Columbia University suspend Jewish Voice for Peace et Students for Justice in Palestine
L'établissement explique sa décision par l'existence de propos menaçants et d'actes d'intimidation. Le JVP et le SJP ont organisé des événements accusant Israël de « génocide » à Gaza
L’Université de Columbia a suspendu deux organisations étudiantes pro-palestiniennes – Jewish Voice for Peace et Students for Justice in Palestine – au motif qu’elles violent les règlements de l’université et propagent « un discours menaçant à des fins d’intimidation ».
La suspension court jusqu’à la fin du premier semestre, soit environ six semaines, et témoigne d’une volonté réelle de réprimer les deux organisations, au moment où tous les campus du pays ont été précipités dans le débat, l’activisme et les violences qui émaillent les échanges autour de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.
« Cette décision a été prise en raison de la violation répétée, par les deux organisations, des règlements de l’Université relatives à l’organisation d’événements sur le campus, comme cet événement non autorisé, jeudi après-midi, qui s’est tenu en dépit des avertissements et a donné lieu à des discours menaçants et intimidants », peut-on lire dans un communiqué publié vendredi par Gerald Rosberg, vice-président exécutif principal de Columbia et président de la commission sur la sécurité sur le campus.
Un porte-parole de l’organisation nationale de Jewish Voice for Peace a déclaré s’en remettre aux adhérents de la section concernée pour commenter cette décision. Columbia Students for Justice in Palestine a dit à ses abonnés sur X, anciennement Twitter, de « rester à l’écoute dans l’attente d’une déclaration officielle ».
Ces suspensions ont pour effet de priver les organisations des subventions de l’université comme du droit d’organiser des événements sur le campus. Pour être réintégrés, a déclaré Rosberg, ils devront « s’engager à se conformer aux règlements de l’Université » et rencontrer les responsables de l’Université.
Students for Justice in Palestine, dont l’organisation nationale s’est officiellement réjouie des massacres sanglants du Hamas du 7 octobre dernier en Israël, a été interdite dans les universités publiques de Floride ainsi que dans l’Université Brandeis. Il semble que ce soit la première fois qu’une université suspende Jewish Voice for Peace, organisation juive anti-sioniste.
La guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas a commencé avec l’attaque du 7 octobre dernier, lorsque 3 000 terroristes ont pris d’assaut la barrière de sécurité avant de se déchainer dans des villes, des communautés agricoles et une rave près de Gaza, tuant quelque 1 200 personnes, pour la plupart des civils, sans oublier les 240 otages.
Israël s’est promis d’éradiquer le Hamas, qui dirige la bande de Gaza depuis 2007, en lançant une opération aérienne et terrestre.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 10 800 personnes ont été tuées depuis le 7 octobre, pour la plupart des civils. Cependant, ce nombre ne peut pas être vérifié de manière indépendante et il pourrait comprendre des membres du Hamas, ainsi que des civils tués par des roquettes égarées.
À Columbia, Jewish Voice for Peace et Students for Justice in Palestine ont organisé plusieurs manifestations et actions appelant à un cessez-le-feu, accusant Israël de « génocide ». Columbia est un haut lieu de l’activisme sur la question du conflit : un étudiant israélien y a été agressé dans ce que la police a qualifié de crime de haine. Les partisans d’Israël reprochaient à l’université ce qu’ils qualifiaient de réponse tiède à l’activisme anti-Israël, et à la fin du mois dernier, le milliardaire juif Henry Swieca a démissionné du conseil d’administration de la Columbia Business School, affirmant que le campus n’était « plus sûr » pour les Juifs.
Jeudi, les deux organisations suspendues ont organisé un « die-in » devant la bibliothèque Low de l’école, et Students for Justice in Palestine a déployé une banderole avec une série de revendications que la section Jewish Voice for Peace a reprises en ligne. La dernière revendication, « Plus de double diplôme », fait manifestement référence au programme de double diplôme de premier cycle de l’école avec l’Université de Tel Aviv.
Rosberg a menacé les militants anti-Israël d’une punition formelle, mercredi, lorsqu’un groupe a organisé un sit-in de neuf heures à la Columbia School of Social Work dont Students for Justice in Palestine a fait la publicité. Selon le Columbia Spectator, le journal du campus, Rosberg a fait savoir par l’intermédiaire de représentants que les militants violaient les règlements de l’établissement et s’exposaient à des sanctions académiques. Selon le Spectator toujours, Rosberg aurait dit aux militants qu’ils « entravaient la libre-circulation des étudiants et les empêchaient de venir à la School of Social Work ».
Il a ajouté : « Je le dis très clairement : ce que vous faites, vous tous, simplement en étant ici, contrevient gravement à nos règlements. »
Des dizaines d’organisations juives nationales, universitaires et de législateurs d’État ont signé une lettre exigeant que les universités cessent de reconnaitre et de subventionner Students for Justice in Palestine suite aux événements du 7 octobre. Une semaine plus tôt, Columbia avait annoncé la formation d’un groupe de travail chargé d’identifier des stratégies de court et long terme pour lutter contre l’antisémitisme à l’université et dans ses institutions affiliées.
« En cette période particulièrement chargée pour notre campus, nous sommes fermement engagés à donner de l’espace aux organisations étudiantes pour qu’elles puissent participer aux débats, plaidoyers et manifestations », a écrit Rosberg. « Pour ce faire, il faut que tous les membres de la communauté respectent les règlements et coopèrent avec les administrateurs de l’Université, qui ont le devoir d’assurer la sécurité de tous les membres de la communauté. »