Israël en guerre - Jour 468

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Controverse autour de l’annonce d’un traitement israélien contre le cancer

L’entreprise de Ness Ziona affirme que les résultats d’essais pré-cliniques sont ‘très bons’ mais ne peut "pas se permettre" de publier ses recherches dans des revues médicales

Ilan Morad, PDG et fondateur de la start-up Biotechnologies évolution accélérée Ltd. (AEBi), à droite, avec Hanan Itzhaki, le responsable scientifique, dans leur laboratoire. (Photo personnelle)
Ilan Morad, PDG et fondateur de la start-up Biotechnologies évolution accélérée Ltd. (AEBi), à droite, avec Hanan Itzhaki, le responsable scientifique, dans leur laboratoire. (Photo personnelle)

Des spécialistes étrangers du cancer ont critiqué les affirmations d’une équipe de chercheurs israéliens qui a déclaré avoir développé un concept qui va ouvrir la voie à un traitement du cancer. Un expert américain a critiqué l’annonce comme étant probablement « une nouvelle fausse promesse dans la longue liste des fausses promesses irresponsables, et au final cruelles pour les patients atteints d’un cancer ».

Mardi, le PDG de l’entreprise derrière la recherche a déclaré au Times of Israël qu’il n’a pas publié ses recherches dans des revues médicales, comme c’est la norme, parce qu’il ne « peut pas se le permettre », mais que les résultats des essais pré-cliniques ont été « très bons ». Plusieurs experts israéliens contactés par le Times of Israël ont refusé de commenter cette affirmation, justement parce qu’ils n’avaient pas d’éléments sur ces recherches.

« Nous travaillons sur la mise au point d’un traitement complet du cancer », a déclaré Ilan Morad, PDG et fondateur de la start-up Accelerated Evolution Biotechnologies Ltd. (AEBi) basée à Ness Ziona, dans un entretien accordé au Times of Israël mardi, faisant ainsi écho aux déclarations effectuées par l’entreprise dans le Jerusalem Post plus tôt cette semaine. « Nous avons encore un long chemin à parcourir, mais au final, nous pensons que nous aurons un traitement pour tous les types de cancer avec très peu d’effets secondaires ».

Morad a ajouté que « d’ici un an environ », l’entreprise pourrait commencer à traiter des patients dans le cadre d’essais cliniques qu’elle espère pouvoir commencer si elle parvient à lever des fonds. La famille de molécules qu’elle a développée, qui sont au cœur de sa méthode de traitement, a été testée dans des essais pré-cliniques israéliens sur des cellules cancéreuses humaines et de souris, a expliqué Morad. Elles se sont révélées efficaces pour cibler des cancers courants comme le cancer du poumon, du colon, du cerveau et du cou.

Image d’un patient atteint de cancer et sa perfusion goutte à goutte. (CIPhotos, iStock par Getty Images)

Plusieurs hôpitaux et experts en Israël ont refusé de commenter les déclarations, et certains ont noté qu’ils n’avaient aucune information directe sur la recherche. A l’étranger, d’autres experts ont été plus sévères sur les déclarations des chercheurs.

Mardi, le Dr. Leonard Lichtenfeld, conseiller médical en chef pour le bureau national de l’American Cancer Society, a noté que si des scientifiques israéliens avaient travaillé « dans une démarche intéressante pour interférer avec la capacité des cellules cancéreuses à fonctionner », leur recherche n’a « apparemment pas été publiée dans la littérature scientifique où elle serait examinée, soutenue et/ou critiquée par des pairs compétents ».

« Nous avons tous l’espoir qu’un traitement contre le cancer soit mis au point rapidement. Il est certainement possible que cette démarche fonctionne », a-t-il écrit dans une publication de blog intitulée « Un traitement contre le cancer ? Pas si vite. »

« Pourtant, comme l’expérience nous l’a montré à de nombreuses reprises, le décalage entre une expérience réussie chez la souris, l’application efficace et bénéfique de concepts novateurs de laboratoire jusqu’à aider des patients atteints de cancer sur leur lit d’hôpital est en réalité un long voyage traître, rempli d’obstacles imprévus ».

« Cela prendra probablement du temps pour prouver le bénéfice de cette nouvelle approche de traitement du cancer. Et malheureusement, si l’on base sur d’autres déclarations similaires de de découvertes technologiques pour le traitement du cancer, elle a peu de chance de réussir ».

Lichtenfeld a ajouté : « Nous espérons que cette approche portera ses fruits et réussira. En même temps, nous devons toujours faire preuve de prudence car le processus pour passer d’un traitement de la souris vers celui de l’homme n’est pas toujours un chemin simple et sans complications ».

Le Dr Ben Neel, directeur du Perlmutter Cancer Center à NYU Langone Health, a déclaré au journal du New York Post que « le cancer correspond à de multiples maladies, et il est hautement improbable que cette entreprise ait trouvé un ‘traitement’ pour le cancer. C’est comme pour les infections, il n’y a pas un seul traitement ».

