Israël en guerre - Jour 494

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Avi Hasson : il faut plus de travailleurs qualifiés pour alimenter la nation start-up

Le scientifique en chef du pays affirme que le secteur high-tech d’Israël, auparavant moteur de croissance pour l’économie, doit faire face à une ‘pénurie profonde’ d’ingénieurs et de programmeurs

Le scientifique en chef du ministère de l'Economie,  Avi Hasson. (Crédit : autorisation)
Le scientifique en chef du ministère de l'Economie, Avi Hasson. (Crédit : autorisation)

Israël doit exploiter de nouvelles ressources humaines et stimuler les cursus d’études scientifiques si le pays veut maintenir sa compétitivité en tant que nation start-ups, a déclaré le scientifique en chef du pays dans une interview fleuve, quelques mois avant qu’il ne quitte le poste qu’il a occupé ces six dernières années.

« C’est vraiment le défi numéro un pour faire avancer Israël », a expliqué Hasson au début du mois depuis son bureau de Tel Aviv.

Tandis que les financements ont été le problème majeur rencontré par les entreprises naissantes il y a vingt-cinq ans lors de la formation de l’écosystème des start-ups en Israël, aujourd’hui, avec plus de cinq milliards de dollars qui ont été investis dans des entreprises de haute-technologie israéliennes par des fonds de capital risque, l’industrie est dotée de fonds suffisants.

« L’obstacle à la croissance aujourd’hui, c’est le capital humain », a-t-il indiqué.

Une compagnie high tech qui emploie des femmes ultra-orthodoxes à  Modiin Illit, en 2009. (Crédit : Abir Sultan/Flash90)
Une compagnie high tech qui emploie des femmes ultra-orthodoxes à Modiin Illit, en 2009. (Crédit : Abir Sultan/Flash90)

Le secteur high-tech d’Israël, qui a été un moteur de croissance de l’économie, fait face à une pénurie profonde d’ingénieurs et de programmeurs alors que les étudiants semblent se détourner des cursus informatiques, mathématiques et scientifiques.

Le manque d’employés compétents est encore davantage souligné par l’élan de l’activité de ce secteur, qui a presque doublé le nombre de ses entreprises opérant localement lors de la dernière décennie.

Il y a environ 1 000 nouvelles start-ups qui sont créées chaque année dans le pays, avec des employés souvent désireux de relever le défi de la création de leur propre entreprise plutôt que d’en rejoindre une déjà existante, et des entrepreneurs dont les initiatives ont réussi et qui reviennent sur le marché avec de nouveaux objectifs.

De plus, des multinationales, comme Google, Apple, Deutsche Telecom et Bosch, ont lancé des centres de recherche et de développement en Israël, avec 278 entreprises gérant un total de 327 centres de R&D dans tout le pays. Il y avait 250 centres de ce type il y a seulement trois ans, selon les données compilées par l’IVC Research Center de Tel Aviv.

Prime Minister Benjamin Netanyahu seen drawing after attending a press conference launching 'Campus TLV' a technology hub for Israeli start-ups, entrepreneurs and developers at Google's new offices on Monday, December 10, 2012 (photo credit: Kobi Gideon/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’issue d’une conférence de presse lors du lancement de ‘Campus TLV’, un hub technologique pour les start-ups, les entrepreneurs et les développeurs israéliens dans les nouveaux bureaux de Google le lundi 10 décembre 2012 (Crédit: Kobi Gideon/Flash90)

A son poste de scientifique en chef, à la tête de l’Autorité de l’innovation au sein du ministère de l’Economie et de l’Industrie, Hasson, âgé de 46 ans, qui a servi dans l’unité technologique d’élite 8200 de Tsahal, a eu la charge d’un budget gouvernemental annuel s’élevant à deux milliards de shekels (515 millions de dollars), donnant son avis sur les initiatives, les investissements à réaliser dans les centres de recherche et développement civils et élaborant également les politiques gouvernementales, de l’imposition des multinationales à la détermination des entreprises susceptibles d’obtenir des subventions gouvernementales.

Dans le prochain budget pour 2017-2018, l’Autorité de l’innovation recevra un budget particulier pour gérer la question des ressources humaines, a-t-il indiqué. « La bonne nouvelle, c’est qu’il y a une prise de conscience concernant le problème de main d’œuvre et qu’un effort gouvernemental est mené pour régler la question ».

