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Décès de Rose Girone, la survivante de la Shoah la plus âgée, à 113 ans

Née en Pologne, sa famille avait émigré à Hambourg ; en 1939, fuyant l'Allemagne nazie pour Shanghai, où le tricot l'a aidée à sauver sa famille avant qu'elle ne parte aux États-Unis

Rose Girone, en janvier 2025. (Crédit : Capture d'écran/Fox5)
Rose Girone, en janvier 2025. (Crédit : Capture d'écran/Fox5)

JTA — La New-Yorkaise Rose Girone, qui a fêté son 113ᵉ anniversaire le 13 janvier et qui était considérée comme la plus vieille survivante de la Shoah, est décédée lundi matin.

Selon sa fille, Reha Bennicasa, sa mort serait due à son âge avancé.

Rose, qui tenait une mercerie à Forest Hills, dans le Queens, et qui attribue à ce métier d’avoir contribué à sauver sa famille pendant la Shoah, était, de l’avis général, une personne remarquable, très appréciée dans le milieu du tricot new-yorkais. Rose n’avait pas non plus peur de parler de ses expériences pendant la guerre ; elle a témoigné auprès de la USC Shoah Foundation, du Mémorial de l’Holocauste et du Centre pour la tolérance du comté de Nassau, entre autres.

« Tout ce qui se dit sur elle reflète vraiment qui était ma mère », a expliqué Bennicasa, faisant référence à la couverture médiatique dont sa mère a fait l’objet ces dernières années.

« C’était une femme forte et résiliente. Elle tirait le meilleur parti des situations les plus difficiles. Elle était très posée, très sensée. Il n’y avait rien que je ne pouvais lui demander de résoudre, depuis mon enfance. C’était une femme formidable […] C’est comme si Dieu l’avait créée avant de briser le moule. »

Née à Janov, en Pologne, en 1912, la famille de Rose Girone s’est installée à Hambourg, en Allemagne, où elle tenait un magasin de costumes de théâtre. En 1938, Rose (née Raubvogel) a épousé Julius Mannheim dans le cadre d’un mariage arrangé ; plus tard cette année-là, le couple a déménagé à Breslau, en Allemagne (aujourd’hui Wroclaw, en Pologne), au moment même où la Nuit de Cristal a déclenché des vagues de violence contre les Juifs d’Allemagne. Mannheim a été arrêté et envoyé au camp de concentration de Buchenwald. Rose, enceinte de huit mois, a fui la ville pour se mettre à l’abri.

Rose Girone, en janvier 2025. (Crédit : Capture d’écran/Fox5)

En 1939, Rose saisit l’occasion de quitter l’Allemagne nazie : un cousin lui avait envoyé un papier qu’il dit être un visa, rédigé en chinois. Shanghai était l’un des derniers ports ouverts au monde ; Rose a alors présenté le visa aux autorités nazies et parvint à faire sortir Mannheim de Buchenwald.

« Ils ont laissé mon père sortir à condition que nous les payions et que nous quittions le pays dans les six semaines, et c’est ce que nous avons fait », avait raconté Bennicasa, aujourd’hui âgé de 86 ans, à Tanya Singer, journaliste au New York Jewish Week, en 2022.

Les conditions de vie dans la ville chinoise étaient difficiles pour les réfugiés juifs, mais Rose, qui avait appris à tricoter avec sa tante lorsqu’elle était enfant et s’était immédiatement lancée dans cette activité, a pu trouver de la laine et tricoter des vêtements pour son bébé. Très vite, un Juif viennois entreprenant a remarqué ses créations et l’a aidée à vendre son travail tout en lui apprenant le commerce.

L’argent que Rose gagnait en vendant ses créations dans un magasin haut de gamme de Shanghai subvenait aux besoins de sa famille. En 1947, lorsque la famille obtint un visa pour les États-Unis, le tricot joua à nouveau un rôle crucial dans le bien-être de la famille : chaque personne n’était autorisée à quitter la Chine qu’avec 10 dollars, mais Rose avait caché 80 dollars en espèces à l’intérieur des boutons de ses pulls tricotés à la main.

Illustration: Réfugiés juifs, à Shanghaï, durant la Deuxième Guerre mondiale. (Crédit : Capture d’écran/YouTube/ HongKongHeritage)

La famille a voyagé en bateau jusqu’à San Francisco et a fini par arriver à New York, où elle a retrouvé la mère, le frère et la grand-mère de Rose, qui avaient tous survécu à la guerre.

Rose et Mannheim finirent par divorcer. En 1968, elle rencontra Jack Girone qu’elle épousa. Ils s’installèrent ensuite à Whitestone, dans le Queens, où elle devint une enseignante de tricot très appréciée. Peu après, elle ouvrit avec un associé un magasin de tricot à Rego Park, dans le Queens, puis un deuxième à Forest Hills. Par la suite, les associés se séparèrent et Rose devint l’unique propriétaire du Rose’s Knitting Studio, sur Austin Street.

« Maman était très fière de toutes ses créations », avait raconté Bennicasa au New York Jewish Week en 2022.

« Les gens apportaient des publicités de Vogue et autres magazines et disaient qu’ils voulaient quelque chose de semblable à telle ou telle photo. Certaines avec des motifs complexes, Maman s’asseyait, les imaginait, souvent avec du papier millimétré. Elle adorait ça. »

En 1980, à l’âge de 68 ans, Rose a revendu son entreprise, mais elle n’a jamais cessé de tricoter.

Selon le Long Island Herald, après la mort de son époux, Rose a vécu seule dans son appartement de Beechhurst, dans le Queens, jusqu’à l’âge de 103 ans. Après s’être cassée la hanche il y a trois ans, Rose a déménagé dans le centre de soins et de rééducation de Belair, à North Bellmore, près de New York, où elle a été rejointe par sa fille Gina.

Comme Rose l’a dit au Long Island Herald le jour de son 113ᵉ anniversaire, « le secret d’une vie longue et saine est simple : vivre chaque jour avec un but, avoir des enfants extraordinaires et manger beaucoup de chocolat noir ».

« C’était une femme formidable », a déclaré Bennicasa dans les colonnes du New York Jewish Week lundi.

« Rien n’était trop difficile à ses yeux. Elle était tout simplement géniale. »

« Tant de gens pensent qu’elle était la Oma de tout le monde », a ajouté Bennicasa, en utilisant le mot allemand signifiant « grand-mère ».

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