Bahreïn: En marge du sommet, un rare office redonne vie à une synagogue
Les fidèles ont chanté et écouté un discours de Torah. "C'est un moment historique", a clamé Houda Nonoo, Juive et ex-ambassadrice américaine au Bahreïn
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

MANAMA, Bahreïn — Des hommes d’affaires, des journalistes, cinq rabbins et un haut-responsable de la Maison Blanche ont assisté à un rare office du matin dans la seule synagogue officiellement déclarée du Golfe, mercredi, en marge de la conférence sur la paix qui se déroule actuellement dans ce petit royaume insulaire qui accueillait, dans le passé, une communauté juive prospère.
A la fin de l’office, qui a eu lieu en marge du sommet économique sur la paix parrainé par l’administration américaine à Manama, la capitale bahreïnie, les hommes – arborant châles de prière et phylactères – se sont mis à chanter « Am Yisrael Chai » – le peuple d’Israël vit – autour de la bimah.
Ce rare office a été organisé par un correspondant du Times of Israel avec l’aide de l’ancienne diplomate bahreïnie Houda Nonoo, qui est Juive, et avec l’approbation des autorités de Manama.
C’est le rabbin Marvin Hier du centre Simon Wiesenthal qui a dirigé les prières. Après le service, l’un des fidèles a fait un sermon au sujet de la lecture hebdomadaire de la Torah (paracha).
Les offices de prières ne sont pas réguliers à la synagogue, qui ouvre ses portes généralement une fois par an.
Parmi les fidèles présents, Jason Greenblatt, envoyé spécial pour le Moyen-Orient du président américain Donald Trump ; Le rabbin Marc Schneier, activiste pour le développement du dialogue interconfessionnel ; David Halbfinger, chef du bureau de Jérusalem du New York Times et quelques hommes d’affaires et journalistes israéliens venus assister à la conférence.
Greenblatt a publié un post sur Twitter où il a fait savoir qu’il avait prié pour sa famille et pour la paix. « C’est un exemple du futur que nous pouvons tous construire ensemble », a-t-il écrit.
https://twitter.com/jdgreenblatt45/status/1143771660476178432?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1143771660476178432&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.timesofisrael.com%2Fhosting-peace-workshop-bahrain-opens-synagogue-doors-for-rare-prayer-service%2F
« C’est le secret du peuple juif – où que vous vous trouviez dans le monde, à chaque fois que vous mettez une kippa, vous avez le sentiment d’être chez vous », a commenté le rabbin Abraham Cooper, également du centre Wiesenthal.
La synagogue de Manama avait été construite dans les années 1930. Elle avait été pillée en 1947, suite au plan de partition des Nations unies qui avait appelé à la création de deux états – Juif et Palestinien – au sein de la Palestine mandataire britannique.
Houda Nonoo, une femme juive qui a été ambassadrice américaine au Bahreïn et qui a permis l’ouverture de la synagogue mercredi, a expliqué que cette office avait suscité une grande émotion chez elle.
« Je me suis sentie très émue. C’est un moment historique. Pour la toute première fois de ma vie, j’ai vu un service de prière avec un minyan dans la synagogue », a expliqué Nonoo au Times of Israel, utilisant le terme hébreu pour désigner le quota de dix hommes nécessaires à la tenue d’un service juif entier.
La synagogue a été rénovée en 1997 et sa communauté est formée de 34 membres. Avant 1947, à son apogée, la communauté comptait 1 500 Juifs, principalement d’origine irakienne.
« J’ai été très ému par le sentiment d’union qui a réuni ces Juifs de toutes les provenances qui se sont retrouvés au sein d’une synagogue où il n’y avait pas eu de minyan depuis près de 75 ans, et qui ont chanté ensemble ‘Am yisrael Chai’, », a commenté l’homme d’affaires canadien Mayer Gniwish, qui est également rabbin.
Il n’y a pas de services réguliers au sein de la synagogue mais le Bahreïn accueille la seule communauté juive indigène dans le Golfe.
Il y a dix ans, la synagogue de Dubaï avait ouvert ses portes – seule institution mise à disposition de la communauté juive aux Emirats arabes unis – accueillant des résidents permanents et temporaires, ainsi que des fidèles venus en séjour pour des affaires ou le loisir.
L’administration Trump a lancé, mardi soir, sa conférence consacrée à la paix israélo-palestinienne à Manama, espérant parvenir à lever des milliards de dollars pour soutenir l’élan nécessaire au développement d’une économie palestinienne prospère en cas de conclusion d’un accord de paix.
La Maison Blanche n’a pas invité de responsables israéliens. Toutefois, des journalistes, des hommes d’affaires et des représentants de la société civile de l’Etat juif sont présents à Manama.