Ben Gvir veut supprimer le droit de visite des députés aux prisonniers de sécurité
Pour le ministre de la Sécurité nationale, il est "temps d’arrêter de faire plaisir aux terroristes" et de limiter ce droit de visite à un député de chaque parti
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a annoncé dimanche son intention de revenir sur les textes autorisant les députés de la Knesset à rendre visite aux détenus terroristes ou aux prisonniers dits de sécurité.
Dans un communiqué, Ben Gvir a déclaré avoir informé le président de la Knesset, Amir Ohana, de son intention de revenir à un protocole plus ancien, aux termes duquel un seul député de chaque parti est autorisé à rendre visite aux prisonniers de sécurité.
Ces visites se dérouleraient sous « supervision ».
« Je crois que ces entretiens entre députés de la Knesset et prisonniers de sécurité profitent à ces prisonniers. Ils favorisent l’incitation à la haine et la propagande terroriste », a accusé le député d’extrême droite.
« Il est temps d’arrêter les gentillesses envers les terroristes », a déclaré le ministre nouvellement nommé, en charge de la police et de l’administration pénitentiaire.
Ben Gvir a lui-même plusieurs condamnations à son actif pour soutien à un groupe terroriste juif et incitation au racisme.
En sa qualité d’avocat, Ben Gvir a représenté plusieurs suspects juifs de terrorisme.
La semaine passée, Ben Gvir s’est rendu à la prison de haute sécurité de Nafha, récemment rénovée, pour examiner les conditions de détention des prisonniers palestiniens emprisonnés pour motifs de sécurité et vérifier qu’elles n’avaient pas été améliorées.
La règle limitant à un par parti le nombre de députés autorisés à rendre visite aux prisonniers de sécurité avait été introduite suite au scandale du député de la Liste arabe unie, Basel Ghattas, pris en flagrant délit de contrebande au profit de terroristes palestiniens dans une prison israélienne.
Ghattas a été condamné en avril 2017 et emprisonné pendant près de deux ans pour avoir abusé de ses fonctions et fait passer clandestinement des téléphones portables et des mots aux condamnés.
La police a déclaré que le député avait abusé de sa qualité de membre de la Knesset, qui lui permettait de ne pas se plier à l’obligation de la fouille corporelle.
Le ministre de la Sécurité intérieure de l’époque, Omer Barlev, dont le ministère était le précurseur de celui de Ben Gvir, et le président de la Knesset, Mickey Levy, ont modifié les protocoles sous la coalition précédente pour permettre à tous les députés de rendre visite aux prisonniers de sécurité.
Ben Gvir a déclaré que la décision allait à l’encontre de l’opinion du Shin Bet, bien qu’il n’y ait pas eu de déclaration du service de sécurité sur ce point.
Les députés utilisent les visites aux prisonniers de sécurité comme un moyen d’appeler l’attention sur les détenus en grève de la faim, en particulier ceux placés en détention administrative, sans inculpation.
La détention administrative est considérée comme un outil extrême au regard du droit international, mais Israël y recourt régulièrement contre les Palestiniens, ainsi que contre certains Israéliens juifs, détenus parfois pendant des années sans inculpation ni procès.
Les forces de l’ordre et services de sécurité israéliens l’estiment nécessaire pour lutter contre le terrorisme.
En 2021, le député Ayman Odeh, aujourd’hui chef de l’alliance radicale Hadash-Taal, et Ben Gvir en étaient venus aux mains dans un hôpital du centre d’Israël. Odeh était venu rendre visite à Miqdad Qawasmeh, membre du groupe terroriste du Hamas détenu sans inculpation qui avait entamé une grève de la faim, et Ben Gvir, protester contre le fait que Qawasmeh bénéficie de soins dans un hôpital israélien.
Ben Gvir s’était avancé en direction de la chambre de Qawasmeh et Odeh l’avait repoussé, sous les yeux de leurs assistants et du personnel de l’hôpital. Ben Gvir s’était ensuite jeté sur Odeh, mais le personnel était intervenu pour séparer les deux hommes.