Hasson a dit qu’il existait des plans d’action multiples déjà mis en place pour atteindre les populations inexploitées, comme les communautés arabes ou ultra-orthodoxes qui ont été laissées en marge de l’économie des start-ups.

« Les communautés arabes représentent 21 % de la population, mais seulement 3 % des employés de l’industrie des hautes technologies. Il y a encore de l’espace pour accroître cela », a-t-il expliqué.

La bonne nouvelle, c’est qu’un plus grand nombre d’étudiants arabes entrent dans les facultés appropriées au sein des universités d’Israël, ce qui est le meilleur moyen de pénétrer dans l’écosystème high-tech israélien. « Mais il reste encore beaucoup de travail à faire », car ces jeunes doivent également affronter des obstacles culturels et de mise en réseau sur le marché du travail.

Le fossé en terme éducatif qui doit être géré avec les populations ultra-orthodoxes est bien plus important, a-t-il dit, un grand nombre de personnes, au sein de cette communauté, ne parlant même pas l’anglais. « La bonne nouvelle, c’est qu’ils savent comment étudier et il y a plus d’ouverture chez les rabbins pour leur permettre de rejoindre la main d’œuvre et les hautes technologies. »

Attirer plus de femmes dans le secteur est aussi une grande priorité pour l’Autorité de l’innovation. « Nous les perdons [les femmes] sur tous les fronts – dans les lycées, dans les universités, sur le marché du travail et dans les emplois à responsabilité… C’est inacceptable », a commenté Hasson.

« Pour des raisons purement économiques, sans prendre les considérations éthiques ou politiques en compte, nous devons augmenter l’entonnoir vers notre secteur. L’objectif est d’ajouter davantage de postulants. »

D’autres programmes visant l’amélioration du regroupement de travailleurs compétents incluent le retour d’Israéliens vivant à l’étranger dans le pays, l’encouragement des nouveaux immigrants issus du secteur high-tech à venir en Israël, l’autorisation des permis de travail et l’octroi de visas à l’intention d’une main d’œuvre et d’entrepreneurs hautement qualifiés, et la formation des chômeurs quadragénaires dans le secteur des hautes technologies.

Le gouvernement tente également d’élargir le nombre de personnes profitant du boom des hautes technologies, a-t-il ajouté. Cette industrie contribue à hauteur de 50% aux exportations israéliennes mais n’emploie que moins de 10% des travailleurs dans l’économie, a-t-il poursuivi.

Les trois équipes gagnantes du concours des Entrepreneurs du Futur, avec le scientifique  en chef Avi Hasson (deuxième rang à gauche), en mai 2014. (Crédit : Zvika Goldstein)
Les trois équipes gagnantes du concours des Entrepreneurs du Futur, avec le scientifique en chef Avi Hasson (deuxième rang à gauche), en mai 2014. (Crédit : Zvika Goldstein)

« Comment pouvons-nous prendre toutes les choses positives de la nation start-up, et comment pouvons-nous l’aider à pénétrer d’autres pans de l’économie, comme l’industrie traditionnelle, le secteur alimentaire, le plastique, l’agriculture et la sidérurgie ? » s’est –il interrogé. Cela sera « le principal point d’étude de l’Autorité de l’innovation pour les deux prochaines décennies. »

Avec plus de 1 000 nouvelles startups qui s’établissent chaque année en Israël, l’écosystème est sain, a indiqué Hasson. « L’un de moyens permettant de mesurer ce succès, ce sont les cinq milliards de dollars d’investissements en capital risque, dont 85 % ont été injectés par des investisseurs étrangers. Les plus grands noms mondiaux ont investi ici. Ils trouvent des choses qu’ils ne trouvent pas ailleurs », a-t-il dit.

Et même ainsi, un grand nombre des start-ups ouvertes sont destinées à disparaître, a-t-il estimé. « Le fait qu’un grand nombre d’entre elles échouent, c’est une caractéristique de l’écosystème de ce type d’entreprise, ce n’est pas une erreur. C’est normal si ça arrive », a-t-il expliqué.

« La tolérance à l’échec est l’un des éléments qui nous rendent unique. Les entrepreneurs échouent puis ils reviennent avec de nouvelles idées et de nouvelles initiatives. »

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