Buraliste condamnée pour refus de servir une femme voilée : appel du procureur
Le procureur de la République d'Albi estimé que la sanction était trop faible et que la buraliste "ne semble pas avoir pris la mesure de la gravité des faits"
Le procureur de la République d’Albi a annoncé mardi avoir fait appel de la condamnation d’une buraliste qui avait refusé de délivrer un colis à une femme musulmane voilée, estimant que la sanction était trop faible.
Le 28 juin, le tribunal correctionnel d’Albi a condamné la commerçante à une amende de 1 000 euros pour « refus de biens ou services au profit d’une personne physique ou morale en raison d’une appartenance supposée ou non à une religion déterminée ». Elle avait refusé de délivrer un colis à une femme voilée au motif qu’elle ne pouvait pas contrôler son identité.
Le procureur d’Albi, Alain Berthomieu, a indiqué avoir fait appel et ainsi manifester son « désaccord sur la sanction prononcée ». « Je considère que c’est trop peu au regard des quatre victimes », a-t-il dit à une correspondante de l’AFP, déplorant également l’attitude de la buraliste à l’audience: « elle ne semble pas avoir pris la mesure de la gravité des faits », a ajouté le procureur.
Il avait requis trois mois de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende.
L’avocat de la buraliste, Me Simon Cohen, a également fait appel de la décision. Il avait plaidé la relaxe.
La cliente avait expliqué que son visage restait visible lorsqu’elle avait présenté sa carte d’identité pour récupérer son colis, en avril dernier. Cette convertie, âgée d’une trentaine d’années, avait accepté d’enlever son voile à l’écart des regards des hommes, ce que la commerçante avait refusé. La cliente avait alors porté plainte pour discrimination en raison de la religion.
La buraliste avait affirmé qu’elle n’avait « rien contre la religion ». « Nous avons même refusé de servir une religieuse qui refusait d’enlever son voile », avait-elle assuré. Elle avait dit avoir « peur » depuis un braquage d’un bureau de poste à proximité.
Elle a été également condamnée à verser 800 euros à chacune des quatre parties civiles au titre du préjudice moral, 800 euros de dommages-intérêts à la Licra (la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), 800 euros au Mrap (le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), et un euro au Collectif contre l’islamophobie en France.