’Amer, provoquant l’effondrement d’une paroi, avant de se replier.

« Nous avons commencé à éteindre le feu avec de l’eau que nous ont apportée des voisins dans des seaux. Une heure et demie plus tard, un camion de pompier de la municipalité est arrivé ».

Ce n’était pas la première fois que le foyer des Abou Eisheh a été détruit par l’armée israélienne. En 1994, il a été démoli par ordre militaire israélien après que le père d’Amer, Omar, ait été soupçonné d’abriter des fugitifs du Hamas. C’était les débuts du processus d’Oslo, a rappelé un voisin, l’Autorité palestinienne avait reçu Gaza et Jéricho mais Hébron était encore entièrement sous contrôle israélien. Amer était un enfant de 14 ans à l’époque.

En novembre 2005, le frère d’Amer a été tué dans un affrontement avec les soldats de l’armée israélienne. Amer, affirme son oncle, a été placé en détention administrative pour six mois, puis relâché sans charges. Son père, Omar, a passé un total de deux ans en détention administrative, qui a été prolongée, selon la loi israélienne, tous les six mois.

Mohammad Abou Eisheh a décrit son neveu comme un homme religieux solitaire, qui fréquentait la mosquée. « C’est vrai qu’il est religieux, mais est-ce que chaque personne religieuse est un terroriste ? Je vais aussi à la mosquée et je prie ».

Amer, père de trois enfants, était propriétaire d’un atelier de métallurgie à Bethléem où il produisait des portes et des fenêtres.

« Il serait allé au travail et serait revenu le soir. La chose la plus importante dans sa vie c’était ses enfants. Quel que soit l’objet qu’ils demandaient, il l’apportait. Tout le monde l’aimait, tout ce qu’il voulait était de construire sa maison et d’y vivre ».

Amer n’a jamais refait surface depuis sa disparition dans la soirée du 12 juin, quand il a été vu la dernière fois lors d’une fête de famille. Maintenant, dit son oncle, « nous ne savons pas si Israël l’a en sa possession, si c’est lui qui a commis l’opération, je ne peux pas dire si c’est lui ou pas ».

Mais il avait des doutes sur la version israélienne des événements, et sur la recherche effrénée des 18 jours qui ont suivi.

« Nous croyons que les Juifs l’ont pris », explique-t-il au Times of Israel. « Il est impossible pour deux gars de capturer trois soldats. Les circonstances dans lesquelles les trois adolescents ont finalement été trouvés lundi dans un champ à l’extérieur de Hébron paraissent aussi invraisemblables » estime Abou Eisheh.

« Depuis 18 jours [où ils ont été tués] il n’y avait pas d’odeur ? Si un chat meurt, vous le sentez le lendemain. Ma conclusion est qu’il y a un jeu ici. Quelque chose s’est passé ici qui dépasse le peuple palestinien ».

A 800 mètres d’ici, dans la maison de Marouane Kawasmeh, le deuxième suspect, les membres de la famille étaient occupés à vider la maison de meubles cassés, de charger des portes d’armoires dans un camion de ramassage. Sur le toit, encore une fois, un drapeau vert a été fièrement apposé au-dessus d’un trou noir béant dans le mur qui s’incline dangereusement vers l’extérieur. Le petit appartement du sous-sol de Kawasmeh a été saccagé au cours de la nuit dernière.

Lorsque les trois adolescents israéliens ont été enlevés le mois dernier, les parents de Marouane étaient en pèlerinage en Arabie saoudite. Coiffeur à la trentaine, Marouane leur a demandé de ramener des instruments spéciaux de coupe de cheveux pour son entreprise. Quand il a disparu le 12 juin, il a laissé derrière lui une femme enceinte de huit mois avec son premier enfant.

« Cela prouve qu’il voulait juste travailler, gagner de l’argent. Il voulait voir son premier enfant. Il ne voulait rien faire [de violent] », a déclaré son beau-frère. « Je pense que les soldats l’ont attrapé. Nous ne savons rien, mais nous sommes sûrs que c’est un jeu ». Marouane, dit-il encore, était « normal et paisible et n’avait en lui aucune hostilité ».

Dans la cuisine dévastée, des jaunes d’oeuf cassés marquent le mur, derrière un portrait brisé de l’un des frères aînés de Marouane. Les soldats israéliens ont jeté des oeufs contre le mur maintenant tout fissuré dans un acte de mépris, ont expliqué les membres de la famille.

Le bureau du porte-parole de l’armée israélienne n’a pas répondu à une demande de clarification de date de publication.

« L’armée israélienne a des lois, elle est civilisée, pas comme nous », dit-il amèrement. « Pourquoi ont-ils fait cela ? Est-ce un moyen de se venger pour les trois qui ont été tués ? »

Musulman pieux, Marouane a fait des allées et venues dans des prisons à la fois israéliennes et palestiniennes depuis l’âge de 18 ans, a expliqué son beau-frère. « Ils ont prétendu qu’il était du Hamas mais est-ce que quelqu’un de son âge peut être un leader ? Il avait presque le même âge que les adolescents kidnappés ».

L’Autorité palestinienne, a indiqué le beau-frère, a maltraité Marouane en prison. Il a été obligé de dormir par terre sur un sol de pierre et une fois, quand sa mère est venue le voir il y a environ deux ans, elle a été humiliée par les gardes.

« Il n’y a pas de liberté d’expression ici, mais je n’ai pas peur » dit-il, osant braver l’Autorité palestinienne qui lui interdit de parler ouvertement à un journaliste.

Murad Amer, 25 ans, est militant de l’ONG « Union des jeunes contre les
implantations ». Il s’est précipité vers la maison d’Abou Eisheh lundi soir en entendant la présence de l’armée israélienne.

Pendant qu’il parlait, trois voitures passaient avec des jeunes passagers agitant des drapeaux palestiniens et du Hamas à travers leurs fenêtres ouvertes.

« Je ne crois pas que les démolitions de maisons vont détruire le Hamas », a déclaré Amer. Au contraire, il y a le soutien du public pour le Hamas à Hébron à la suite de l’agression. Pour ma part, je n’aime pas le Hamas, mais je compatis vraiment avec ces personnes dont les maisons ont été détruites. Je me tiendrai toujours avec mes compatriotes contre l’occupation, même si nous avons entre nous des désaccords ».

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