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Blinken : L’ Arabie saoudite, « clef de voûte » des accords d’Abraham

Washington réévaluerait ses relations avec Riyad dans le but d'étendre les partenariats régionaux pour s’opposer à l’Iran, avec une attention particulière sur les droits de l’homme

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le Secrétaire d’État américain Antony Blinken prend la parole lors d’une réunion avec le secrétaire général de l’Organisation de coopération islamique, Hissein Brahim Taha, au Département d’État à Washington, le 25 mai 2022. (Crédit : Nicholas Kamm/Pool Photo via AP)
Le Secrétaire d’État américain Antony Blinken prend la parole lors d’une réunion avec le secrétaire général de l’Organisation de coopération islamique, Hissein Brahim Taha, au Département d’État à Washington, le 25 mai 2022. (Crédit : Nicholas Kamm/Pool Photo via AP)

Le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré mercredi que l’Arabie saoudite était un « partenaire clef » pour contrer la puissance de l’Iran au Moyen-Orient et aider à étendre les accords d’Abraham, qui ont normalisé les liens entre Israël et les pays arabes.

Il a expliqué que l’administration Biden cherchait à obtenir de l’Arabie saoudite qu’elle améliore son bilan en matière de droits de l’homme, aide à résoudre la crise énergétique et normalise ses relations avec Israël.

« Quand nous sommes arrivés au pouvoir, le président Biden était déterminé à recalibrer la relation avec l’Arabie saoudite pour nous assurer qu’elle servait nos intérêts et valeurs. Elle nous permet également d’accomplir des choses très importantes », a déclaré Blinken lors d’un événement virtuel organisé par le magazine Foreign Affairs. « C’est ce que nous avons fait. »

« L’Arabie saoudite est un partenaire essentiel dans la lutte contre l’extrémisme dans la région comme dans la gestion des problèmes posés par l’Iran. J’espère également poursuivre le processus de construction de relations de qualité entre Israël et ses voisins – proches ou plus éloignés – par le soutien et l’extension des accords d’Abraham », a-t-il ajouté.

Israël cherche depuis longtemps à établir des relations avec l’Arabie saoudite. Le ministre des Affaires étrangères, Yair Lapid, a déclaré lundi qu’Israël travaillait avec les États-Unis et les pays du Golfe pour définir un processus de normalisation avec Riyad.

« Nous pensons possible de parvenir à la normalisation avec l’Arabie saoudite. C’est dans notre intérêt », a déclaré Lapid à la radio de l’armée. « Nous travaillons avec les États-Unis et les États du Golfe sur ce point. »

« Nous avons déjà dit que c’était l’étape suivante, après les accords d’Abraham. Il s’agit d’un processus long et prudent », a-t-il ajouté, faisant référence aux accords de normalisation de 2020 qu’Israël a conclus avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, avec le soutien des États-Unis. Il est possible que l’Arabie saoudite aurait en quelque sorte donné l’autorisation aux Émirats arabes unis et à Bahreïn de nouer des liens avec Israël.

Israël et l’Arabie saoudite n’ont pas de relations diplomatiques officielles, mais les liens secrets se sont améliorés ces dernières années. Le puissant prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman, considérerait Israël comme un partenaire stratégique dans la lutte contre l’influence iranienne.

Lapid a précisé que le processus de normalisation avec l’Arabie saoudite serait long, fait de petits pas, sur la base d’intérêts de sécurité communs.

« Cela ne se passera pas de la même manière que la dernière fois », a expliqué Lapid, en référence à la rapidité avec laquelle les accords de normalisation de 2020 avaient été annoncés. « Nous ne nous réveillerons pas un beau matin avec cette bonne surprise. »

Le Premier ministre Naftali Bennett et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman. (Crédit : Collage/AP)

« Il se pourrait que trois ministres des Affaires étrangères se succèdent, après moi, avant d’y parvenir, et ce sera très bien. C’est ainsi que l’on dirige un État », a conclu Lapid.

L’Arabie saoudite a longtemps dit souhaiter une solution au conflit israélo-palestinien comme préalable à la normalisation de ses relations avec l’État juif.

Selon une information publiée dimanche par le quotidien économique Globes, les propos de Lapid suivent de peu le déplacement en Arabie saoudite de dizaines d’hommes d’affaires et entrepreneurs israéliens du domaine des nouvelles technologies pour des pourparlers consacrés aux investissements saoudiens dans des entreprises et fonds d’investissement israéliens.