Il a dit que « cette annonce est probablement une nouvelle fausse promesse dans la longue liste des fausses promesses irresponsables, et au final cruelles pour les patients atteints d’un cancer ».

Publier ou… rechercher ?

Morad a déclaré que l’équipe de l’AEBi a choisi d’utiliser ses fonds limités pour faire davantage de recherche, plutôt que de publier ses recherches dans des revues médicales.

L’entreprise veut se concentrer sur « l’avancement de la recherche et le développement des peptides avec un meilleur ciblage. Cela demande beaucoup de travail et nous sommes une petite entreprise », a-t-il dit au Times of Israël. Nous ne pouvons pas nous le permettre. Publier un article demande beaucoup d’efforts et beaucoup de fonds, et nous ne pouvons pas nous le permettre ».

Il a ajouté : « Si nous étions une grande entreprise avec des fonds importants, cela serait la première chose que nous ferions. Si je dispose de 100 000 dollars, à quoi vais-je les utiliser ?, » a-t-il demandé. « Faire avancer la recherche et trouver plus et plus des peptides de ciblage, ou faire de nombreuses expériences pour écrire un article ? Que feriez-vous, si vous deviez choisir ? »

Dans le processus conventionnel de développement, les chercheurs médicaux qui font une découverte collectent leurs données et soumettent un article aux revues médicales pertinentes dans l’espoir que les comités éditoriaux de revues valideront leurs conclusions et publieront la découverte. Plus la publication est prestigieuse, plus la valeur apparente de la découverte est importante. Les chercheurs n’ont pas à payer les revues médicales compétentes pour faire publier leurs conclusions.

Une « pieuvre » armée de peptides

Le médicament que l’entreprise espère développer « sera un médicament personnalisé qui sera adapté aux cancers spécifiques de chaque patient », a déclaré Morad. « Chaque personne aura le médicament pour son cancer spécifique. »

Le traitement, que l’entreprise appelle MuTaTo (toxine à cibles multiples), est une famille de molécules armées de peptides qui ont la capacité d’interagir avec une grande variété de protéines produites par les cellules cancéreuses. Plutôt que de cibler uniquement un seul type de protéine, les molécules ont la capacité de cibler un nombre important de protéines en même temps, a déclaré Morad. « Nous créons une attaque multiple sur le cancer », a-t-il dit.

« Pensez aux tentacules d’une pieuvre, a-t-il expliqué. « Dans ce cas, la pieuvre est la molécule, et au bout de chaque tentacule, on retrouve des peptides qui interagissent avec les protéines et inhibent leur action ». Cette interaction permet aux « peptides toxiques » attachés aux nombreuses tentacules de la pieuvre de pénétrer dans la cellule cancéreuse et de la détruire de l’intérieur.

Selon Morad, les résultats d’essais pré-cliniques étaient « très bons », en montrant que les molécules ont la capacité de tuer des cellules cancéreuses, en ciblant uniquement les cellules malades et pas les autres cellules saines. « L’effet est spécifique aux cellules cancéreuses, sans affecter les autres cellules non-cancéreuses, donc les effets secondaires seront beaucoup moins importants. Le traitement aura des effets secondaires au même niveau de l’ibuprofène ou de l’aspirine ».

L’entreprise est maintenant à l’étape de déposer un brevet du concept, a-t-il dit. Jusqu’à présent, les financements provenaient d’investisseurs privés.

Morad a fondé AEBi en 2000. Auparavant, il a travaillé comme chercheur chez Peptor Ltd, une entreprise de bio-pharmaceutique basée à Rehovot qui a obtenu le feu vert en 2003 pour fusionner avec l’entreprise allemande bio-²pharmaceutique DeveloGen. D’autres membres de l’équipe comprennent Dan Aridor, le président du comité, qui a obtenu un diplôme de finance à l’école de commerce de Colombia, selon le site internet de l’entreprise.

Le troisième membre cité sur le site internet est Hanan Itzhaki, le responsable opérationnel en chef de l’entreprise. Itzhaki travaille dans l’entreprise depuis 2002. Auparavant, il travaillait chez InSight Pharmaceutique Ltd, entreprise également basée à Rehovot. Il a obtenu un place en post-doctorat auprès du département d’horticulture à l’Université Purdue dans l’Indiana et a obtenu un doctorat du département d’agriculture de l’Université hébraïque de Jérusalem.

Morad a déclaré que l’équipe cherche maintenant à faire avancer ses rechercher et à passer aux essais cliniques dès que possible.

La Food and Drug Administration a mis en place des procédures pour le développement des médicaments de la manière suivante : « Avant qu’un médicament ne soit testé sur des personnes, l’entreprise pharmaceutique doit effectuer des tests en laboratoire et sur des animaux pour évaluer comment le médicament agit, et pour déterminer si le médicament est sans danger et s’il devrait être efficace chez l’humain. Ensuite, une série de tests sur l’homme est menée pour déterminer si le médicament est sûr quand il est utilisé pour traiter une maladie et s’il offre une réel bénéfice pour la santé. »

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