Des centaines d’Arabes israéliens marquent les 63 ans du massacre de Kafr Qassem
Une députée de la Liste arabe unie a demandé au gouvernement d'assumer la responsabilité de l'incident au cours duquel la police des frontières a tué 49 Arabes israéliens

Des centaines de personnes ont participé à la marche annuelle et aux commémorations mardi dans la ville arabe israélienne de Kafr Qassem, pour marquer le 63e anniversaire d’un massacre au cours duquel des membres de la police des frontières ont tué des dizaines de résidents de la ville.
Les participants ont marché à travers le village de Kafr Qassem, situé près de la Cisjordanie et à 22 kilomètres de Tel Aviv, en direction d’un monument du centre de la ville qui commémore la tragédie, où plusieurs intervenants ont pris la parole.
Les participants – parmi lesquels des députés arabes – ont brandi un panneau sur lequel était écrit : « Nous n’oublierons pas. Nous ne pardonnerons pas. La plaie saigne encore ».
Le 29 octobre 1956, au premier jour de la crise de Suez, des membres de la police des frontières ont reçu l’ordre de tuer quiconque enfreignait le couvre-feu imposé à Kafr Qassem.
De nombreux résidents n’avaient pas connaissance du couvre-feu, et plus tard ce soir là, la police des frontières tua 48 hommes, femmes et enfants. Ils étaient quasiment tous originaires de Kafr Qassem, l’une des victimes était une femme enceinte.
Un tribunal a ultérieurement condamné plusieurs membres de la police des frontières. Mais leurs peines furent allégées, et ils n’ont passé que quelques années en prison.

La députée de la Liste arabe unie Aida Touma-Sliman, qui a participé à la marche, a de nouveau appelé le gouvernement à prendre ses responsabilités pour ce massacre.
« Soixante-trois ans ont passé depuis le massacre de Kafr Qassem, au cours duquel 49 citoyens arabes ont été abattus par la police des frontières », a tweeté la députée. « Nous continuons à demander justice pour les familles des victimes et la reconnaissance par Israël de ce massacre et de sa responsabilité. »
Les dirigeants arabes ont longtemps appelé le gouvernement à assumer officiellement sa responsabilité.
Si de nombreux députés et anciens membres du gouvernement israélien participent depuis des dizaines d’années aux commémorations, la Knesset a rejeté des propositions de loi dans le cadre desquelles l’Etat hébreu assumerait sa responsabilité.
En 2014, Reuven Rivlin est devenu le premier président en exercice à participer à une commémoration, lors de laquelle il a dénoncé le massacre.
« Le meurtre criminel qui a eu lieu dans votre village est un chapitre irrégulier et sombre de l’histoire de la coexistence entre Arabes et Juifs », avait déclaré Rivlin à l’époque. « Un crime terrible a été commis ici, des ordres illégaux surmontés d’un drapeau noir ont été donnés. Nous devons examiner ce qu’il s’est passé. Il est de notre devoir d’apprendre de cet incident difficile et d’en tirer des leçons. »