La semaine dernière, deux hauts responsables américains se seraient rendus en Arabie saoudite pour des pourparlers secrets sur un accord susceptible de renforcer les liens de Washington et Riyad, tout en rapprochant le royaume de la normalisation avec Israël.

Selon le site d’information Axios, le déplacement aurait eu vocation à finaliser un accord sur le transfert des îles de Tiran et Sanafir, situées en mer Rouge, de l’Égypte à l’Arabie saoudite.

Ces îles figurent en bonne place dans l’accord de paix israélo-égyptien de 1979 et leur transfert sous contrôle saoudien requiert un certain soutien israélien. Les États-Unis et Israël en profiteraient pour amener Riyad à faire une série de petits pas vers une normalisation complète de ses relations avec Jérusalem.

Axios croit savoir que l’un de ces pas permettrait à Israël d’emprunter l’espace aérien saoudien pour l’ensemble des liaisons – et pas uniquement les vols à destination des pays du Golfe – et de mettre en place des vols directs entre Israël et l’Arabie saoudite pour les pèlerins musulmans en partance pour La Mecque et Médine.

En outre, un haut responsable israélien a récemment été accueilli dans un palais de Riyad pour des pourparlers sur des questions de sécurité et d’autres aspects de la coordination, a indiqué la Douzième chaîne la semaine passée, sans citer de source.

Le quotidien Yedioth Ahronoth a également rapporté des réunions entre responsables des deux pays, sans apporter plus de détails.

Le président Joe Biden s’exprime depuis le bureau ovale de la Maison-Blanche, le 31 mai 2022, à Washington. (Crédit : AP Photo/Evan Vucci)

Ces informations précèdent de peu la visite présumée du président américain Joe Biden au Moyen-Orient, qui devrait faire étape en Israël et en Arabie saoudite. Cela constituerait un changement radical pour le président, qui appelait par le passé à mettre le royaume au ban des nations.

L’annonce du déplacement de Biden fait suite à l’acceptation par Riyad de deux demandes américaines concernant l’augmentation de la production de pétrole et le soutien à la trêve au Yémen, pays ravagé par la guerre.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a perturbé les marchés mondiaux de l’énergie, et l’Arabie saoudite a déclaré s’apprêter à augmenter sa production de pétrole en juillet et en août.

Le New York Times, le Washington Post et CNN, citant des sources anonymes, ont déclaré que Biden effectuerait finalement un déplacement officiel en Arabie saoudite, objet de toutes les rumeurs depuis des jours.

CNN croit savoir que Biden rencontrera le prince héritier Mohammed ben Salman, accusé par les services de renseignement américains d’avoir ordonné le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi en 2018.

Le prince héritier Mohammed ben Salman a également réprimé la dissidence au sein de son royaume en multipliant les détentions (journalistes, militants…). Les défenseurs des droits de l’homme ont par ailleurs condamné l’Arabie saoudite pour de récentes exécutions de masse.

La porte-parole adjointe de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré n’avoir aucun déplacement officiel à annoncer, assurant : « Le président mettra à profit toute occasion de s’entretenir avec les dirigeants du Moyen-Orient. »

Un haut responsable de l’administration a déclaré à l’AFP que si Biden « pense dans l’intérêt des États-Unis de s’entretenir avec un dirigeant étranger, il le fera ».

Sans confirmer le déplacement, le responsable, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a déclaré qu’il ne faisait « aucun doute que des intérêts importants étaient liés à l’Arabie saoudite ».

Alors candidat à la présidence, Biden avait appelé à ce que les dirigeants saoudiens soient traités comme « les parias qu’ils sont », pour en finir avec la relation sordide du royaume ultra-conservateur avec son prédécesseur, Donald Trump.

Trump avait grandement protégé l’Arabie saoudite des conséquences de l’affaire Khashoggi. Ce résident américain, qui s’était montré très critique envers le prince héritier Mohammed ben Salman dans des articles publiées par le Washington Post, avait été attiré au consulat saoudien à Istanbul où il avait été étranglé et démembré.

Dans une interview accordée debut 2022 à The Atlantic, le prince héritier Mohammed ben Salman a répondu, à la question de savoir si Biden le comprenait : « Cela m’est égal. »

« À lui de penser aux intérêts de l’Amérique », avait-il résumé.

L’AFP a contribué à cet article.

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