Biden admet une “frustration accablante” du gouvernement israélien
Au gala de J Street, le vice-président a critiqué la “saisie de terrains et la légalisation des postes avancées”. Il a répété son engagement à la sécurité

WASHINGTON – Le vice-président américain Joe Biden a reconnu lundi une « frustration accablante » causée par le gouvernement israélien et déclaré que l’administration du Premier ministre Benjamin Netanyahu avait mené le pays dans la mauvaise direction, dans un reproche inhabituellement franc envers le plus proche allié des Etats-Unis au Moyen-Orient.
Il n’y a pas de volonté de paix parmi les dirigeants politiques israéliens et palestiniens, a déploré Biden pendant le gala annuel de J Street lundi soir. Dépeignant un tableau sombre du conflit qui devient de plus en plus insoluble, le vice-président a souligné que les Etats-Unis maintiendraient leur soutien sécuritaire à Israël via une aide militaire étendue et définie dans le renouvellement du protocole d’accord.
« Je pense fermement que les actions que le gouvernement israélien a menées ces sept dernières années, l’extension constante et systématique des implantations, la légalisation des postes avancés, la saisie de terrains, nous déplacent et, plus important, déplacent Israël dans la mauvaise direction », a déclaré Biden.
Il a dit que ses politiques menaient Israël vers une « réalité à un Etat », soit un Etat unique pour les Palestiniens et les Israéliens dans lequel les Juifs israéliens ne seraient finalement plus la majorité de la population.
« Cette réalité est dangereuse », a ajouté Biden.
« Je ne suis pas revenu de mes récentes rencontres avec le Premier ministre [Benjamin] Netanyahu ou avec le président [Mahmoud] Abbas encouragé des perspectives de paix dans un futur proche, a raconté Biden. Il n’y a pas de volonté de paix », a-t-il ajouté, affirmant que « la confiance qui est nécessaire pour la paix est brisée des deux côtés. »
Biden a cité le recours unilatéral aux organisations internationales comme la Cour Pénale Internationale (CPI) de la part des Palestiniens et les politiques d’implantation des Israéliens comme « des actions nuisibles qui ne font que nous éloigner du chemin de la paix ».
Biden a noté qu’il était « opposé aux implantations depuis plus de trente ans parce que je pense qu’elles sont contre-productives pour la sécurité », et a tiré fierté d’un échange animé sur le sujet entre lui et l’ancien Premier ministre Menachem Begin.
« Les deux parties doivent prendre leurs responsabilités pour les mesures contre-productives qui sapent la confiance dans les négociations », a prévenu Biden.
Bien que semblant désespérer de toute possibilité réelle de paix à court terme, Biden a affirmé que « notre tâche commune consiste à présent à encourager des étapes significatives pour réduire les tensions tout en reconstruisant un climat pour la paix ».
Dans un autre reproche adressé à Netanyahu et à son parti, le Likud, Biden a isolé pour lui rendre hommage Stav Shaffir, une jeune députée israélienne et critique de Netanyahu de l’aile gauche de la politique israélienne.
« Que vos opinions deviennent une fois encore l’opinion majoritaire à la Knesset », a déclaré Biden.
Mais malgré ses critiques des politiques du gouvernement Netanyahu, Biden a souligné que le soutien de son administration à Israël restait fort.
« Peu importe les désaccords politiques que nous avons avec Israël, et nous avons en ce moment des désaccords politiques, il n’a jamais été question de remettre en cause notre engagement à la sécurité d’Israël », a déclaré Biden à l’audience.
Les Etats-Unis et Israël sont actuellement en train de négocier un nouvel accord de plusieurs milliards de dollars sur 10 ans pour la fourniture d’une aide militaire, et Biden a affirmé que ce protocole d’accord renouvelé serait le plus généreux de l’histoire de l’aide américaine destinée à Israël.
« Israël n’aura pas tout ce qu’il demande, mais il aura chaque élément dont il a besoin », a-t-il déclaré, répétant un sujet de discussion qu’il avait abordé pendant la politique annuelle de l’AIPAC le mois dernier.
Dans son discours, Biden a également isolé les dirigeants palestiniens, dont Abbas, pour avoir refusé de condamner les actes terroristes spécifiques menés contre des Israéliens, pendant une vague de violence de sept mois d’attaques palestiniennes au couteau et autres. Il a déclaré qu’il ne savait pas si l’explosion d’un bus, lundi, qui a blessée 21 personnes à Jérusalem était une attaque terroriste [la police israélienne a depuis déclaré qu’il s’agissait bien d’une attaque terroriste], mais a souligné que les Etats-Unis condamnent les « lâches malavisés » qui recourent à la violence.
« Peu importe quels désaccords légitimes le peuple palestinien a avec Israël, il n’y a jamais de justification au terrorisme, a déclaré Biden. Aucun dirigeant ne devrait échouer à condamner comme des terroristes ceux qui commettent de telles brutalités. »
Parlant de l’Iran, et faisant référence à une poussée des législateurs américains belliqueux pour renouveler les sanctions contre l’Iran, Biden a également prévenu qu’ « ajouter d’autres sanctions législatives serait contre-productif à cette étape », affirmant que l’Iran utiliserait une telle action comme excuse pour se retirer de l’accord.