Centre Kantor : Hausse des profanations de cimetières et de monuments juifs
Si moins d’attaques physiques ont été dénombrées, notamment en raison des confinements, la haine a davantage circulé sur Internet - la vaccination étant ramenée à la Shoah

Le Centre Kantor de l’Université de Tel Aviv a publié mercredi son rapport annuel sur l’antisémitisme à travers le monde. Selon le Dr. Moshe Kantor, président du Congrès juif européen, la « montée significative de l’extrémisme et l’augmentation généralisée des conspirations antisémites au cours de l’année dernière pourraient impacter de manière significative les communautés juives dans le monde après la pandémie ».
« 2020 a été une année de désordre social, et de profonde polarisation au niveau mondial. La pandémie a été un terreau fertile pour que l’antisémitisme, le racisme et l’extrémisme prospèrent », a-t-il déclaré.
« Au cours de l’année écoulée, des théories conspirationnistes affirmant que les Juifs, le peuple juif ou l’État d’Israël seraient derrière la pandémie, ou en profiteraient, se sont largement répandues », a-t-il ajouté. « L’accent constant mis sur le rôle des Juifs dans les événements mondiaux montre que l’antisémitisme occupe toujours une place centrale dans les théories du complot. »
Si moins d’attaques physiques ont été dénombrées, notamment en raison des confinements, la haine a davantage circulé sur Internet.
« Les jeunes ont été contraints de rester enfermés pendant une partie importante de leurs années formatrices, tout en étant exposés 24 heures sur 24 à l’antisémitisme, à la manipulation et à la désinformation en ligne », a expliqué le Dr. Kantor.
« Nous devons faire davantage pour nous engager auprès des jeunes par le biais des outils qu’ils utilisent eux-mêmes comme source d’information principale sur les réseaux sociaux et dans le monde numérique », a-t-il ajouté.

Selon le rapport, dans la plupart des pays, il y a eu en 2020 une diminution des incidents violents, des attaques contre les personnes et leurs biens ainsi que des menaces et des incendies criminels. Néanmoins, le nombre d’attaques contre des sites juifs et les biens communautaires a augmenté.
Le nombre d’incidents antisémites violents a ainsi diminué de 18,6 %, passant de 456 en 2019 à 371 en 2020.
Le nombre de blessures physiques a diminué de 37,1 %, passant de 170 en 2019 à 107 en 2020, et les dommages aux biens privés ont été réduits de 35,4 %, passant de 130 à 84 incidents.
Néanmoins, une hausse de 24,7 % a été observée en ce qui concerne les profanations de cimetières juifs et le vandalisme sur des mémoriaux de la Shoah ou d’autres monuments juifs. Les chiffres passent de 77 à 96 incidents en 2020. Le nombre de synagogues vandalisées a également augmenté de 18,9 %, passant de 53 à 63.

Alors qu’une hausse des incidents antisémites a été enregistrée en Ukraine, une baisse a été constatée en Australie, au Royaume-Uni, en France et au Canada.
« Des tendances inquiétantes persistent toutefois en Allemagne et aux États-Unis. En Allemagne, le nombre total d’incidents a augmenté. D’une part, l’opposition aux vaccins a amené à des comparaisons avec l’Holocauste et d’autre part, la profanation des monuments commémoratifs et des cimetières juifs a continué », a écrit le Centre.
« Aux États-Unis, les actes antisémites sur Internet se sont intensifiés, les théories du complot se sont répandues et ont stimulé les activités des suprémacistes blancs, notamment du groupe QAnon. La pandémie, et les mesures prises pour enrayer sa propagation ainsi que les restrictions de mouvement et les vaccins, ont mené à des comparaisons inappropriées avec les souffrances des Juifs pendant l’Holocauste. »
« L’utilisation de l’imagerie de l’Holocauste autour du coronavirus est devenue endémique », a déclaré le Dr. Kantor. « Les confinements sont comparés aux ghettos et aux camps de concentration ; les vaccins sont décrits comme des expériences médicales cruelles, et les personnes qui refusent ces vaccins prétendent être persécutées et portent parfois des étoiles jaunes. »
« La bonne nouvelle est une diminution du nombre d’incidents antisémites sur les plateformes Internet les plus populaires grâce à une plus grande vigilance et aux mesures prises par les réseaux sociaux, ainsi qu’à des législations nationales plus fortes contre la haine en ligne », a-t-il ajouté.
« Cependant, si ces actions sont bienvenues et nécessaires, elles ne mettront pas fin à la haine en ligne. Comme le montre ce nouveau rapport, la haine va simplement se déplacer plus loin, dans la clandestinité, vers d’autres plateformes, ou encore sur le ‘darknet’. »

Selon le rapport, il y a aux États-Unis une augmentation progressive des incidents violents depuis plusieurs années, atteignant 119 actes cette année. En Allemagne, alors que 2 275 (contre 1 839 en 2019) infractions pénales ont été motivées par l’antisémitisme, le nombre d’incidents violents est de 59 – le nombre le plus élevé enregistré depuis 2001. Il s’agit de vandalisme ciblé dans la plupart des incidents. En France, le chiffre est de 12 sur l’année 2020.
La majorité des incidents violents se sont produits dans des pays comptant d’importantes communautés juives : les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie, la France et l’Allemagne. Moins de 10 incidents (par pays) ont été répertoriés en 2020 dans tous les autres pays, à l’exception de l’Ukraine, qui en a connu 22.