Ben Gvir moins loquace sur la question de la prière juive au mont du Temple
Le député extrémiste s'est contenté lors d'une interview de dire qu'il s'opposerait à la situation "raciste" sur le lieu saint, en tant que futur ministre de la Sécurité nationale
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Alors qu’il plaidait encore récemment (et bruyamment) pour autoriser la prière juive sur le mont du Temple, Itamar Ben Gvir, député d’extrême-droite à la Knesset, s’est montré plutôt mystérieux à ce sujet lors d’une interview dimanche.
Ben Gvir est sur le point de devenir ministre de la Sécurité nationale, un poste qui vient d’être créé spécialement pour lui. Il supervisera donc la police, autrement dit, l’instance chargée de déterminer la politique appliquée au jour le jour sur le lieu saint ultra-sensible.
Ben Gvir a ainsi évité de répondre lorsqu’il a été interrogé par la radio Kan sur son éventuel désir d’autoriser la prière juive sur le mont du Temple, une fois qu’il aura accédé à son poste.
Il s’est contenté de déclarer qu’il œuvrerait à changer la situation actuelle selon laquelle les Juifs ont l’interdiction de prier sur le site, – une situation qu’il a qualifiée de « raciste ».
Des propos qui semblent marquer un certain changement dans sa rhétorique concernant le mont du Temple, une rhétorique qu’il avait utilisée durant toute sa campagne, au cours de laquelle il avait souligné à maintes reprises la nécessité, pour les Juifs, de montrer qui étaient « les propriétaires » du lieu saint. Ben Gvir se rend lui-même très régulièrement au mont du Temple.
« Le ministre de la Sécurité nationale autorisera-t-il les Juifs à prier sur le mont du Temple ? », a demandé Kalman Liebskind, journaliste de Kan, à Ben Gvir, dimanche.
« Le ministre de la Sécurité nationale demandera des clarifications et il œuvrera à changer la politique raciste qui est actuellement en vigueur sur le mont du Temple », a répondu le député.
Asaf Liberman, aux côtés de Liebskind, a indiqué que la personne qui devrait donner des « clarifications » sur le positionnement de la police sur la question du mont du Temple serait précisément le ministre de la Sécurité nationale.
« Itamar Ben Gvir va demander des clarifications au ministre de la Sécurité nationale qui appellera Ben Gvir pour obtenir ces clarifications », a plaisanté Liberman.
Dans la mesure où les politiques appliquées sur le terrain, dans le lieu saint, ne sont pas établies par des résolutions officielles du gouvernement mais par la police déployée sur le site – parmi ces politiques, les heures de visite pour les Juifs ou ce que les pèlerins sont autorisés à faire sur le mont – le ministre responsable de la police a un pouvoir significatif dans ces prises de décision.
Ben Gvir a répété son opposition « à une politique raciste » qui restreint la prière non-musulmane, sans expliquer ce à quoi pourrait ressembler cette nouvelle politique.
Alors qu’il lui était demandé si l’autorisation de la prière juive sur le mont du Temple avait été une condition préalable pour faire intégrer sa faction Otzma Yehudit au sein du gouvernement du Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu, Ben Gvir a répondu : « Certaines choses restent seulement entre le Premier ministre et moi ».
Ces dernières années, un groupe d’activistes d’extrême-droite a fait en sorte de transformer le sujet, autrefois marginal, des visites juives sur le mont du Temple en thématique centrale dans les cercles de droite et religieux.
Bien que de très nombreux rabbins importants interdisent aux Juifs d’aller sur le mont du Temple parce qu’ils risqueraient par inadvertance de le profaner – c’est le cas notamment des chefs spirituels des deux formations ultra-orthodoxes qui devraient rejoindre le futur gouvernement, le Shas et Yahadout HaTorah – de plus en plus de rabbins apportent leur soutien à cette pratique.
Après la prise de la Vieille Ville en 1967, Moshe Dayan avait fermement interdit la prière juive sur le mont – une interdiction qui s’est lentement érodée, au fil des années, alors que les prières individuelles silencieuses et les offices occasionnels de groupe ne sont plus aujourd’hui un phénomène rare.
Les activistes du mont du Temple affirment qu’autoriser la prière musulmane tout en interdisant la prière publique juive sur le mont du Temple – le lieu le plus saint du judaïsme et le troisième sanctuaire le plus sacré de l’islam – représente une discrimination.
De l’autre côté, les opposants à la pratique estiment qu’autoriser la prière juive entraînerait des mouvements de protestation majeurs et des émeutes chez les musulmans de tout le Moyen-Orient en plus de nuire aux liens diplomatiques qui unissent Israël et la Jordanie, – le pays en charge du Waqf de Jérusalem, qui régit les lieux saints musulmans sur le site.
Il y a eu, l’année dernière, un nombre record de visites juives sur le mont du Temple.