Chef de ZAKA : Les ultra-orthodoxes « complètement désorientés » face au virus
Avec des taux d'infection élevés chez les Haredim, Yehuda Meshi-Zahav dit que la communauté se sent abandonnée par ses leaders
Le chef de l’organisation bénévole d’urgence ZAKA, qui a aidé à mettre en oeuvre les restrictions dans les communautés ultra-orthodoxes afin de réduire la propagation du coronavirus, a expliqué dimanche qu’il y avait une grande confusion, parmi les haredim, sur la pandémie, et un sentiment croissant de déception face à un leadership communautaire qui aurait échoué à leur expliquer ce qui était en train de se passer.
« Non seulement ils n’ont pas réalisé la gravité du virus, mais la communauté haredim est sous le choc. Dans un état de choc et de désorientation complets », a commenté Yehuda Meshi-Zahav, président et fondateur de la ZAKA et ancien membre de la frange radicale du monde ultra-orthodoxe.
Tandis qu’il y a « quelques petites communautés qui n’obéissent pas », environ « 95 % des haredim obéissent et les rabbins leur ont demandé d’observer les mesures », a déclaré Meshi-Zahav lors d’un entretien accordé à la radio militaire.
« Mais c’est trop tard », a-t-il averti, citant le taux d’infection élevé dans les quartiers ultra-orthodoxes.
Les autorités ont pris la décision, dimanche, de durcir la décision de la fermeture de la ville de Bnei Brak, frappée par le virus en coupant les accès de la localité du reste du pays et en renforçant les initiatives d’aide aux résidents et d’évacuation des personnes atteintes par le virus potentiellement meurtrier.
Les responsables du pays, de leur côté, songeraient à prendre des mesures similaires dans d’autres villes ayant connu des irruptions majeures de la maladie, dont un grand nombre se distingue par de fortes populations ultra-orthodoxes.
Samedi, les bénévoles de la ZAKA se sont rendus aux domiciles de plus de 60 malades du coronavirus dans tout le pays après que ces derniers n’ont pas répondu aux appels téléphoniques du ministère de la Santé leur annonçant qu’ils avaient été testés positifs à la maladie – et ce, même si les rabbins de la communauté avaient indiqué qu’il fallait répondre aux appels téléphoniques à Shabbat.
Meshi-Zahav a expliqué qu’un grand nombre de membres de la communauté avaient le sentiment d’avoir été abandonnés par leurs dirigeants, qui n’étaient pas parvenus à présenter des messages clairs sur la distanciation sociale suffisamment tôt.
« Les gens commencent à voir que ça les touche. Que ça touche leur cercle proche. Quelqu’un est touché dans presque tous les foyers », a-t-il dit. « Mais il y a encore une grande confusion et les personnes commencent à comprendre que leurs leaders n’y arrivent pas, qu’ils ne sont pas professionnels, pas opérationnels, qu’ils sont dans l’incapacité de gérer la question ».
La ville de Bnei Brak, une banlieue de Tel Aviv, est considérée comme un épicentre de la maladie avec presque autant de cas confirmés que Jérusalem (qui compte le plus grand nombre de personnes atteintes par le COVID-19, selon des données transmises la semaine dernière par le ministère de la Santé) même si la localité ne fait qu’un cinquième de la surface de la capitale.
Des milliers de résidents de Bnei Brak de plus pourraient être malades mais ils n’ont pas subi de test de dépistage.
Les ministres devraient discuter de la possibilité de déclarer, dans d’autres villes, l’état de « zone restreinte » – et notamment des localités intégrant une forte population ultra-orthodoxe.
Parmi ces dernières, Elad et l’implantation de Modiin Illit en Cisjordanie, ainsi que plusieurs quartiers Haredim de Jérusalem et de Beit Shemesh. Egalement dans le viseur des autorités, Tibériade, Ashkelon et Modiin.