Covid : le récent pic de cas graves en partie du à un changement de critères
Les médecins du plus grand hôpital d'Israël ont modifié leur approche pour classer les patients contaminés, ce qui a eu un impact sur les statistiques nationales
Un tiers de l’augmentation du nombre de patients atteints d’une forme grave de Covid-19 depuis la fin de la semaine dernière s’explique par un changement dans les critères de définition des médecins, indique l’un d’eux.
Il y a deux semaines, Israël comptait 45 patients en état grave. Jeudi, le nombre était de 65, et depuis, il est passé à 86.
Galia Rahav, du centre médical Sheba, explique qu’une partie de l’augmentation était due au fait que certains membres de son personnel se réfèrent à un seuil plus bas que celui utilisé pour classer les patients comme sérieux.
Il y a actuellement 15 patients graves à Sheba, le plus grand hôpital d’Israël, et la semaine dernière « environ la moitié d’entre eux auraient été classés comme modérés ou légers », commente Galia Rahav, la responsable des maladies infectieuses de l’hôpital, au Times of Israel.
Jacob Moran-Gilad, membre de l’équipe de gestion des épidémies en Israël et professeur à l’université Ben Gurion, se dit conscient que les changements de définition ont parfois un impact sur le nombre de patients graves déclarés.
« Chaque fois que les définitions de cas sont modifiées, cela peut avoir un impact artificiel sur le décompte », souligne-t-il.
Mme Rahav indique que les évaluations de ses médecins ont changé parce qu’elle s’est plainte qu’ils décidaient de la gravité de l’état des patients en appliquant leur propre jugement basé sur les symptômes plutôt que d’appliquer les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comme l’exige la politique de l’hôpital.
La cheffe de l’unité des maladies infectieuses souhaite que d’autres hôpitaux, qui suivent actuellement des critères disparates, fassent de même, et a demandé au ministère de la Santé de leur suggérer de le faire. Mais elle rapporte que le ministère n’avait pas fait de demande en ce sens, et d’après ses conversations avec ses pairs, les autres hôpitaux n’ont pas fait de changements.
Jacob Moran-Gilad indique qu’il n’y a pas eu de changement de politique nationale sur les définitions, et Gabriel Izbicki, médecin-chef au centre médical Shaare Zedek de Jérusalem, confirme qu’il n’y a pas eu de nouvelles directives dans son institution.
Mme Rahav a mis en garde contre le fait d’invoquer la conduite des médecins pour minimiser la gravité du pic actuel, qualifiant cette attitude de « grossière ». Elle a ajouté : « Il est faux de dire que l’augmentation est due aux définitions des médecins ».
Jacob Moran-Gilad confirme qu’il existe actuellement des différences entre les hôpitaux concernant la façon dont les patients sont classés, et que la possibilité de critères standardisés basés sur les définitions de l’OMS est « certainement quelque chose qui est en cours de discussion à l’échelle nationale ».
Il explique que la motivation n’est pas de classer plus de personnes comme étant sérieuses, mais plutôt d’avoir un ensemble de normes nationales. Si cela est conforme aux définitions internationales, cela présente divers avantages, dit-il, notamment l’amélioration de l’éligibilité aux traitements expérimentaux et aux essais de médicaments, qui exigent souvent le respect des classifications des patients de l’OMS.
Et d’ajouter : « La normalisation garantira la cohérence des données nationales, permettra la comparabilité et rationalisera également la prise en charge des patients ».