Chypre envoie une délégation au Liban pour mettre fin aux traversées de migrants
Le ministre chypriote de l'Intérieur a affirmé que plusieurs responsables allaient se rendre au Liban rapidement "pour gérer le phénomène de manière efficace"

Les autorités chypriotes ont annoncé lundi qu’elles allaient envoyer une délégation au Liban afin d’aider à empêcher les migrants de quitter le pays par la mer pour rejoindre l’île méditerranéenne de Chypre, après une récente hausse des tentatives de traversée.
Le ministre chypriote de l’Intérieur, Nicos Nouris, a affirmé que plusieurs responsables allaient se rendre au Liban rapidement « pour gérer le phénomène de manière efficace ».
Nicosie craint que l’île, située à 160 kilomètres des côtes du Liban, attire de plus en plus de migrants fuyant la crise politique et économique.
Cinq bateaux, avec à leur bord plus de 150 migrants, ont été repérés ces derniers jours près des côtes chypriotes, poussant le ministère de l’Intérieur à organiser une réunion d’urgence lundi.
Beaucoup d’entre eux étaient Syriens ou Libanais. Si certains ont pu accoster sur l’île, les autorités chypriotes ont affrété un bateau pour en ramener d’autres au Liban.
Le Liban, qui compte sur son sol un million de réfugiés syriens, est frappé par une crise économique inédite et la situation s’est encore aggravée dans le pays après l’explosion meurtrière au port de Beyrouth le 4 août.
Chypre, membre de l’Union européenne, et le Liban ont un accord de « renvoi » (des migrants, NDLR) pour décourager les tentatives de traversée.
L’île méditerranéenne est le pays européen qui compte le plus grand nombre de primo-demandeurs d’asile par habitant.
Selon M. Nouris, tous les centres d’accueil sont pleins. Les inquiétudes grandissent également concernant la propagation du nouveau coronavirus.
« Nous ne pouvons plus recevoir de nouveaux migrants, tout simplement parce qu’il n’y a littéralement plus assez de structures d’accueil », a-t-il affirmé.
La semaine dernière, le ministre chypriote a demandé aux parlementaires d’accepter un amendement constitutionnel qui raccourcit la période durant laquelle les migrants peuvent faire appel du rejet de leur demande d’asile, de 75 à 15 jours.
Selon un porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés à Chypre, « toute personne qui arrive sur un bateau et cherche l’asile devrait être admise (sur le sol chypriote), au moins le temps d’examiner la demande ».
Depuis 2015 et la fermeture pour les migrants de la « route des Balkans » entre la Turquie et l’Europe, les demandes d’asile ont explosé à Chypre, passant de 2 253 en 2015 à 13 648 en 2019, selon le ministère de l’Intérieur.